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Celui qui ne savait pas pleurer

Paroles: Henri Contet. Musique: Ch.Normand 1936

C'est l'histoire d'un type moyen Qui n'avait jamais pu pleurer. Il en avait pas les moyens, Pourtant, il aurait bien aimé, Car de pleurer, ça vous soulage Et ça vous met du baume dans l'cœur, Mais lui, il avait passé l'âge D'apprendre le chagrin par cœur. Il essayait de se concentrer Pour s'émouvoir à l'improviste, Mais non: il savait pas pleurer Et c'est ça qui le rendait triste. Pour se payer ce petit instant Où l'on est vraiment malheureux, Y s'fabriquait des embêtements, Inventait des ennuis sérieux Et pour ça, il savait s'y prendre, A en juger par son passé. Il avait même tenté de se pendre, Preuve qu'il aimait pas rigoler. Quand s'présentait un beau malheur, Tout de suite il lui faisait du charme Mais il avait beau s'crever l'cœur, Il pouvait pas trouver une larme. Ça lui a passé subitement, Rencontrant près d'une fontaine Où se débarbouillait l'printemps, Une gosse qui avait de la peine. Dans son petit tablier de toile, Elle pleurait comme une enfant. Il a vu ses yeux pleins d'étoiles, Alors il en a fait autant. Un type comme ça, c'est pas commun Car il était pas comme nous autres. Puisque, pour qu'il ait du chagrin, Il lui fallait l'chagrin des autres. La gosse était toute seule au monde, Tout' seule le jour, tout' seule la nuit Et puis surtout, elle était blonde, Alors il l'a prise avec lui. Il est content puisque c'est elle Qui lui a appris à pleurer Mais la leçon était trop belle La fille aussi… tout a raté. Il est devenu bien malheureux, Trompé plus qu'il ne le mérite Et tous les jours, il pleure un peu Maintenant qu'il sait, il en profite.

'Chand d'habits

Paroles: J. Bourgeat. Musique: R. Alfred 1936

Dis-moi, 'chand d'habits, N'as-tu pas trouvé, Parmi le lot de mes vieilles défroques Que, ce matin, je te vendis à regret, 'Chand d'habits, parmi elles, N'as-tu trouvé, tout en loques, Triste, lamentable, déchiré, Un douloureux cœur abandonné? Rends-moi, je t'en prie, mon ami, Cette chose meurtrie… C'est mon pauvre cœur… j'en ai besoin… Crois-tu, mon vieux, que c'est bête! Quand tu est venu à mon appel Faire l'emplette Je croyais bien n'y pas tenir autant…
Quand tu partis chargé de ton triste fardeau, Tout mon passé suivit, et je pleure… Je pleure mes soucis, mon enfance, Mes chers amours qui ne sont plus que souvenance… Rends-moi mon pauvre cœur, Triste objet périmé… Revends-moi la joie qui m'a quittée… Dis! 'chand d'habits!… Cette pauvre chose, c'était pour l'oubli… C'est toute ma vie… Oui… Dis-moi, 'chand d'habits, Parmi mes défroques, N'as-tu pas trouvé mon pauvre cœur en loques?…

Chanson bleue

Paroles: Edith Piaf. Musique: Marguerite Monnot 1951

Je vais te faire une chanson bleue Pour que tu aies des rêves d'enfant Où tes nuits n'auront plus de tourments. Alors, le jour, tu vas chanter Pour que les autres puissent espérer… Quand le monde l'aura appris, Tu pourras quitter la vie. Tu viendras chanter dans les cieux… …Chanson Bleue…
Tu feras pleurer les anges En leur racontant tes souffrances. Apporte dans tes mains trop jolies, Ton cœur, tes pleurs, et puis la vie… Quand Jésus est mort sur sa croix, Il a souffert autant que toi, Pardonne ta mère, et le Bon Dieu Et laisse sur la terre comme Dieu… …Chanson Bleue…
Voilà ta mission terminée… Tes amis, tu vas les quitter… Caresse les cheveux des enfants, Souris aux vieillards en passant, Toi, tu n'as plus de lendemains: Finis tes matins pleins de chagrin… Saint-Pierre, les anges, et le Bon Dieu Vont t'ouvrir les portes des cieux… …Chanson Bleue…

Chanson de Catherine

Paroles: C. Youri, A. Joumiaux. Musique: P. Damine 1951

Te voilà mariée, Catherine, Sans joie et sans amour. Celui que tu aimes, Catherine, Est perdu pour toujours…
Qu'ils étaient doux, les jours passés, Mais à quoi bon les évoquer? Un oiseau noir crie dans la nuit. Hier, Catherine, tu as dit "oui" Et maintenant, il faut danser. Il faut danser… et oublier. Pourquoi pleurer, la belle enfant? Les violons jouent tendrement…
Te voilà mariée, Catherine, Sans joie et sans amour. Celui que tu aimes, Catherine, Est perdu pour toujours…
Il est au bout de ton jardin, Un très vieux chêne, où un garçon Avait jadis gravé ton nom Dans un seul cœur, auprès du sien. Vois-tu, celui qui tu aimais, Vois-tu, celui qui tant t'aimait… Eh! L'oiseau noir!… Que me dis-tu? C'est à ce chêne qu'il s'est pendu…
Te voilà mariée, Catherine, Sans joie et sans amour. Celui que tu aimes, Catherine, Est perdu pour toujours…
Petite Catherine, demain matin, Dans l'eau glacée de ton chagrin, Dans l'eau étrange de la mer, Tu flotteras, les yeux ouverts, Les yeux ouverts sur ton destin Et, dans ta robe de satin, Juste où la mer se mêle au ciel, Tu rejoindras l'amant fidèle…
Te voilà mariée, Catherine, Mariée avec l'amour… Celui que tu aimes, Catherine, Est à toi pour toujours…

Comme moi

Paroles: Claude Delécluse, Michèle Senlis. Musique: Marguerite Monnot 1957

Peut-être bien qu'ailleurs, Une femme a le cœur Eperdu de bonheur Comme moi… Et que d'un geste heureux Elle soulève un peu Le rideau de soie bleue, Comme moi… Pour regarder en bas Son amour qui viendra La prendre dans ses bras, Comme moi… Elle attend son amour, Les yeux de son amour, Les bras de son amour, Comme moi…
Peut-être bien aussi, Qu'à l'instant, elle vit, Le meilleur de sa vie, Comme moi… Et qu'en fermant les yeux, Elle abandonne un peu Sa main dans ses cheveux, Comme moi… Peut-être qu'à son cœur, Elle épingle une fleur Et puis regarde l'heure, Comme moi… Et pense à son amour, Aux yeux de son amour, Aux bras de son amour, Comme moi…