L'âge d'aimer
Paroles et Musique: Charles Aznavour, Arrgt: Roger Loubet 1994 "Toi et moi"
L'âge d'aimer, ça n'a pas d'âge
Quinze ans, quarante ou davantage
Tant que le cœur bat dans sa cage
On a l'âge d'aimer
C'est l'âge des années frivoles
Où soudain la raison s'affole
Lorsque le corps prend la parole
On a l'âge d'aimer
Si ta couleur n'est pas la mienne
Si mon âge est distant du tien
On s'aimera quoi qu'il advienne
Nous avons l'âge de nos veines
Et l'amour est notre destin
Qui sait où commence, où s'arrête
L'âge puéril, l'âge un peu bête
Gravé dans nos cœurs et nos têtes
L'âge d'aimer
L'âge d'aimer
Lorsque, oubliant ses différences
Le corps veut vivre ses violences,
La peau souffrant ses impatiences,
On a l'âge d'aimer
À l'âge où le désir nous rive
Quand la raison perd sa dérive
Au cri d'un "qui m'aime me suive"
On a l'âge d'aimer
Vois notre sol devient nuage
On a l'enfance au fond des yeux
Quand on aime on a le même âge
Le cœur fomente des orages
Et l'amour joue avec le feu
Quinze ans, quarante ou davantage
De voyage en vagabondage
Quand je devrai, tournant la page
Émigrer de l'âge d'aimer,
Je n'aurai plus aucun courage
Je serai plus vieux que le temps,
Aussi c'est désespérément
Qu'avec toi je m'agrippe à l'âge
Mon amour, à l'âge d'aimer
L'aiguille
Mon enfant, mon air pur
Mon sang, mon espérance
Mon ferment, mon futur
Ma chair, ma survivance
Tu ne perpétueras ni mon nom ni ma race
Tout ce que j'ai bâti, je l'ai rêvé en vain
Je quitterai ce monde sans laisser de trace
Tes yeux ne s'ouvriront sur aucun lendemain
L'aiguille dans ta veine éclatée
Ta peau déchirée
L'aiguille dans ton corps mutilé
Crucifié
L'aiguille de nos espoirs trahis
Te clouant dans la nuit
Sans vie
Mon arbre, mon petit
Qui peut dire à l'avance
Ou le bonheur finit
Quand le malheur commence
Le drame de la vie sans auteur ni dialogue
Qui s"écrit à huis clos se joue à notre insu
Les plaisirs innocents n'en sont que le prologue
Les paradis promis ont l'enfer pour issue
L'aiguille dans ta veine éclatée
Ta peau déchirée
L'aiguille dans ton corps mutilé
Crucifié
L'aiguille de nos espoirs trahis
Te clouant dans la nuit
Sans vie
En regardant fleurir
Tes printemps pleins de grâce
Je n'ai pas sous tes rires
Éventé tes angoisses
Peut-être pas non plus assez dit que je t'aime
Ni suffisamment pris le temps d'être avec toi
Que tu as dû souffrir en secret de problèmes
A présent c'est mon tour perdu dans mes pourquoi
L'aiguille dans ta veine éclatée
Ta peau déchirée
L'aiguille dans ton corps mutilé
Crucifié
L'aiguille de nos espoirs trahis
Te clouant dans la nuit
Sans vie
L'aiguille
L'album de toi
Quand je reste seul à Paris
Qu'avec les enfants tu as pris
La route fleurie des vacances
Grâce à Dieu et à la magie
De l'art de la photographie
Je me sens moins seul que tu penses
Je prends mon album et je l'ouvre
Et l'instant suivant je re-dé-cou-vre
Toi joli bébé joufflu
Serrant sur son corps nu
Un petit chiot fidèle
Toi en larmes qui ruissellent
Éperdue
A l'entrée de la maternelle
Toi au jour de tes dix ans
Soufflant les yeux brillants
Les bougies de ton âge
Toi à quinze ans sur la plage
Arborant
Les fruits naissant de ton corsage
Toi canotant sur un lac
Toi sortant de la fac
Toi faisant des grimaces
Toi serrée contre quelqu'un
Qu'un rasoir assassin
A découpé la face
Et me voilà
Penché tout attendri
Sur ces photographies
Mal cadrées, désuètes
Quand ému je feuillette
Du cœur comme du doigt
L'album de toi
Toi ravissante au printemps
Les cheveux dans le vent
Roulant à mobylette
Toi poussant la chansonnette
Imitant
Voix et gestes d'une vedette
Toi pour un bal habillé
Dans un décolleté
Laissant peu de mystère
Moi plutôt con à l'arrière
Empoté
Dans mon costume militaire
Toi au premier rendez-vous
Si le cliché est flou
Ma main tremblait sans doute
Toi dans l'église à Neuilly
Le jour où sur un "oui"
Dieu unissait nos routes
Alléluia!
Bénis soient tes parents
Qui ont pendant des ans
Grâce à Nycéphore Niepce
Eu le brillant réflexe
De composer pour moi
L'album de toi
Toi férue d'écologie
Défilant dans Paris
Pour sauver la planète
Toi coquine, toi coquette
Une nuit
De quatorze juillet en fête
Toi débarquant à Roissy
De vacances de ski
La jambe dans le plâtre
Toi rêveuse devant l'âtre
Très diva
Très héroïne de théâtre
Toi dans de larges atours
Posant avec humour
Belle dans ta grossesse
Toi serrant sur ton sein lourd
Le fruit de notre amour
Six livres de tendresse
Et je suis là
Qui colore en rêvant
Ces revues en noir et blanc
D'un beau livre d'images
Et que page après page
Vient enrichir pour moi
L'album de toi
Toi que divers objectifs
Ont saisi sur le vif
Depuis ta prime enfance
Au grés des circonstances
Pour porter jusqu'à moi
L'album de toi