Moi je vis en banlieue, de ces lieux qui s'enflamment
Où les nerfs sont à vifs pour un oui, pour un non
Où l'on se sent piégé avec des états d'âme
Et l'on fait des bêtises à tort ou à raison,
Je suis né au milieu d'un monde hétéroclite
Où s'affrontent des bandes et se forment des clans
Jeunesse désœuvrée qui chahute et s'agite
Dans des couloirs crasseux, terrains de jeux d'enfants
A gauche ou bien à droite, où est la différence?
Dans leurs discours pompeux pour récolter des voix
Ils parlent abondamment d'égalité des chances
Employant sans vergogne la langue de bois
Quand on cherche un emploi, c'est la croix, la bannière
Souvent je rentre tard, profil bas, déprimé
Même avec bac plus deux, il n'y a rien à faire
On juge sur la gueule, pas les capacités
Moi je vis en banlieue depuis ma prime enfance
J'ai fréquenté la rue et fait le coup de poing
Avant que, pour mon cœur, un jour tourne la chance
Et que l'amour m'accroche au détour du chemin
Marie-Jo est du Nord, elle est blonde et l'on s'aime
Elle adore mon teint autant que le soleil
Notre amour bicolore pour nous est sans problème
Quand l'été, elle bronze, on est presque pareil
A l'université, sur le banc, côte à côte
Nos yeux se sont croisés pendant les cours d'anglais
De flirt en amour fou, ce n'est pas une faute
Nos cœurs ont jeté l'ancre et formé des projets
Trouver un bon emploi, fonder une famille
Voir naître nos enfants, bronzés et les yeux bleus
Bien sûr le choix du roi, un garçon, une fille
Dénicher un appart' et quitter la banlieue
Et quitter la banlieue
Oui, quitter la banlieue
La banlieue.
Mon ami, mon Judas
Paroles et Musique: Charles Aznavour 1980 "Autobiographie"
Il n'est jamais aisé de juger sur la mine
Nous ne choisissons pas, on est choisi par eux
Qui se font une tête d'imbécile heureux
Et nous donnent le change en mettant la sourdine
Toujours là, toujours prêts, disponibles et serviables
Nageant comme un poisson dans la compromission
Un sourire accroché à cet air voulu con
Qui cache adroitement un autre air implacable
Mon ami, mon Judas
Joue le jeu, ne te gêne pas
Courtise-moi, fais des courbettes
Jure que tu es mon ami
Dévoué, sincère et honnête
Que c'est à la mort, à la vie
Fais-toi tout humble et tout sourire
Dis-moi que j'ai un charme fou
Que j'ai de la classe et du goût
Et passe la brosse à reluire
Ça ne te coûte pas un sou
Nous facilitant tout, nous évitant les drames
Ils sont, pour nous aider, prêts à n'importe quoi
Même complaisamment à nous border, parfois
S'ils nous trouvent au lit, couché avec leur femme
Prêts à veiller la nuit, prêts à danser la gigue
Pour mieux nous amuser, prêts à se mettre nus
Acceptant, s'il le faut, le coup de pied au cul
Se baissant gentiment pour pas qu'on se fatigue
Mon ami, mon Judas
Prends le physique de l'emploi
Flatte-moi de mon élégance
Dis-moi que je suis bon et beau
D'une étonnante intelligence
Que je choisis bien mon bordeaux
Mange mon caviar à la louche
Fume mes havanes au kilo
Et, tapi derrière mon dos,
Pense aux ristournes que tu touches
Et au prix de l'or en lingot
Mon ami, mon Judas
Dans l'ombre, joue avec ta proie
Tire adroitement les ficelles
Tu n'es pas bouffon, tu es roi
Je ne suis que polichinelle
Moi, doux rêveur et tête de bois
Cher profiteur et parasite
Lorsque mon temps sera passé
Le citron mille fois pressé
Vends-moi, trahis-moi au plus vite
Et va-t-en compter tes deniers
Mon ami, mon Judas
Fais ton métier, crucifie-moi!
Mon émouvant amour
Tu vis dans un silence éternel et muet,
où je traduis tes regards et lis dans tes sourires,
interprétant les mots que tes mains veulent dire
dans ton language étrange qui semble être un ballet…
Un émouvant ballet que tu règles pour moi
de gestes façinants qui ne sont jamais les mêmes
et quand du bout des doigts tu murmures je t'aime,
j'ai l'impression parfois comme entendre ta voix…
Mon amour, mon amour, mon amour,
mon émouvant amour, mon merveilleux amour, mon déchirant amour
Comme pour te parler, je manquai de moyens me trouvant près de toi,
comme en terre étrangère, ne pouvant me servir d'aucun vocabulaire,
à mon tour j'ai appris le langage des mains, tu ris un peu de moi,
car je suis maladroit, et fais souvent des gaffes,
je n'ai jamais été très fort en orthographe,
mais j'ai tant à te dire et je t'aime si fort…
Mon amour, mon amour, mon amour, mon émouvant amour,
mon merveilleux amour, mon déchirant amour… {x2}
Mourir d'aimer
Paroles et Musique: Charles Aznavour 1971
Les parois de ma vie sont lisses
Je m'y accroche mais je glisse
Lentement vers ma destinée
Mourir d'aimer
Tandis que le monde me juge
Je ne vois pour moi qu'un refuge
Toute issue m'étant condamnée
Mourir d'aimer
Mourir d'aimer
De plein gré s'enfoncer dans la nuit
Payer l'amour au prix de sa vie
Pécher contre le corps mais non contre l'esprit
Laissons le monde à ses problèmes
Les gens haineux face à eux-mêmes
Avec leurs petites idées
Mourir d'aimer
Puisque notre amour ne peut vivre
Mieux vaut en refermer le livre
Et plutôt que de le brûler
Mourir d'aimer
Partir en redressant la tête
Sortir vainqueur d'une défaite
Renverser toutes les données
Mourir d'aimer
Mourir d'aimer
Comme on le peut de n'importe quoi
Abandonner tout derrière soi
Pour n'emporter que ce qui fut nous, qui fut toi
Tu es le printemps, moi l'automne
Ton cœur se prend, le mien se donne
Et ma route est déjà tracée
Mourir d'aimer
Mourir d'aimer
Mourir d'aimer
Napoli chante
Paroles: Charles Aznavour. Musique: Georges Garvarentz 1992
Quand je te serre entre mes bras
Napoli chante
Napoli chante, rien que pour moi
Comme un guaglione en plein soleil
D'une vois pure et sans pareil
Ensorcelante
A mon oreille