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– En somme, interjeta Bruno, pensif, il n'y a jamais eu de communisme sexuel, mais simplement un système de séduction élargi.

– Ça oui… en convint la vieille croûte, de la séduction, y en a toujours eu.»

Tout cela n'était guère encourageant. Cependant on était le samedi, il allait y avoir de nouveaux arrivages. Bruno décida de se détendre, de prendre les choses comme elles viendraient, rock'n roll; moyennant quoi sa journée se déroula sans incident, et même à vrai dire sans le moindre événement. Vers onze heures du soir, il repassa devant le jacuzzi. Au-dessus du doux grondement de l'eau montait une faible vapeur, traversée par la lumière de la pleine lune. Il s'approcha silencieusement. Le bassin avait trois mètres de diamètre. Un couple était enlacé près du bord opposé; la femme semblait à cheval sur l'homme. «C'est mon droit…» pensa Bruno avec rage. Il retira rapidement ses vêtements, pénétra dans le jacuzzi. L'air nocturne était frais, l'eau par contraste d'une chaleur délicieuse. Au-dessus du bassin, des branches de pin entrelacées laissaient voir les étoiles; il se détendit un peu. Le couple ne faisait aucune attention à lui; la fille bougeait toujours au-dessus du type, elle commençait à gémir. On ne distinguait pas les traits de son visage. L'homme se mit lui aussi à respirer bruyamment. Les mouvements de la fille s'accélérèrent; un instant elle se rejeta en arrière, la lune éclaira brièvement ses seins; son visage était dissimulé par la masse de ses cheveux sombres. Puis elle se colla à son compagnon, l'entourant de ses bras; il respira encore plus fort, poussa un long grognement et se tut.

Ils restèrent enlacés deux minutes, puis l'homme se releva et sortit du bassin. Avant de se rhabiller, il déroula un préservatif de son sexe. Avec surprise, Bruno constata que la femme ne bougeait pas. Les pas de l'homme s'éloignèrent, le silence revint. Elle allongea les jambes dans l'eau. Bruno fit de même. Un pied se posa sur sa cuisse, frôla son sexe. Avec un léger clapotis, elle se détacha du bord et vint à lui. Des nuages voilaient maintenant la lune; la femme était à cinquante centimètres, mais il ne distinguait toujours pas ses traits. Un bras se plaça sous le haut de ses cuisses, l'autre enlaça ses épaules. Bruno se blottit contre elle, le visage à hauteur de sa poitrine; ses seins étaient petits et fermes. Il lâcha le bord, s'abandonnant à son étreinte. Il sentit qu'elle revenait vers le centre du bassin, puis commençait à tourner lentement sur elle-même. Les muscles de son cou se relâchèrent brusquement, sa tête devint très lourde. La rumeur aquatique, faible en surface, se transformait quelques centimètres plus bas en un puissant grondement sous-marin. Les étoiles tournaient doucement à la verticale de son visage. Il se détendit entre ses bras, son sexe dressé émergea à la surface. Elle déplaça légèrement ses mains, il sentait à peine leur caresse, il était en apesanteur totale. Les longs cheveux frôlèrent son ventre, puis la langue de la fille se posa sur le bout de son gland. Tout son corps frémit de bonheur. Elle referma ses lèvres et lentement, très lentement, le prit dans sa bouche. Il ferma les yeux, parcouru de frissons d'extase. Le grondement sous-marin était infiniment rassurant. Lorsque les lèvres de la fille atteignirent la racine de son sexe, il commença à sentir les mouvements de sa gorge. Les ondes de plaisir s'intensifièrent dans son corps, il se sentait en même temps bercé par les tourbillons sous-marins, il eut d'un seul coup très chaud. Elle contractait doucement les parois de sa gorge, toute son énergie afflua d'un seul coup dans son sexe. Il jouit dans un hurlement; il n'avait jamais éprouvé autant de plaisir.

7 Conversation de caravane

La caravane de Christiane était à une cinquantaine de mètres de sa tente. Elle alluma en entrant, sortit une bouteille de Bushmills, emplit deux verres. Mince, plus petite que Bruno, elle avait dû être très jolie; mais les traits de son visage fin étaient flétris, légèrement couperosés. Seule sa chevelure restait splendide, soyeuse et noire. Le regard de ses yeux bleus était doux, un peu triste. Elle pouvait avoir quarante ans.

