Idiote je t'aime
J'ai toujours eu trop de pudeur
Pour laisser courir sur mes lèvres
Ces expressions très souvent mièvres
Inscrites au Littré du bonheur
Je sais bien que tu aimerais
Que mon souffle soit poétique
Mais si j'étais plus romantique
Dis-moi ce que ça changerait
Idiote je t'aime
Idiote je t'aime
Idiote je t'aime
A ma manière, à ma façon
Depuis le temps que nous vivons
Même autour et même bohème
Idiote je t'aime
Idiote je t'aime
Et je t'interdis d'en douter
Idiote je t'aime
Comme je n'ai jamais aimé
Je n'ai jamais eu le talent
D'utiliser je te l'accorde
Ces mots usés jusqu'à la corde
Galvaudés par plus d'un amant
Mais j'ai des phrases au bout des doigts
Qui la nuit à ton corps s'adressent
Et quand ils parlent en caresses
Ils le font bien mieux que ma voix
Idiote je t'aime
Idiote je t'aime
Idiote je t'aime
A main tremblante, à mots couverts
Quand sur le vélin de ta chair
Je grave mes plus beaux poèmes
Je t'aime, je t'aime, je t'aime
Idiote je t'aime
Idiote je t'aime
Et bien que je sois maladroit
Idiote je t'aime
Et n'aimerai jamais que toi
Il fallait bien
Paroles: Charles Aznavour. Musique: A.Seggian
Il fallait bien
Que me vienne un jour
Ce mal soudain
Qu'on appelle l'amour
Il fallait bien
Que je croie en lui
Pour qu'un matin
Il me laisse meurtri
L'amour s'en vient, l'amour se meurt
A peine un rire et puis des pleurs
Et le silence autour de moi
Le souvenir qui naît déjà
L'amour était si beau près de toi
Il fallait bien
Te serrer très fort
Tenir tes mains
Pour te garder encore
Il fallait bien
M'accrocher à toi
Lorsque plus rien
Ne retenait mes pas
Il fallait bien
Sauver mon bonheur
Par les moyens
Que me laissait mon cœur
Ils brûlent les feux de l'enfer
Et dans mon âme et dans ma chair
Tu ne m'as laissé que regrets
Et le remords de n'avoir fait
Peut-être pas tout ce qu'il fallait
Il fallait bien
En payer le prix
Et mon chagrin
Vient de briser ma vie
Il faut savoir
Paroles: Charles Aznavour. Musique: Charles Aznavour 1961
Il faut savoir encore sourire
Quand le meilleur s'est retiré
Et qu'il ne reste que le pire
Dans une vie bête à pleurer
Il faut savoir, coûte que coûte
Garder toute sa dignité
Et malgré ce qu'il nous en coûte
S'en aller sans se retourner
Face au destin qui nous désarme
Et devant le bonheur perdu
Il faut savoir cacher ses larmes
Mais moi, mon cœur, je n'ai pas su
Il faut savoir quitter la table
Lorsque l'amour est desservi
Sans s'accrocher l'air pitoyable
Mais partir sans faire de bruit
Il faut savoir cacher sa peine
Sous le masque de tous les jours
Et retenir les cris de haine
Qui sont les derniers mots d'amour
Il faut savoir rester de glace
Et taire un cœur qui meurt déjà
Il faut savoir garder la face
Mais moi, mon cœur, je t'aime trop
Mais moi, je ne peux pas
Il faut savoir mais moi
Je ne sais pas…
Il te faudra bien revenir
Paroles: Charles Aznavour. Musique: Georges Garvarentz 1967
Il te faudra bien revenir
Un jour, du moins, je le suppose
Afin de rassembler les choses
Que tu as laissées en partant
Il te faudra bien revenir
Un court moment sur les lieux mêmes
Où vivent toujours nos "je t'aime"
Et c'est ce moment que j'attends
Que j'attends!
Mes mains parlent de toi
Comme en parlent mes rêves
Comme en parle mon coeur
Que le destin foudroie
Comme en parlent mes joies
Que ton absence enfièvre
Car ton départ les sèvre
De tout ce qui n'est plus toi
Il te faudra bien revenir
Pour me conter ce que j'ignore
Je ne sais si tu m'aimes encore
Tu es partie sans m'expliquer
Il te faudra bien revenir
Et quand tu passeras la porte
Le passé sera lettre morte
Je ferai tout pour te garder
Te garder!
Ma peau pleure le frisson
Comme pleure ma bouche
Comme pleurent mes nuits
Prises à ton tourbillon,
Poussés par la passion
Mes doigts froissent et touchent
Le vide de ma couche
Tandis que je crie ton nom
Mon coeur meurtri de souvenirs
Supporte mal la solitude,
Pour le sauver de l'inquiétude
Il te faudra bien revenir {x3}
Il te suffisait que je t'aime
Paroles et Musique: Charles Aznavour 1964 "Hier encore"
Nous avions vingt ans toi et moi
Quand on a sous le même toit
Combattu la misère ensemble
Nous étions encore presqu'enfants
Et l'on disait en nous voyant:
"Regardez comme ils se ressemblent"
Nous avons la main dans la main
Surmonté les coups du destin
Et résolu bien des problèmes
Le ventre vide en privation
Tu te nourrissais d'illusions
Il te suffisait que je t'aime
Nous avons lutté tant d'années
Que la fortune s'est donnée
Mais l'âge a pris ton insouciance
Tu te traînes comme un fardeau
Et ne ris plus à tout propos
Et pleures ton adolescence
Et passes du matin au soir
Des heures devant ton miroir
Essayant des fards et des crèmes
Et moi, je regrette parfois
Le temps où pour forger tes joies
Il te suffisait que je t'aime