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— Hélas, balbutia Fernand, il nous a dit qu’ils nous retrouverait, et les promesses de Fantômas se réalisent toujours.

— Bien, déclara Juve, qui ajouta :

— Je vais vous laisser en liberté provisoire, mais à une condition : c’est que vous m’appartiendrez corps et âme et que vous serez des alliés toujours à mes ordres pour opérer la découverte et la capture de l’infâme bandit.

Alice et Fernand n’en croyaient pas leurs oreilles ! Ils se jetèrent aux pieds du policier :

— Merci, s’écrièrent-ils, merci ! Nous vous sommes dévoués pour toujours !

Cependant, Juve s’était tourné vers Fandor, il lui étreignait les mains. Et d’une voix qui vibrait d’une énergie soudaine, le grand policier articula :

— L’heure est proche, désormais, je le sens, où nous tiendrons Fantômas !

FIN

[1] - Voir L’Assassin de lady Beltham (Fantômas N° 18).

[2] - La Compagnie nationale de l’Ouest-État fut créée 18 novembre 1908, avec le matériel de l’ancienne Compagnie des chemins de fer de l’Ouest. Elle dura jusqu’à la création de la SNCF en 1938. Le mauvais état du matériel et du réseau et l’incompétence des dirigeants étaient cause de nombreux accidents et dysfonctionnements. Rémy de Gourmont écrivait en 1908 : Il y a quelque chose de pourri sur le réseau de l’Ouest. À chaque instant ce sont des collisions…. On chantait en 1911, sur l’air de Cadet Rousselle, une savoureuse chanson satirique : L’Ouest-État n’a qu’trois wagons / Trois vieux wagons qui puent l’goudron. / Un wagon d’queue qu’a pas d’portière, / Les autr’ qui font mal au derrière : / Tiens ! Assieds-toi là-dessus / Ça te rétam’ra l’cubitus. (…) Bref l’Ouest-État tue sans émoi / Un’ centain’ de personnes par mois. / Et on veut coffrer les apaches / Parc’ qu’ils ont crié « Mort aux vaches ! » / S’il faut user du fouet / C’est l’Ouest-État qu’il faut fouetter !

[3] - Une paille est défaut de liaison dans la fusion des métaux. Cette imperfection pouvait faire soupçonner une fausse pièce de monnaie.

[4] - Allusion au meurtre en 1889 de l’huissier de Justice Toussaint-Auguste Gouffé, dont le cadavre fut transporté dans une malle. L’affaire à rebondissements de la Malle sanglante de Millery passionna longtemps l’opinion publique, et l’identification du corps par le professeur Lacassagne est considérée comme l’une des premières grandes victoires de la police scientifique, encore balbutiante à l’époque. L’assassin, Michel Eyraud, fut guillotiné le 3 février 1891. Sa complice, Gabrielle Bompart, fut condamnée à 20 ans de bagne, mais fut libérée au bout de huit ans.

[5] - Voir La guêpe rouge (Fantômas N° 19).

[6] - Cette règle avait été édictée par des arrêtés des 7 janvier 1830 et 8 avril 1845. Pour obtenir son inscription au barreau, l’avocat devait justifier qu’il était logé dans ses meubles et dans une maison convenable. On pouvait toutefois faire une exception à la règle si le postulant habitait chez ses père et mère, ou chez un proche parent, tel un oncle, ou même un ami de la famille. Le but de cette prescription était la nécessité d’apporter la garantie d’un domicile et d’une adresse certaine.

[7] - Abréviation du boulevard Saint-Michel, dans le Quartier Latin, quartier des étudiants, agrémenté d’innombrables cafés et fréquenté, de jour comme de nuits, par de turbulents jeunes gens et d’innombrables jolies filles plus ou moins farouches.

[8] - Il s’agit certainement de l’Abbaye de Thélème, restaurant chic situé au 1, place Pigalle. C’était le rendez-vous nocturne de toutes les poules, cocottes, demi-mondaines, peu farouches avec les jeunes gens à la moustache naissante ou vieux messieurs très décorés. À l’Abbaye de Thélème, on dit la messe d’amour toute la nuit. L’Abbaye ne chaume jamais. (Guide des plaisirs à Paris, 1908).

[9] - Les cartes des inspecteurs de la préfecture de police étaient ovales, affectant la forme d’un œil, symbole de la police.

[10] - Voir La main coupée (Fantômas N° 10)

[11] - Nom donné au Dépôt du parquet où les prévenus attendaient un interrogatoire ou une comparution. L’endroit n’avait rien de confortable : Des cellules extrêmement étroites, qui ne sont éclairées et n’ont de jour que par les petits carreaux opaques de la porte et d’air que par un seul de ces trente-six carreaux ouvert. À l’intérieur, une fosse d’aisances pestilentielle. Et c’est tout. Laisser des gens toute la journée dans ces boîtes, en proie à l’anxiété d’un interrogatoire ou d’un jugement, c’est une torture répréhensible et inutile. (Le Palais de Justice de Paris, 1892, préfacé par Alexandre Dumas.)

[12] - Union illégitime de vieille date. (Dictionnaire du jargon parisien, 1878).

[13] - La basoche était le nom d’une très ancienne cour de justice qui réglait les différends entre les clercs. À l’époque moderne, le mot a pris un sens plus général pour désigner la communauté des gens de loi.

[14] - Dans les communes rurales, les cabines téléphoniques publiques étaient fermées les dimanches et jours fériés à partir de 10 ou 11 heures selon la saison. Fandor s’illusionnait peut-être sur la situation en Angleterre, pays protestant qui appliquait des règles particulièrement strictes quant au congé dominical.

[15] - Petite astuce pour se faire de la publicité, le numéro de téléphone 436 00 correspondait au siège de la revue Le Poids Lourd, revue mensuelle de la locomotion industrielle et des transports en commun, qui se trouvait au 1, rue Tardieu, publication que Pierre Souvestre avait créée en 1906 et qu’il dirigea jusqu’à sa mort en 1914. C’est donc son propre numéro de téléphone, professionnel tout au moins, que Souvestre avait attribué à son héros Juve. Et l’adresse du policier était très proche aussi des locaux du journaliste, puisque Juve demeurait au 3 ter, rue Tardieu (numéro qui, d’ailleurs, n’existe pas).

[16] - Propriété de la Compagnie des Wagons-Lits, le train de luxe Sud-Express fut mis en service le 5 novembre 1887. Il permettait de relier Londres à Lisbonne, en passant par Paris et Madrid, en 52 heures, au lieu de 72 heures précédemment.