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— Y a personne qu’en revient, du Mur.

— Toi si. Tu n’auras rien d’autre à faire là-bas que d’y tuer un garçon.

— C’est qui, ce garçon ?

— Un petit bâtard ligué avec Stannis. Un jeunot, un bleu, et tu auras une centaine d’hommes avec toi. »

Potaunoir avait peur, elle le sentit à l’odeur qui émanait de lui, mais il était trop orgueilleux pour en faire l’aveu. Les hommes sont tous pareils.

« Des garçons, j’en ai tué plus que je peux compter, fanfaronna-t-il. Une fois que çui-là est mort, j’aurais mon pardon du roi ?

— Oui, plus une seigneurie. » A moins que les frères de Snow ne te pendent d’abord. « Une reine doit avoir un consort. Un qui ne connaisse pas la peur.

— Lord Potaunoir ? » Un sourire envahit lentement sa figure, et ses cicatrices prirent un rouge flamboyant. « Ouais, ça sonne plutôt plaisant. Seigneurial à souhait…

— … et séant pour coucher avec une reine. »

Il fronça les sourcils. « ’l est froid, le Mur.

— Et je suis chaude, moi. » Elle lui noua le cou dans ses bras. « Baise une fillette et tue un gamin, et je suis à toi. Tu as le courage ? »

Osney réfléchit quelques secondes avant de hocher la tête. « Je suis votre homme.

— Vous l’êtes, ser. » Elle l’embrassa, lui permit de prendre un modeste avant-goût de langue puis se dégagea. « Suffit pour maintenant. Le reste doit attendre. Tu rêveras de moi, cette nuit ?

— Ouais. » Il avait la voix rauque.

« Et quand tu seras au plumard avec notre Margaery la Pucelle ? demanda-t-elle d’un ton taquin. Quand tu seras en elle, tu rêveras de moi, alors ?

— Oui, de vous, jura Osney Potaunoir.

— Bon ! »

Après qu’il se fut retiré, Cersei convoqua Jocelyn et, pendant qu’elle se faisait donner un coup de brosse, elle enleva ses chaussures et s’étira comme un chat. J’étais décidément faite pour ce métier-là, se dit-elle. Le plus grand plaisir qu’il lui procurait était la suprême élégance avec laquelle elle l’exerçait. Mace Tyrell lui-même n’oserait pas défendre sa fille bien-aimée si celle-ci se faisait pincer en flagrant délit avec l’acabit d’un Osney Potaunoir, et ni Stannis Baratheon ni Jon Snow n’auraient de motif de se demander pourquoi le Mur héritait du galant. Elle veillerait d’ailleurs à ce que ce soit ser Osmund qui découvre le pot aux roses ; de cette manière, la loyauté des deux autres frères Potaunoir n’aurait à souffrir aucune espèce de contestation. Si Père pouvait seulement me voir, maintenant, il ne parlerait plus si précipitamment de se débarrasser de moi par un remariage. Dommage qu’il soit si bel et bien mort. Lui et Robert, Jon Arryn, Ned Stark, Renly Baratheon, tous morts. Il ne reste plus que Tyrion, et pas pour longtemps.

Ce soir-là, elle manda lady Merryweather dans sa chambre à coucher. « Que diriez-vous de boire une coupe de vin ? lui demanda-t-elle.

— Une petite, alors. » La Myrienne se mit à rire. « Une grande.

— Je souhaite que demain matin vous alliez rendre une visite à ma belle-fille, reprit la reine pendant que Dorcas lui passait sa toilette de nuit.

— Lady Margaery est toujours heureuse de me voir.

— Je sais. » Elle ne manqua pas de remarquer de quel titre se servait Taena pour qualifier la jeune épouse de Tommen. « Veuillez l’aviser que j’ai fait parvenir sept cierges en cire d’abeille au Septuaire de Baelor, afin de célébrer la mémoire de notre regretté Grand Septon. »

Taena se remit à rire. « Dans ce cas, elle va vouloir y faire parvenir soixante-dix-sept cierges de son propre cru, de manière à ne pas se laisser surclasser en regrets !

