La bohème
Paroles: Jacques Plante. Musique: Charles Aznavour 1965 "Monsieur Carnaval"
autres interprètes: Georges Guétary (1966), Les enfoirés (2000)
note: Titre tiré de l'opérette "Monsieur Carnaval".
Je vous parle d'un temps
Que les moins de vingt ans
Ne peuvent pas connaître
Montmartre en ce temps-là
Accrochait ses lilas
Jusque sous nos fenêtres
Et si l'humble garni
Qui nous servait de nid
Ne payait pas de mine
C'est là qu'on s'est connu
Moi qui criait famine
Et toi qui posais nue
La bohème, la bohème
Ça voulait dire on est heureux
La bohème, la bohème
Nous ne mangions qu'un jour sur deux
Dans les cafés voisins
Nous étions quelques-uns
Qui attendions la gloire
Et bien que miséreux
Avec le ventre creux
Nous ne cessions d'y croire
Et quand quelque bistro
Contre un bon repas chaud
Nous prenait une toile
Nous récitions des vers
Groupés autour du poêle
En oubliant l'hiver
La bohème, la bohème
Ça voulait dire tu es jolie
La bohème, la bohème
Et nous avions tous du génie
Souvent il m'arrivait
Devant mon chevalet
De passer des nuits blanches
Retouchant le dessin
De la ligne d'un sein
Du galbe d'une hanche
Et ce n'est qu'au matin
Qu'on s'asseyait enfin
Devant un café-crème
Epuisés mais ravis
Fallait-il que l'on s'aime
Et qu'on aime la vie
La bohème, la bohème
Ça voulait dire on a vingt ans
La bohème, la bohème
Et nous vivions de l'air du temps
Quand au hasard des jours
Je m'en vais faire un tour
A mon ancienne adresse
Je ne reconnais plus
Ni les murs, ni les rues
Qui ont vu ma jeunesse
En haut d'un escalier
Je cherche l'atelier
Dont plus rien ne subsiste
Dans son nouveau décor
Montmartre semble triste
Et les lilas sont morts
La bohème, la bohème
On était jeunes, on était fous
La bohème, la bohème
Ça ne veut plus rien dire du tout
La critique
Paroles: Charles Aznavour. Musique: Charles Aznavour 2003 "Je voyage"
Ils sont là tranquilles
Sans la moindre bile
Lorsque l'on panique
Et que mort de trac
Tous nos membres claquent
Devant le public
Avec un air sombre
Ils guettent dans l'ombre
Armés d'un stylo
Quoi qu'on dise ou fasse
De notre cuirasse
Le moindre défaut
De gauche ou de droite
Ceux que l'on mandate
Pour faire un papier
N'ont je le présume
Pas trempé leur plume
Dans un bénitier
Et que peut-on faire
Pauvre pot de terre
Vulnérable et seul
Lorsque l'on en crève
Rengainer ses rêves
Et fermer sa gueule
La critique, la critique
On a beau dire au fond
Que l'on s'en contrefout
La critique, la critique
Vous détruit le moral et vous
En fout un coup
Frappé de névrose
En lisant ces proses
Qui sauf exception
Ressemblent oh surprise
A des entreprises
De démolition
Si certains paniquent
Et neurasthéniques
Consultent des psys
D'autres se libèrent
Remuent ciel et terre
Etant Dieu merci
Du genre opiniâtre
Sont prêts à se battre
Et pour être mieux
Cherchent un autre style
Changent de profil
Plantent des cheveux
Ça ne change guère
Il reste une guerre
De papier journal
Fait de mots qui touchent
Là où ça fait mouche
Là où ça fait mal
La critique, la critique
On a beau dire au fond
Que l'on s'en contrefout
La critique, la critique
Vous détruit le moral et vous
En fout un coup
Sorti du calvaire
Des années galères
De crève-la-faim
Des galas sordides
Des soirées à bides
Lorsqu'on voit enfin
Son nom qui se niche
En haut de l'affiche
Ça fait chaud au coeur
Puis vient la première
Où faut se les faire
Contrôlant sa peur
Après la soirée
Les dés sont jetés
Déjà dans le hall
C'est fait de silence
Inquiétant et dense
Miel ou vitriol
Que ce soit le sacre
Ou bien le massacre
Faudra faire avec
Se dit en coulisses
L'artiste au supplice
Sans un poil de sec
La critique, la critique
On a beau dire au fond
Que l'on s'en contrefout
La critique, la critique
Vous détruit le moral et vous
En fout un coup
Mais dis-toi que puisque
Tu as pris tes risques
T'as choisi ton bord
Il te faut admettre
Que le sien est d'être
Même s'il a tort
Celui qui informe
Même s'il déforme
Souvent ta pensée
Chacun sa manière
Et son savoir-faire
Chacun son métier
Les articles passent
D'autres prennent place
Dans les quotidiens
Ainsi va la vie
Nul ne s'en soucie
Nul ne s'en souvient
Quand l'artiste en scène
Joue et se démène
Rien n'est important
Adieu la critique
Salut le public
Bravo le talent
La critique, la critique
Qu'elle vous porte aux nues
Ou en trois mots vous tue
La critique, la critique
Donne son unique opinion
Qu'est pas forcément du béton
En fin de compte, seul le public a raison
La dispute
Paroles: Charles Aznavour. Musique: Charles Aznavour 1981
Un mot amène un autre
Et d'un incident futile
On fait une énorme faute
Qui met l'amour en péril
Tout nous remonte en mémoire
Le ton monte jusqu'aux cris
Et de très vieilles histoires
Reviennent sur le tapis
Aveuglé par la colère
Ne pouvant se retenir
Chacun pleure sa misère
Chacun se dit un martyr
Et les choses s'enveniment
Nul ne veut faire un effort
Les deux se disant victimes
Hurlent de plus en plus fort
Quand soudain les larmes perlent
On se mouche bruyamment
Et l'on repart de plus belle
Les yeux injectés de sang