«De temps en temps ça me prend, je baise avec tout le monde, dit-elle. Pour la pénétration, je demande juste un préservatif.»

Elle humecta ses lèvres, but une gorgée. Bruno la regarda; elle ne s'était rhabillée qu'en haut, elle avait passé un sweat-shirt gris. Son mont de Vénus avait une jolie courbure; malheureusement, les grandes lèvres étaient un peu pendantes.

«J'aimerais te faire jouir aussi, dit-il.

– Prends ton temps. Bois ton verre. Tu peux dormir

ici, il y a de la place…» Elle montra le lit double.

Ils discutèrent du prix de location des caravanes. Christiane ne pouvait pas faire de camping, elle avait un problème de dos. «Assez grave, dit-elle. La plupart des hommes préfèrent les pipes, dit-elle encore. La pénétration les ennuie, ils ont du mal à bander. Mais quand on les prend dans la bouche ils redeviennent comme de petits enfants. J'ai l'impression que le féminisme les a durement atteints, plus qu'ils n'ont voulu l'avouer.

– Il y a pire que le féminisme…» fit sombrement Bruno. Il vida la moitié de son verre avant de se décider à poursuivre: «Tu connais le Lieu depuis longtemps?

– Pratiquement depuis le début. J'ai cessé de venir quand j'étais mariée, maintenant je reviens deux ou trois semaines par an. Au départ c'était plutôt un endroit alternatif, nouvelle gauche; maintenant c'est devenu New Age; ça n'a pas tellement changé. Dans les années soixante-dix on s'intéressait déjà aux mystiques orientales; aujourd'hui, il y a toujours un jacuzzi et des massages. C'est un endroit agréable, mais un peu triste; il y a beaucoup moins de violence qu'au-dehors. L'ambiance religieuse dissimule un peu la brutalité des rapports de drague. Il y a cependant des femmes qui souffrent, ici. Les hommes qui vieillissent dans la solitude sont beaucoup moins à plaindre que les femmes dans la même situation. Ils boivent du mauvais vin, ils s'endorment et leurs dents puent; puis ils s'éveillent et recommencent; ils meurent assez vite. Les femmes prennent des calmants, font du yoga, vont voir des psychologues; elles vivent très vieilles et souffrent beaucoup. Elles vendent un corps affaibli, enlaidi; elles le savent et elles en souffrent. Pourtant elles continuent, car elles ne parviennent pas à renoncer à être aimées. Jusqu'au bout elles sont victimes de cette illusion. À partir d'un certain âge, une femme a toujours la possibilité de se frotter contre des bites; mais elle n'a plus jamais la possibilité d'être aimée. Les hommes sont ainsi, voilà tout.

– Christiane, dit doucement Bruno, tu exagères…

Par exemple, maintenant, j'ai envie de te faire plaisir.

– Je te crois. J'ai l'impression que tu es plutôt un

homme gentil. Égoïste et gentil.»

Elle ôta son sweat-shirt, s'allongea au travers du lit, posa un oreiller sous ses fesses et écarta les cuisses. Bruno lécha d'abord assez longuement le pourtour de sa chatte, puis excita le clitoris à petits coups de langue rapides. Christiane expira profondément. «Enfonce un doigt…» dit-elle. Bruno obéit, se tourna pour continuer à lécher Christiane tout en lui caressant les seins. Il sentit les mamelons se durcir, releva la tête. «Continue, s'il te plaît…» demanda-t-elle. Il replaça sa tête plus confortablement et caressa le clitoris de l'index. Ses petites lèvres commençaient à gonfler. Pris d'un mouvement de joie, il les lécha avec avidité. Christiane poussa un gémissement. L'espace d'un instant il revit la vulve, maigre et ridée, de sa mère; puis le souvenir s'effaça, il continua à masser le clitoris de plus en plus vite tout en léchant les lèvres à grands coups de langue amicaux. Son ventre se couvrait d'une rougeur, elle haletait de plus en plus fort. Elle était très humide, agréablement salée. Bruno fit une brève pause, introduisit un doigt dans l'anus, un autre dans le vagin et commença à lécher le clitoris du bout de la langue, à petits coups très rapides. Elle jouit paisiblement, avec de longs soubresauts. Il demeura immobile, le visage contre sa vulve humide, et tendit les mains vers elle; il sentit les doigts de Christiane se refermer sur les siens. "Merci» dit-elle. Puis elle se releva, enfila son sweat-shirt et remplit à nouveau leurs verres.