Dans ma rue il y a des ombres qui s' promènent
Et je tremble et j'ai froid et j'ai peur
Mon père m'a dit un jour: "la fille,
Tu ne vas pas rester là sans fin
T'es bonn' à rien, ça c'est d'famille
Faudrait voir à gagner ton pain
Les hommes te trouvent plutôt jolie
Tu n'auras qu'à sortir le soir
Il y'a bien des femmes qui gagnent leur vie
En "s' balladant sur le trottoir"
Dans ma rue il y a des femmes qui s' promènent
J'les entends fredonner dans la nuit
Quand je m'endors bercée par une rengaine
J'suis soudain réveillée par des cris
Des coups d'sifflet, des pas qui traînent, qui vont et viennent
Puis le silence qui me fait froid dans tout le coeur
Dans ma rue il y a des femmes qui s' promènent
Et je tremble et j'ai froid et j'ai peur
Et depuis des semaines et des semaines
J'ai plus d' maison, j'ai plus d'argent
J' sais pas comment les autres s'y prennent
Mais j'ai pas pu trouver d' client
J'demande l'aumône aux gens qui passent
Un morceau d' pain, un peu d' chaleur
J'ai pourtant pas beaucoup d'audace
Maintenant c'est moi qui leur fait peur
Dans ma rue tous les soirs je m' promène
On m'entend sangloter dans la nuit
Quand le vent jette au ciel sa rengaine
Tout mon corps est glacé par la pluie
Mais je n' peux plus, j'attends sans cesse que le bon Dieu vienne
Pour m'inviter à me réchauffer tout près de Lui
Dans ma rue il y a des anges qui m'emmènent
Pour toujours mon cauchemar est fini
Dans un bouge du vieux port
Paroles: A. Deltour. Musique: A. Liaunet, F. Decruck 1937
Quand de troubles rêves
Hantent le vieux marin
A l'heure où le soir vient
L'appel des flots câlins
A quoi bon l'écouter sur la grève?
Car d'autres mers là-bas
Lui murmuraient tout bas
Des mots que celle-ci ne dit pas
{
Dans un bouge du vieux port
Il se réfugie
Et berce sa nostalgie
De rêves d'or
L'ardent regret qui le mord
S'éteint pour une heure
Quand l'accordéon pleure
Dans un bouge du port
Le chant des sirènes
Jamais il ne l'entend
Ce n'est pas en rêvant
Auprès des flots mouvants
Qu'il évoque les terres lointaines
Non, ce n'est pas le chant
Au bord de l'océan
Qui lui parle des amours d'antan
{au Refrain, x2}
De l'autre côté de la rue
Paroles et Musique: Michel Emer 1943
Des murs qui se lézardent,
Un escalier étroit,
Une vieille mansarde
Et me voilà chez moi.
Un lit qui se gondole,
Un' table de guingois,
Une lampe à pétrole
Et me voilà chez moi
Mais le soir, quand le cafard me pénètre
Et que mon cœur est par trop malheureux,
J'écarte les rideaux de ma fenêtre
Et j'écarquille les yeux.
{
D'l'autr' côté d'la rue,
Y a un' fille,
Y a un' bell' fille
Qui a tout c'qu'il lui faut
Et mêm' le superflu.
D'l'autr' côté d'la rue,
Elle a d'l'argent, un' maison, des voitures,
Des draps en soie, des bijoux, des fourrures.
D'l'autr' côté d'la rue,
Y a un' fille,
Y a un' bell' fille.
Si j'en avais le quart, je n'en d'mand'rais pas plus,
D'l'autr' côté d'la rue.
Souvent, l'âme chagrine,
Quand je rentre chez moi,
Je vais courbant l'échine,
Il pleut ou il fait froid.
Faut monter sept étages,
Suivre un long corridor.
Je n'ai plus de courage.
Je me couche et je dors
Et le lend'main faut que tout recommence.
J'pars au travail dans le matin glacé,
Alors je m'dis y'en a qui ont trop d'chance
Et les autres pas assez.
D'l'autr' côté d'la rue,
Y a un' fill',
Y a un' bell' fille
Pour qui tout's nos misèr's
S'ront toujours inconnues.
D'l'autr' côté d'la rue,
Quand il fait froid, ell' dans' des nuits entières,
Quand il fait chaud, ell' s'en va en croisière.
D'l'autr' côté d'la rue,
Y a un' fill',
Y a un' bell' fille.
Vivre un seul jour sa vie, je n'en d'mand'rais pas plus,
D'l'autr' côté d'la rue.
J'le connaissais à peine,
On s'était vu trois fois
Mais à la fin d'la s'maine
Il est venu chez moi.
Dans ma chambre au septième,
Au bout du corridor,
Il murmura: "Je t'aime".
Moi j'ai dit: "Je t'adore".
Il m'a comblée de baisers, de caresses,
Je ne désire plus rien dans ses bras.
Je vois ses yeux tout remplis de tendresse,
Alors je me dis tout bas:
D'l'autr' côté d'la rue,
Y a un' fill',
Y a un' pauvr' fille
Qui n'connaît rien d'l'amour,
Ni d'ses joies éperdues.
D'l'autre côté d'la rue,
Ell' peut garder son monsieur qu'ell' déteste,
Ses beaux bijoux, tout son luxe et le reste.
D'l'autr' côté d'la rue,
Y a un' fill',
Y a un' pauvr' fille
Qui regarde souvent, d'un air triste et perdu,
D'l'autr' côté d'la rue.
Demain (il fera jour)
Paroles: Marcel Achard. Musique: Marguerite Monnot 1951
Demain il fera jour.
C'est quand tout est perdu
Que tout commence.
Demain il fera jour.
Après l'amour,
Un autre amour commence.
Un petit gars viendra en sifflotant,
Demain…
Il aura les bras chargés de printemps,
Demain…
Les cloches sonneront dans votre ciel,
Demain…
Tu verras la lune de miel briller,
Demain…
Car demain:
Tu vas sourire encore,
Aimer encore, souffrir encore,
Toujours…
Demain il fera jour.
Dans ton cœur brisé pour toujours,
Il reste encore de l'amour.
Tu crois ta douleur si profonde
Que ta vie va s'arrêter là…
La plus belle fille du monde
Peut toujours donner plus qu'elle a…