Dès lors qu'il faut tirer un trait
Sur le bonheur et ses attraits
Ses joies terrestres
En voyant son soleil pâlir
L' amour n'ayant plus d' avenir
Se défenestre
Pour mourir
De déraison en déraison
Tout le lot de mes illusions
Sur toutes choses
Quand de nuits blanches en cauchemars
Le souffle froid du désespoir
J'aime les roses
De mes espoirs
Que sont nos amours devenus?
Je me retrouve las,
Venu le regard vide
Mes lendemains hypothéqués
Mes illusions décapitées
Comme invalide
De penser
De déraison en déraison
Loin de toi je cultive
Mon champ d'amertume
Et de mon passé disparu
Mon cœur ne récolte vois-tu
Qu'un peu d'écume
Et rien de plus
Moi je cherche encore et toujours
L'ombre fuyante d' un amour
Et de moi-même
Emportant le deuil dès hier
Des printemps morts sur les hivers
De nos "je t'aime "
Mis en terre
De la scène à la Seine
Paroles et Musique: Charles Aznavour 2000 "Aznavour 2000"
note: hommage à Dalida
De la scène à la Seine
Du néon au néant
Elle a couru, certaine
De noyer ses tourments
Et stopper la gangrène
Des outrages du temps
Avant que ne surviennent
L'âge et le poids des ans
Sortie de la misère
Courageuse, elle avait
Gravi comme un calvaire
Les marches du succès
De triomphe en victoire
Cœur léger ou cœur lourd
Elle avait à la gloire
Sacrifié ses amours
De la scène à la Seine
Elle a couru sans peur
Pour laisser, souveraine,
A ses admirateurs
L'image d'une reine
Le timbre d'une voix
Comme un chant de sirène
Pour qu'on ne l'oublie pas
Elle traînait, livide,
De miroir en miroir
En découvrant ses rides
Camouflées sous les fards
Sa vie lui semblait vide
Sous son air triomphal
Car la gloire est perfide
La gloire fait mal
De la scène à la Seine
Elle a fait sa sortie
Emportant ses migraines
Et ses traits de génie
Telle une tragédienne
Drapée dans sa folie
Elle a franchi sans peine
Les portes de la nuit
De rengaine en rengaine
Elle avait négligé,
Autant qu'on s'en souvienne,
Amour et vie privée
Mais à l'âge, incertaine,
Où l'on compte les ans
Les choses semblent vaines
Sans homme et sans enfant
En lettres de lumière
Son destin s'est écrit
Demain, la presse entière
Retouchera sa vie
Trois colonnes à la une
Dix pages à l'intérieur
La mort est opportune
En noir et en couleurs
On la dira plus grande
Et belle dans sa mort
Bâtissant sa légende
On écrira encore
Elle a marché, sereine,
Suivant sa destinée
De la scène à la Seine
Pour la postérité
De la scène à la Seine
Pour la postérité
De moins en moins
Paroles et Musique: Charles Aznavour "Embrasse-moi"
Sur mon visage
Le temps cruel a imprimé ses crocs
Et au passage
Dans mon cœur a fait bien plus d'un accroc
Quand je m'affronte
Devant mon miroir, le matin
Je m'en rends compte
Je me ressemble de moins en moins
Et ma jeunesse
Que l'amour devait tendrement orner
Par maladresse
N'a enfanté que des rêves mort-nés
Depuis, je triche
Avec moi-même, j'en conviens,
Mais je m'en fiche
Je me ressemble de moins en moins
Au vent qui passe,
Que sont mes espoirs devenus? Depuis
Tout casse et lasse
Ma vérité n'est pas sortie de son puits
Dans ses eaux troubles
Je ne peux plus, je le vois bien,
Trouver mon double
Je me ressemble de moins en moins
Mes joies sont ternes
La fleur de l'espoir en moi s'est fanée
Mon cœur en berne
Porte toujours le deuil de ces années
L'adolescence
Me semble si proche et si loin
Lorsque j'y pense
Je me ressemble de moins en moins
De moins en moins
De t'avoir aimée
1966
De t'avoir aimée, aimée comme un fou
Aimée a genoux, bien plus que debout
À n'en plus dormir, à n'en plus manger
Que me reste-t-il, de t'avoir aimée?
De t'avoir aimée, de l'âme et des yeux
À en oublier, jusqu'au nom de Dieu
Pour ne plus avoir, qu'un nom à crier
Que me reste-t-il, de t'avoir aimée?
Reste que ma voix, sans écho soudain
Restent que mes doigts, qui n'agrippent rien
Reste que ma peau, qui cherche tes mains
Et surtout la peur, de t'aimer encore
Demain presque mort
De t'avoir aimée, aimée de douleur
À m'en déchirer le ventre et le cœur
Jusqu'à en mourir, jusqu'à m'en damner
Que me reste-t-il, de t'avoir aimée?
Ne me reste plus
Qu'un amour que tu
Viens d'écarteler
De ville en ville
Paroles et Musique: Charles Aznavour 1958 "De t'avoir aimée"
De ville en ville, m'en suis allé
En enlaçant les filles,
Les filles que j'ai rencontrées
Et j'ai trouvées gentilles
Et j'ai promené mes vingt ans
De par le vaste monde
Et j'ai fané plus d'un printemps
Qu'elles soient brunes ou blondes
J'ai goûté de chaque pays
Le vin et les caresses
Puis m'en suis venu à Paris
Dépenser ma jeunesse
Le parfum de chaque carrefour
M'a mis le cœur en fête
Avec Paris, j'ai fait l'amour
Qui m'a tourné la tête
Alors j'ai perdu la raison
Comme pour une maîtresse
Paris m'a fait goûter le fond
De nouvelles ivresses
Dans les rues, j'allais en chantant
Sans avoir un centime
Et j'ai vécu de l'air du temps
Que Paris offre en prime