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De la mode, naguère, elle ignorait le cours, Invariablement, elle s'habillait court. Elle aimait accuser le jeu de ses chevilles; Quand le vent s'en mêlait, c'était fête pour nous On avait un droit de regard sur ses genoux, Et l'on en abusait, je vous le certifie. Mais les temps sont venus mettre une ombre au tableau, Les jupes tout à coup sont tombées de bien haut. La belle retroussée est devenue Sophie; A peine maintenant si l'on voit ses talons, Quelle que soit la mode, elle s'habille long. "Elles en font vraiment trop voir, les jeunes filles."
Et s'il avait fallu vêtir une poupée Du soupçon de chiffon dont elle était nippée, L'étoffe aurait paru tout juste suffisante; C'était rien, moins que rien, ça lui couvrait le corps D'une seconde peau qui la rendait encore Plus nue toute habillée et plus appétissante. Mais les temps sont venus mettre une ombre au tableau, Elle a de la tenue et flétrit le culot De ces beautés du diable, ces adolescentes, Qui, la robe collée sur leur peau de satin, Ont l'air de revenir du faubourg Saint-Martin. "Les jeunes filles d'aujourd'hui sont indécentes."
Cela dit, sans vouloir lui laver le chignon, La bagatelle était son gros péché mignon. L'amour était toujours pendu à sa ceinture. Légère, elle a connu les mille et une nuits De noce et son ange gardien, pauvre de lui, Dut passer auprès d'elle une vie de tortures. Mais les temps sont venus mettre une ombre au tableau, Sous le pont des soupirs, il a coulé de l'eau. La belle enamourée a changé de posture, Maintenant qu'Adonis a déserté sa cour, Que l'amour la délaisse, elle laisse l'amour Aux jeunes filles d'aujourd'hui, ces créatures!

Une partie de pétanque

Paroles: André Montagard. Musique: André Montagard, Léo Nègre 1941