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Y'en a qui croient être des hommes affranchis. Aha! Y m'font marrer avec tous leurs chichis. Nous, on sait bien que ça finira au grand air, Le cou serré dans l'truc à m'sieur Débler, A moins qu'un soir, un mahoutin, un costaud, Nous r'file un coup d'son surin dans la peau. Ça finit vite, sans eau bénite. Nos héritiers qui touchent tous des bigorneaux, Nous les toquards on claque dans un sale coup. Oh! Que ce soit là ou ailleurs, on s'en fout!…
C'est nous qui sommes les hiboux. Les apaches, les voyous, Il en coûte pas un coup. Dans le jour, nous planquons nos mirettes, Mais, le soir, nous sortons nos casquettes. Ecoutez ça, vous les rupins: Gare à moi, le coquin, quand chacun fera son chemin. Si mon père n'avait pas agi comme un voyou, Moi aussi, j's'rais p't'être un homme comme vous…

Les marins, ça fait des voyages

Paroles: Raymond Asso. Musique: Mitty Goldin 1936

Il m'avait dit seulement "je t'aime" Et ces mots-là, ça compte tout de même. On s'est aimé huit jours tout plein Puis il m'a dit un beau matin: "V'là que j'm'en vais. N'aie trop d'peine. J'suis matelot, faut qu'tu comprennes."
"Les marins ça fait des voyages. On reste jamais pour bien longtemps. On part joyeux, on revient content. Des fois; bien sûr; y a les naufrages, Mais les retours c'est tout plaisir Et nos amours peuvent pas mourir. On sait qu'on r'part, on n'a pas l'cœur De s'faire du mal à son bonheur. Faut pas pleurer! Aie du courage! La mer est belle et puis dis-toi Qu'on n'y peut rien ni toi ni moi Et qu'les marins, faut qu'ça voyage."
J'l'ai vu partir sur son navire. Y m'faisait d'loin un beau sourire, Et d'un seul coup je n'l'ai plus vu Et puis l'bateau a disparu. La mer chantait d'une voix câline. On a parlé comme des copines.
Les marins ça fait des voyages. Ça reste jamais pour bien longtemps. S'il revient joyeux, il repart content. Pour les aimer, faut du courage, Mais les retours c'est tout plaisir Et leurs amours peuvent pas mourir. Le voilà qui part, mon pauvr'bonheur. Dessus la mer vogue mon cœur Mais v'là qu'je pense qu'y a des naufrages. Sois bonne, la mer: ne l'garde pas. Si tu veux bien, on partagera, Comme les marins, faut qu'ça voyage.
J'l'ai attendu pendant des s'maines, Et puis maint'nant c'est plus la peine. Il m'a fait dire par ses amis Qu'y r'viendrait plus, qu'c'était fini. Il m'avait fait cadeau d'une bague. Je l'ai jetée au creux des vagues.
Les marins ça fait des voyages. On les espère pendant longtemps. Y'en a qui r'viennent de temps en temps. D'autres s'font crocher l'cœur au passage. Y a plus d'retour, y a plus d'plaisir. Y a plus d'amour, y a qu'à mourir. Celui qu'j'aimais, y r'viendra pas Et puis s'y r'vient, il recommenc'ra, Car les marins, faut qu'ça voyage. Ça court toujours vers d'autres bonheurs Et ça nous laisse avec notre cœur, Notre cœur fané pour tout partage.

Les mômes de la cloche

Paroles: Decaye. Musique: Vincent Scotto 1936

autres interprètes: Edith Piaf

D'un bout à l'autre de la semaine, Sur les boulevards, dans les faubourgs, On les voit traîner par centaines, Leurs guêtres sales et leurs amours Dans des chemises de dix jours. Sous la lumière des réverbères, Prenant des airs de Pompadour, Ce sont nos belles ferronnières, Ce sont nos poupées, nos guignols, nos pantins. Écoutez dans la nuit, Elles chantent ce refrain:
"C'est nous les mômes, les mômes de la cloche, Clochards qui s'en vont sans un rond en poche. C'est nous les paumées, les purées d'paumées Qui sommes aimées un soir n'importe où. Nous avons pourtant Cœur pas exigeant Mais personne n'en veut. Eh ben tant pis pour eux. Qu'è'qu'ça fout, On s'en fout! Nul ne s'y accroche. Il n'y a pas d'amour Et l'on sera toujours Les mômes de la cloche!
Mais comme elles n'ont pas les toilettes Qu'il faut pour les quartiers rupins, C'est pas aux Galeries Lafayette Qu'elles vont faire chaque soir leur turbin. Le long du canal Saint-Martin, Au Sébasto, à la chapelle, On est toujours assez gandin Pour le monsieur qui vous appelle. D'l'article populaire, c'est pas du beau joujou. 'y a pas d'poupées en soie Aux bazars à trente sous. C'est nous les mômes, les mômes de la cloche, Clochards qui s'en vont sans un rond en poche. C'est nous les paumées, les purées d'paumées Qui sommes aimées un soir n'importe où. Tout comme nos ribouis, Nous n'sommes pas vernies. Jamais l'on ira Sur la Riviera. Qu'è'qu'ça fout, On s'en fout! Quand l'argent nous fauche, On va faire quatre jours Là-bas dans la Tour. Les mômes de la cloche, Elles ont vendu toutes leurs caresses. Elles furent payées tant bien que mal, Puis un jour, plus rien dans la caisse, Vont se fiche dans l'canal Et sans avoir comme un cheval La pitié des gens de la rue, On les emmène à l'hôpital. La foule dit "ce n'est qu'une grue" Et voilà comment nos poupées, nos pantins, Lorsqu'elles n'ont plus le sou S'en vont toutes à Pantin.
C'est nous les mômes, les mômes de la cloche, Clochards qu s'en vont sans amis, sans proches. C'est nous les paumées, les purées d'paumées Qui s'en vont dormir dans l'horrible trou. Derrière not' convoi Jamais l'on ne voit Ni fleurs ni couronnes, Pas même une personne Qu'è'qu'ça fout, On s'en fout! Quand la mort nous fauche, C'est not' plus beau jour. Cloches, sonnez pour Les mômes de la cloche!

Les mots d'amour

Paroles: Michel Rivgauche. Musique: Charles Dumont 1960

C'est fou c' que j' peux t'aimer, C' que j' peux t'aimer, des fois, Des fois, j' voudrais crier Car j' n'ai jamais aimé, Jamais aimé comme ça. Ça, je peux te l'jurer. Si jamais tu partais, Partais et me quittais, Me quittais pour toujours, C'est sûr que j'en mourrais, Que j'en mourrais d'amour, Mon amour, mon amour…