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Deux pigeons s'aimaient d'amour tendre Mais l'un d'eux a quitté leur toit Qu'ils sont longs les jours de l'attente Et longues sont les nuits sans toi
Un pigeon regrettait son frère Moi je regrette mon bel amour Comme lui j'attends un bruit d'ailes Le doux bruit d'ailes de son retour
J'ai laissé partir avec elle Le bonheur qui nous était dû Sur le chemin du temps perdu

Les émigrants

Paroles: Charles Aznavour, Jacques Plante. Musique: Charles Aznavour 1986

Comment crois-tu qu'ils sont venus? Ils sont venus, les poches vides et les mains nues Pour travailler à tours de bras Et défricher un sol ingrat
Comment crois-tu qu'ils sont restés? Ils sont restés, en trimant comme des damnés Sans avoir à lever les yeux Pour se sentir tout près de Dieu
Ils ont vois-tu, plein de ferveur et de vertu Bâti un temple à temps perdu
Comment crois-tu qu'ils ont tenu? Ils ont tenu, en étant croyants et têtus Déterminés pour leurs enfants À faire un monde différent Les émigrants
Comment crois-tu qu'ils ont mangé? Ils ont mangé, cette sacré vache enragée Qui vous achève ou vous rend fort Soit qu'on en crève ou qu'on s'en sort
Comment crois-tu qu'ils ont aimé? Ils ont aimé, en bénissant leur premier né En qui se mélangeait leurs sangs Leurs traditions et leurs accents
Ils ont bientôt, créé un univers nouveau Sans holocauste et sans ghettos
Comment crois-tu qu'ils ont gagné? Ils ont gagné, quand il a fallu désigner Des hommes qui avaient du cran Ils étaient tous au premier rang Les émigrants
Comment crois-tu qu'ils ont souffert? Ils ont souffert, certains en décrivant l'enfer Avec la plume ou le pinceau Ça nous a valu Picasso
Comment crois-tu qu'ils ont lutté? Ils ont lutté, en ayant l'amour du métier Jusqu'à y sacrifier leur vie Rappelez-vous Marie Curie Avec leurs mains Ils ont travaillé pour demain Servant d'exemple au genre humain
Comment crois-tu qu'ils ont fini? Ils ont fini, laissant un peu de leur génie Dans ce que l'homme a de tous temps Fait de plus beau fait de plus grand Les émigrants

Les enfants de la guerre

Les enfants de la guerre Ne sont pas des enfants Ils ont l'âge de pierre du fer et du sang Sur les larmes de mères Ils ont ouvert les yeux Par des jours sans mystère Et sur un monde en feu
Les enfants de la guerre Ne sont pas des enfants Ils ont connu la terre A feu et à sang Ils ont eu des chimères Pour aiguiser leur dents Et pris des cimetières Pour des jardins d'enfants
Ces enfants de l'orage Et des jours incertains Qui avaient le visage Creusé par la faim Ont vieilli avant l'âge Et grandi sans secours Sans toucher l'héritage Que doit léguer l'amour
Les enfants de la guerre Ne sont pas des enfants Ils ont vu la colère Étouffer leurs chants Ont appris à se taire Et à serrer les poings Quand les voix mensongères Leur dictaient leur destin
Les enfants de la guerre Ne sont pas des enfants Avec leur mine fière Et leurs yeux trop grand Ils ont vu la misère Recouvrir leurs élans Et des mains étrangères Égorger leurs printemps
Ces enfants sans enfance Sans jeunesse et sans joie Qui tremblaient sans défense De peine et de froid Qui défiaient la souffrance Et taisaient leurs émois Mais vivaient d'espérance Sont comme toi et moi
Des amants de misère De malheureux amants Aux amours singulières Aux rêves changeants Qui cherchent la lumière Mais la craignent pourtant Car Les amants de la guerre Sont restés des enfants

Les filles d'aujourd'hui

Paroles et Musique: Charles Aznavour 1965 "Aznavour 65"

note: réenregistré en 1969 avec des variantes, voir ci-dessous

Quand en plein été, vos tricots collés dessinent Toutes vos valeurs, faisant de vous des ondines Je sens malgré moi se découvrir mes canines Ô filles d'aujourd'hui, femmes de demain
En voyant rouler la boîte à trésors étanche De vos pantalons qui cernent si fort vos hanches J'ai l'âme, l'esprit, le cœur, le corps qui flanchent Ô filles d'aujourd'hui, femmes de demain
Je me sens inexorablement Attiré par vous comme par un aimant
Lorsque nous dansons, tout mon univers s'écroule Car votre parfum, qui devient mon air, me saoule Et ma peau soudain se transforme en chair de poule Ô filles d'aujourd'hui, femmes de demain
Un tel appétit de vous posséder m'anime Que je suis toujours un peu, je le sais, victime D'une envie de vous qui me pousserait au crime Ah, filles d'aujourd'hui, femmes de demain
Mon cœur affamé qu'un désir brûlant chatouille Pour vous conquérir, de petits présents se mouille Pour en arriver à rentrer pourtant bredouille Ô filles d'aujourd'hui, femmes de demain
Mais vous vous moquez de mon ardeur Et m'en faites voir de toutes les couleurs Et, jour après jour, mille et mille fois, on ose Croyant qu'il n'y a pas d'épine à vos roses Vous parler d'amour en espérant quoi? La chose Ah, filles d'aujourd'hui, femmes de demain
L'homme qui se croit est, à mon avis, stupide Car, quoi qu'il en soit, c'est la femme qui décide Quand vous n'aimez pas, même un roi subit le bide Oui, filles d'aujourd'hui, femmes de demain
Et quand vous voulez, telle une araignée, géniales Petit à petit, pour nous, vous tissez la toile Qui va nous serrer jusqu'à la curée nuptiale Ô filles d'aujourd'hui, femmes de demain