— Je serai très fâchée si elle n’en fait rien, répliqua Cersei en souriant. Avisez-la aussi qu’elle a un secret admirateur, un chevalier si violemment épris de sa beauté qu’il en a perdu le sommeil.

— Me serait-il permis de demander à Votre Grâce quel chevalier ? » La malignité fit pétiller les grands yeux sombres de Taena. « S’agirait-il de ser Osney, des fois ?

— Cela se pourrait, dit la reine, mais gardez-vous d’offrir spontanément ce nom. Laissez-la vous tirer les vers du nez. Aurez-vous l’amabilité de faire cela ?

— Si tel est votre désir. Je n’en ai pas d’autre que de complaire à Votre Grâce. »

A l’extérieur se levait un vent froid. Elles veillèrent jusqu’à une heure avancée de la nuit, à boire du La Treille auré tout en se racontant mutuellement des histoires. Taena finit par être tout à fait ivre, et Cersei par lui dérober le nom de son mystérieux amant. C’était un Myrien, capitaine de la marine marchande, à moitié pirate, aux cheveux noirs cascadant jusqu’à ses épaules, et dont une cicatrice barrait la figure de l’oreille jusqu’au menton. « Cent fois, je lui ai dit non, et lui disait oui, confia la belle, si bien qu’à la fin j’ai dit oui moi-même. Il n’était pas le genre d’homme auquel on peut se refuser.

— Je connais ce genre-là, dit la reine avec un sourire mi-figue mi-raisin.

— Votre Grâce a-t-elle jamais pratiqué un homme comme ça ? Je serais curieuse de le savoir…

— Robert », mentit Cersei, qui pensait à Jaime.

Et néanmoins, quand elle ferma les yeux, ce fut de son autre frère qu’elle rêva, ainsi que des trois bougres d’imbéciles en compagnie desquels elle avait entamé sa journée. Dans son rêve, c’était bien la tête de Tyrion qu’ils lui apportaient dans leur sac. Elle l’avait fait couler dans le bronze et la conservait dans son pot de chambre.

LE CAPITAINE DE FER

Le vent soufflait du nord quand Le Fer vainqueur contourna la pointe du cap et pénétra dans la baie sacrée dénommée Berceau de Nagga. Victarion rejoignit à sa proue Nutt le Barbier. Devant leurs yeux s’étendait le rivage sanctifié de Vieux Wyk au-dessus duquel se dressait la colline herbeuse d’où jaillissaient les côtes de Nagga, tels de gigantesques troncs d’arbres blancs, aussi massifs que des mâts de frégates et deux fois plus hauts.

Les ossements de la résidence du Roi Gris. Victarion percevait nettement la puissance magique des lieux. « Balon se tenait au pied de ces ossements, lorsqu’il se proclama roi pour la première fois, remémora-t-il. Il fit serment de nous reconquérir nos libertés, et Tarle Triplenoyé plaça sur sa tête une couronne de bois flotté. « BALON, criait-on, BALON ! BALON ROI ! »

« On va crier votre nom aussi fort », affirma Nutt.

Victarion acquiesça d’un hochement de tête, bien qu’il ne partageât pas la certitude du Barbier. Balon avait trois fils, plus une fille qu’il aimait beaucoup.

Il n’avait d’ailleurs fait aucun mystère de ses réserves à ses capitaines, à Moat Cailin, dès l’instant où ils l’avaient pressé de revendiquer le Trône de Grès. « Les fils de Balon sont morts, avait fait valoir Ralf le Rouge de Maisonpierre, et Asha est une femme. Vous étiez le vigoureux bras droit de votre frère, vous devez ramasser l’épée qu’il a laissée tomber. » Lorsque Victarion leur avait rappelé que les ordres formels de Balon étaient qu’il tienne Moat Cailin contre les Nordiens, Ralf Kenning avait objecté : « Les loups sont débandés, messire. Quel intérêt y a-t-il à conquérir ce marécage et à perdre les îles ? » Et Ralf le Boiteux d’ajouter : « L’Œil-de-Choucas est absent depuis trop longtemps. Il ne nous connaît pas du tout. »

Euron Greyjoy, Roi des Iles et du Nord.Cette idée réveilla dans son cœur une vieille hargne, et néanmoins…