A ma mort, je veux, mes amis,
Que l'on me porte en terre
Dans les flancs même de Paris
Pour goûter à sa chair
Dans son cœur, je veux reposer
Comme dans le lit d'une blonde
Pour que Paris puisse me garder
Jusqu'à la fin du monde
Déjà
Paroles et Musique: Charles Aznavour 1986 "Embrasse-moi"
Déjà
Deux jours, deux nuits passés sans toi
Déjà
Et je suis dans tous mes états
Pourquoi
Cette brisure, ce gâchis
Pourquoi, pour qui
Déjà
Je fume trop, je tourne en rond
Je bois
Donne des coups dans les cloisons
Sans toi
Je suis sans rime et sans raison
De vivre
Déjà
Penser à toi me fait souffrir
Déjà
Je m'accroche à des souvenirs
Un choix
D'instantanés pris au mois d'août
De toi, de nous
Et çà et là
En voyant un objet banal
En soie
Un mouchoir à tes initiales
Un bas
Oublié là, me fait très mal
Déjà
Déjà
Je parle seul à haute voix
Déjà
Je me questionne et je me noie
Cent fois
Dans les mirages d'un parcours
De joie, d'amour
Déjà
Ton image ancrée dans ma vie
Me broie
Et d'insomnie en insomnie
Je crois
Que la mémoire est l'ennemie
Des rêves
Déjà
Comme le fou qui rêve d'or
Déjà
Comme un marin qui cherche un port
Mes doigts
Fébrilement fouillent la nuit
Le froid du lit
Guettant ton pas
Je suis inquiet au moindre bruit
Pour moi
L'heure tictaque au ralenti
Le poids
Des regrets pèse sur ma vie
Déjà
J'ai mal de toi
Mal de ta peau qui me renie
Ma voix
N'est plus ma voix mais rien qu'un cri
Pourquoi
As-tu brisé ma vie
Déjà?
Des mots
Des mots pour parler de ces mots
Pour parler fort pour parler haut
Des mots prononcés pour l'histoire
Des mots sortis de la mémoire
Des mots charmants
Des mots d'enfants
Des mots pour papa et maman
Des mots nouveaux de dictionnaire
Des mots en langues étrangères
Des mots écrits des petits mots
Des mots crachés qui font gros mots
Des mots des mots toujours des mots
Il faudrait se méfier des mots
Des mots pour jouer avec les mots
Des mots riches et des mots idiots
Des mots pour mentir sans vergogne
Des mots tendres et des mots qui cognent
Des mots insensés ou abscons
Des mots savants ou des mots cons
Des mots chuchotés à la messe
Et des mots pour parler de fesses
Des mots pour aider son prochain
Des mots pour vendre son voisin
Des mots des mots toujours des mots
Il faudrait se méfier des mots
Des mots pour rassurer parfois
Des mots semant le désarroi
Des mots chantant des mots intimes
Des mots cruels qui poussent au crime
Des mots snobs et des mots d'argot
Des mots tranchants comme un couteau
Des mots auquel le coeur succombe
Des mots prononcés sur les tombes
Des mots vides et des mots ronflants
Des mots qui détruisent les gens
Des mots des mots toujours des mots
Il faudrait se méfier des mots
Des mots perfides et sentencieux
Des mots pour s'adresser à Dieu
Des mots qui restent symboliques
Des mots pour les nuits érotiques
Des mots qu'on voudrait oublier
Des mots très durs à prononcer
Des mots qui vous envoient vous battre
Des mots prestigieux de théâtre
Des mots simples des mots d'amour
Des mots rimant avec toujours
Des mots des mots toujours des mots
Il faudrait se méfier des mots
Desormais
Musique: Charles Aznavour
Désormais
On ne nous verra plus ensemble
Désormais
Mon cœur vivra sous les décombres
De ce monde qui nous ressemble
Et que le temps a dévasté
Désormais
Ma voix ne dira plus je t'aime
Désormais
Moi qui voulais être ton ombre
Je serai l'ombre de moi-même
Ma main de ta main séparée
Jamais plus
Nous ne mordrons au même fruit
Ne dormirons au même lit
Ne referons les mêmes gestes
Jamais plus
Ne connaîtrons la même peur
De voir s'enfuir notre bonheur
Et du reste désormais
Désormais
Les gens nous verrons l'un sans l'autre
Désormais
Nous changerons nos habitudes
Et ces mots que je croyais nôtres
Tu les diras dans d'autres bras
Désormais
Je garderai ma porte close
Désormais
Enfermé dans ma solitude
Je traînerai parmi les choses
Qui parleront toujours de toi
Jamais plus
Nous ne mordrons au même fruit
Ne dormirons au même lit
Ne referons les mêmes gestes
Jamais plus
Ne connaîtrons la même peur
De voir s'enfuir notre bonheur
Et du reste désormais
Destination inconnue (Départ express)
Paroles: Charles Aznavour. Musique: Pierre Roche 1948
Un jour de mai où l'ennui me pesait
Pour vivre ma vie laissant ce qui m'oppresse
J'ai tout quitté sans chagrin sans regret
Puisque les voyages forment la jeunesse
Aux gens curieux j'ai répondu:
"Destination inconnue"
J'ai pris le premier train
Qui partait le matin
Par hasard dans le train
Y avait une femme très bien
Comme le destin veille sur moi gentiment
Elle était justement dans mon compartiment
L'train en roulant faisait un vacarme infernal
Sur la banquette en bois on était plutôt mal
Et quand j'ai pris sa main, parlant avec douceur
Plus vite que le train allaient mes battements d'coeur
D'un ton charmant un peu moqueur
En un instant j'ai pris son coeur
J'lui proposai fort galamment:
"Venez avec moi au wagon-restaurant"
Sous le premier tunnel très fort je l'ai serrée
Sous le second tunnel un baiser fut volé
Puis nous sommes descendus dans une gare inconnue
Pour cacher notre amour dans un p'tit coin perdu