Voilà les feuilles sans sève
qui tombent sur le gazon
voilà le vent qui s'élève
et gémit dans le vallon
voilà l'errante hirondelle
qui rase du bout de l'aile
l'eau dormante des marais
voilà l'enfant des chaumières
qui glane sur les bruyères
le bois tombé des forêts
Philistins
Philistins, épiciers
Tandis que vous caressiez
Vos femmes
En songeant aux petits
Que vos grossiers appétits
Engendrent
Vous pensiez: " Ils seront
Menton rasé, ventre rond
Notaires "
Mais pour bien vous punir
Un jour vous voyez venir
Sur terre
Des enfants non voulus
Qui deviennent chevelus
Poètes…
Pour me rendre à mon bureau
Paroles et Musique: Jean Boyer 1980
autres interprètes: Les Croquants (1999)
Pour me rendre à mon bureau, j'avais acheté une auto
Une jolie traction avant qui filait comme le vent.
C'était en Juillet 39, je me gonflais comme un bœuf
Dans ma fierté de bourgeois d'avoir une voiture à moi.
Mais vint septembre, et je pars pour la guerre.
Huit mois plus tard, en revenant:
Réquisition de ma onze chevaux légère
"Nein verboten" provisoirement.
Pour me rendre à mon bureau alors j'achète une moto
Un joli vélomoteur faisant du quarante à l'heure.
A cheval sur mon teuf-teuf je me gonflais comme un bœuf
Dans ma fierté de bourgeois de rentrer si vite chez moi.
Elle ne consommait presque pas d'essence
Mais presque pas, c'est encore trop.
Voilà qu'on me retire ma licence
J'ai dû revendre ma moto.
Pour me rendre à mon bureau alors j'achète un vélo
Un très joli tout nickelé avec une chaîne et deux clefs.
Monté sur des pneus tous neufs je me gonflais comme un bœuf
Dans ma fierté de bourgeois d'avoir un vélo à moi.
J'en ai eu coup sur coup une douzaine
On me les volait périodiquement.
Comme chacun d'eux valait le prix d'une Citroën
Je fus ruiné très rapidement.