Il pleut.
Les pépins, tristes compagnons,
Comme d'immenses champignons,
Sortent un par un des maisons.
Il pleut
Et toute la ville est mouillée.
Les maisons se sont enrhumées.
Les gouttières ont la goutte au nez.
Il pleut.
La nature est chargée d'ennui.
Là-haut, tout est vêtu de gris.
Le ciel est boudeur.
Le nez aplati au carreau,
J'attends, laissant couler le flot de mes pleurs.
Il pleur.
Dans mon cœur aux rêves perdus,
Sur mon amour comme dans la rue
Et sur mes peines sans issue,
Il pleut…
Il y avait
Paroles: Charles Aznavour. Musique: Charles Aznavour, Pierre Roche 1950
Il y avait un garçon qui vivait simplement,
Travaillant dans le faubourg.
Il y avait une fille qui rêvait simplement
En attendant l'amour.
Il y avait le printemps,
Le printemps des romans
Qui passait en chantant
Et cherchait deux cœurs troublants
Pour prêter ses serments
Et en faire des amants.
Il y a eu un moment merveilleux,
Lorsque leurs regards se sont unis.
Il y a eu ces instants délicieux
Où, sans rien dire, ils se son compris.
Il y a eu le destin
Qui a poussé le gamin
A lui prendre la main.
Il y a eu la chaleur,
La chaleur du bonheur
Qui leur montait au cœur.
Il y avait cette chambre meublée
Aux fenêtres donnants sur la cour.
Il y avait ce couple qui s'aimait
Et leurs phrases parlaient de toujours.
Il y avait le gamin
Qui promenait sa main
Dans les cheveux de lin
De la fille aux yeux rêveurs
Tandis que dans leur cœur
S'installait le bonheur.
Il y a eu ces deux corps éperdus
De bonheur, de joies sans pareils.
Il y a eu tous les rêves perdus
Qui remplaçaient leurs nuits sans sommeil.
Il y a eu le moment
Où, soudain, le printemps
A repris ses serments.
Il y a eu le bonheur
Qui s'est enfui en pleurs
D'avoir brisé deux cœurs.
Il y avait un garçon qui vivait simplement,
Travaillant dans le faubourg.
Il y avait une fille qui pleurait en songeant
A son premier amour.
Il y avait le destin
Qui marchait son chemin
Sans s'occuper de rien.
Tant qu'il y aura des amants,
Il y aura des serments qui ne dureront qu'un printemps…
Inconnu, excepté de Dieu
Paroles: Louis Amade. Musique: Charles Dumont 1962
autres interprètes: Charles Dumont (1962)
L'inscription d'une croix ancienne
Près d'un champs de blé merveilleux
M'arrêta… Je lis à grand peine:
"Inconnu, excepté de Dieu."
Quel destin, à vrai dire immense,
Repose sous ce granit bleu
Parmi le blés qui se balancent?
"Inconnu, excepté de Dieu."
Est-ce un enfant ou est-ce un homme
Pour qui la mort fit, c'est tant mieux,
De mettre un carré de royaume?
"Inconnu, excepté de Dieu."
A-t-il souffert, fut-il coupable?
A-t-il fait pleurer de beaux yeux?
Fut-il tragédie ou bien fable?
"Inconnu, excepté de Dieu."
A-t-il la pluie comme village
Et le vent d'hiver pour chef-lieu,
Le soleil pour grand équipage?
"Inconnu, excepté de Dieu."
J'ai pris par la voie charretière
Un chemin de grands amoureux.
J'étais inondé de lumière.
"Inconnu, excepté de Dieu."
J' m'en fous pas mal
Paroles et Musique: Michel Emer 1946
Je suis née, Passage de la Bonne Graine.
J'en ai pris d' la graine, et pour longtemps
J' travaille comme un chien toute la semaine
J' vous jure que l' patron, il est content
Mes amies se sont mises en colère:
"C'est pas bien malin, c' que tu fais là…
Faut c' qu'y faut, mais toi, tu exagères,
Tu verras qu'un jour, tu le regretteras…"
J' m'en fous pas mal.
Y peut m'arriver n'importe quoi,
J' m'en fous pas mal.
J'ai mon dimanche qui est à moi.
C'est p't'êt' banal,
Mais ce que les gens pensent de vous,
Ça m'est égal!
J' m'en fous!
Il y a les bords de la Seine.
Il y a l'avenue de l'Opéra.
Il y a le Bois de Vincennes.
Quel beau dimanche on a là
Et puis, y a l' bal
Qui vous flanque des frissons partout.
' y a des étoiles
Qui sont plus belles que les bijoux.
' y a les beaux mâles
Qui vous embrassent dans le cou.
L' reste, après tout,
J' m'en fous!
Ce fut par un de ces beaux dimanches
Que, tous deux, l'on se mit à danser.
De grands yeux noirs, de longues mains blanches,
Alors, j' me suis laissée embrasser.
Mes amies se sont mises en colère:
"C' type-lâ, c'est connu, il a pas d' cœur.
C'est un va-nu-pieds, un traîne-misère.
Y t'en fra voir de toutes les couleurs…"
J' m'en fous pas mal.
Il peut m'arriver n'importe quoi,
J' m'en fous pas mal.
J'ai mon amant qui est à moi.
C'est p't'êt' banal
Mais ce que les gens pensent de vous,
Ça m'est égal!
J' m'en fous!
Il y a ses bras qui m'enlacent.
Il y a son corps doux et chaud.
Il y a sa bouche qui m'embrasse.
Ha, mon amant, c' qu'il est beau!
Et puis ' y a l' bal.
Quand je suis dans ses bras, c'est fou.
J' me trouverais mal.
Quand il m' dit: "Viens! Rentrons chez nous!"
Ah l'animal!
Avec lui, j'irais n'importe où.
L' reste après tout,
J' m'en fous!
J'ai vécu des heures si jolies
Quand il me tenait entre ses bras.
J' n'aurais jamais cru que, dans la vie,
On puisse être heureuse à ce point-là
Mais un jour où tout n'était que rires,
Un jour de printemps rempli de joie,
Il s'en est allé sans rien me dire,
Sans même m'embrasser une dernière fois…