C'est là qu'Adam le sénateur
Est venu finir ses vieux jours
Puis il est mort d'un coup au cœur
On prétend que c'est du mal d'amour
Mais les fleurs couchées par le vent
Semblent prier pour son repos
La lune verse une larme d'argent
Sur la croix blanche du tombeau
En descendant le fleuve argent
Qui roule jusqu'au Névada
On voit la plaine qui s'étend
A l'est de Santa Lucia
Les villes s'appellent Natividad,
San Miguel ou San Lorenzo
Les filles s'appellent Soledad
Les garçons gardent les troupeaux
Elle a dit
Paroles: Edith Piaf. Musique: Gilbert Bécaud 1952
Elle a dit: "Tu sais, nous deux, c'est fini!
A quoi ça sert de s'accrocher?
Il faut savoir garder sa dignité,
Et puis… j'aime pas voir un homme pleurer…
Il vaut mieux qu'on se quitte bons amis,
Comprends, aide-moi, et souris…"
Alors il a fait comme elle demandait:
Devant elle, en partant, il chantait
Là-là-là…
Elle a dit: "Tu sais, nous deux, c'est fini!
A quoi ça sert de s'accrocher?
Il faut savoir garder sa dignité,
Et puis… j'aime pas voir un homme pleurer…"
Quand il s'est couché seul dans son grand lit,
Alors d'un coup, il a compris
Que ça serait plus dur qu'il ne pensait,
Et tout seul dans son lit, il pleurait…
Ah-ah-ah…
Il a dit: "J'peux pas croire que c'est fini!
Je sens que je vais m'accrocher…
C'est très beau de garder sa dignité
Et ça fait tellement de bien de pleurer.
Quand je pense au jour qui va se lever,
Aux choses qu'il me faudra cacher,
Je sens que j'pourrai jamais m'habituer…"
Pour finir dignement, il s'est…
Aaaah-aaaah-aaaah…
Tout seul il pleure dans l'éternité…
Elle fréquentait la rue Pigalle
Paroles: Raymond Asso. Musique: L.Maitrier 1939
Ell' fréquentait la rue Pigalle.
Ell' sentait l'vice à bon marché.
Elle était tout' noire de péchés
Avec un pauvr' visage tout pâle.
Pourtant, y avait dans l'fond d'ses yeux
Comm' quequ' chos' de miraculeux
Qui semblait mettre un peu d'ciel bleu
Dans celui tout sale de Pigalle.
Il lui avait dit: "Vous êt's belle."
Et d'habitud', dans c'quartier-là,
On dit jamais les chos's comm' ça
Aux fill's qui font l'mêm' métier qu'elle
Et comme ell' voulait s'confesser,
Il la couvrait tout' de baisers,
En lui disant: "Laiss' ton passé,
Moi, j'vois qu'un' chos', c'est qu' tu es belle."
Y a des imag's qui vous tracassent
Et, quand ell' sortait avec lui,
Depuis Barbès jusqu'à Clichy
Son passé lui f'sait la grimace
Et sur les trottoirs plein d'souv'nirs,
Ell' voyait son amour s'flétrir,
Alors, ell' lui d'manda d'partir,
Et il l'emm'na vers Montparnasse.
Ell' croyait r'commencer sa vie,
Mais c'est lui qui s'mit à changer.
Il la r'gardait tout étonné,
Disant: "J'te croyais plus jolie,
Ici, le jour t'éclair' de trop,
On voit tes vic's à fleur de peau.
Vaudrait p't'êtr' mieux qu' tu r'tourn's là-haut
Et qu'on reprenn' chacun sa vie."
Elle est r'tourné' dans son Pigalle.
Y a plus personn' pour la r'pêcher.
Elle a r'trouvée tous ses péchés,
Ses coins d'ombre et ses trottoirs sales
Mais quand ell' voit des amoureux
Qui r'mont'nt la rue d'un air joyeux,
Y a des larm's dans ses grands yeux bleus
Qui coul'nt le long d'ses jou's tout's pâles.
Embrasse-moi
Paroles: Jacques Prévert. Musique: Wal-Berg 1940
C'était dans un quartier de la ville Lumière
Où il fait toujours noir où il n'y a jamais d'air
Et l'hiver comme l'été là c'est toujours l'hiver
Elle était dans l'escalier
Lui à côté d'elle elle à côté de lui
C'était la nuit
Et elle lui disait
Ici il fait noir
Il n'y a pas d'air
L'hiver comme l'été c'est toujours l'hiver
Le soleil du bon Dieu ne brill' pas de notr' côté
Il a bien trop à faire dans les riches quartiers
Serre moi dans tes bras
Embrasse-moi
Embrasse-moi longtemps
Embrasse-moi
Plus tard il sera trop tard
Notre vie c'est maintenant
Ici on crèv' de tout
De chaud de froid
On gèle on étouffe
On n'a pas d'air
Si tu cessais de m'embrasser
Il m'semble que j'mourrais étouffée
T'as quinze ans j'ai quinze ans
A nous deux ça fait trente
A trente ans on n'est plus des enfants
On a bien le droit de travailler
On a bien celui de s'embrasser
Plus tard il sera trop tard
Notre vie c'est maintenant
Embrasse-moi
Emporte-moi
Paroles: Jacques Plante. Musique: Francis Lai 1962
A Paris, la nuit, Pigalle s'illumine.
Les clients des bars ont des mauvaises mines.
Sous les lampes crues,
Les sourires se fardent.
Dans un coin, éperdus,
Deux amants se regardent.
Emporte-moi bien loin, bien loin d'ici.
Emporte-moi là-bas, dans ton pays.
Arrache-moi de ce monde où je vis.
Emporte-moi bien loin, bien loin d'ici…
A Paris, la nuit, les cœurs vieillissent vite.
Sur le seuil des bars, des lèvres vous invitent.
Sous les lampes crues,
Des souvenirs grimacent.
Dans un coin, éperdus
Nos deux amants s'enlacent.
Emporte-moi bien loin, bien loin d'ici.
Emporte-moi là-bas, dans ton pays.
Arrache-moi de ce monde où je vis.
Emporte-moi bien loin, bien loin d'ici…
Au petit matin, le ciel devient tout rose.
Le quartier s'éteint, c'est l'heure où l'on arrose.
Au dernier bistrot,
Le patron fait la gueule.
Une femme au bar chantonne toute seule.
La-la-la…
Emporte-moi bien loin, bien loin d'ici…
Enfin le printemps
Paroles: René Rouzaud. Musique: Marguerite Monnot 1954