Quelqu'un ralluma l'électricité.
Le vieillard me considérait avec des yeux flamboyants.
– Il est sauvé, s'écria-t-il; vous ne l'attraperez pas. Il est déjà loin… et victorieux… Der Schwarzstein ist in der Siegeskrone [8].
Ses yeux exprimaient plus que la simple joie du triomphe. Naguère encapuchonnés comme ceux d'un oiseau de proie, ils étincelaient à présent d'un orgueil farouche. Une éclatante flambée de fanatisme les emplissait, et je compris enfin quelle puissance formidable j'avais combattue. Cet homme était plus qu'un espion; c'était, à sa façon perverse, un patriote.
Tandis que les menottes se refermaient sur ses poignets, je lui lançai ce dernier trait:
– Je souhaite que Franz supporte bien sa victoire. Je dois vous dire que depuis une heure l’Ariadne est en notre pouvoir.
Six semaines plus tard, comme chacun sait, nous étions en guerre. Je m'engageai dès la première semaine dans l'armée nouvelle, où mon expérience acquise au Matabeleland me valut dès l'abord le grade de capitaine. Mais j'avais, je crois, fait ma vraie campagne avant de revêtir l'uniforme kaki.
(1915)