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L’ennui, c’est que le patron du golf miniature ne nous laisse pas jouer si on n’est pas accompagnés par une grande personne. Alors, avec Blaise, Fructueux, Mamert, qu’il est bête celui-là ! Irénée, Fabrice et Côme qui sont mes copains de l’hôtel, nous sommes allés demander à mon papa de venir jouer avec nous au golf miniature.

— Non, a dit papa qui lisait son journal sur la plage.

— Allez, quoi, soyez chouette pour une fois a dit Blaise.

— Allez, quoi ! Allez, quoi ! ont crié les autres et moi je me suis mis à pleurer et j’ai dit que puisque je ne pouvais pas jouer au golf miniature, je prendrai un pédalo et je partirai loin, très loin et on ne me reverrait jamais.

— Tu peux pas, m’a dit Mamert, mais qu’il est bête ! Pour louer un pédalo, il faut être accompagné par une grande personne.

— Bah, a dit Côme, qui m’énerve parce qu’il aime toujours se montrer, moi, j’ai pas besoin de pédalo, je peux aller très loin en faisant du crawl.

On était tous là à discuter autour de papa, et puis papa a chiffonné son journal, il l’a jeté sur le sable et il a dit :

— Bon, ça va, je vous emmène au golf miniature.

J’ai le papa le plus gentil du monde. Je le lui ai dit et je l’ai embrassé.

Le patron du golf miniature, quand il nous a vus, il n’avait pas tellement envie de nous laisser jouer. Nous on s’est mis à crier : « Allez, quoi ! Allez, quoi ! » et puis le patron du golf miniature a accepté, mais il a dit à papa de bien nous surveiller.

On s’est mis au départ du premier trou, celui qui est drôlement facile et papa, qui sait des tas de choses, nous a montré comment il fallait faire pour tenir le bâton.

— Moi je sais ! a dit Côme et il a voulu commencer à jouer, mais Fabrice lui a dit qu’il n’y avait pas de raison qu’il soit le premier.

— On n’a qu’à y aller par ordre alphabétique, comme à l’école, quand la maîtresse nous interroge, a dit Blaise ; mais moi j’étais pas d’accord, parce que Nicolas, c’est drôlement loin dans l’alphabet et à l’école c’est chouette, mais au golf miniature, c’est pas juste. Et puis, le patron du golf miniature est venu dire à papa qu’il faudrait que nous commencions à jouer, parce qu’il y avait des gens qui attendaient pour faire du golf miniature.

— C’est Mamert qui va commencer, parce que c’est le plus sage, a dit papa.

Et Mamert est venu, il a donné un coup de bâton terrible dans la balle qui a sauté en l’air, qui est passée par-dessus la grille et qui est allée taper contre une auto qui était arrêtée sur la route. Mamert s’est mis à pleurer et papa est allé chercher la balle.

Papa, il tardait un peu à revenir, parce que dans l’auto arrêtée il y avait un monsieur, et le monsieur est sorti de l’auto et il s’est mis à parler avec papa en faisant des tas de gestes et il y a des gens qui sont venus pour les regarder et qui rigolaient.

Nous, on voulait continuer à jouer, mais Mamert était assis sur le trou, il pleurait et il disait qu’il ne se lèverait pas tant qu’on ne lui aurait pas rendu sa balle et qu’on était tous des méchants. Et puis, papa est revenu avec la balle et il n’avait pas l’air content.

— Essayez de faire un peu attention, il a dit papa.

— D’accord, a dit Mamert, passez-moi la balle. Mais papa n’a pas voulu, il a dit à Mamert que ça allait comme ça, qu’il jouerait un autre jour. Ça, ça ne lui a pas plu à Mamert qui a commencé à donner des coups de pied partout et qui s’est mis à crier que tout le monde profitait de lui et puisque c’était comme ça, il allait chercher son papa. Et il est parti.

— Bon, à moi, a dit Irénée.

— Non monsieur, a dit Fructueux, c’est moi qui vais jouer. Alors Irénée a donné un coup de bâton sur la tête de Fructueux et Fructueux a donné une claque à Irénée et le patron du golf miniature est venu en courant.

— Dites, a crié le patron du golf miniature à mon papa, enlevez d’ici votre marmaille, il y a des gens qui attendent pour jouer !

— Soyez poli, a dit papa. Ces enfants ont payé pour jouer, ils joueront !

— Bravo ! a dit Fabrice à papa, dites-y ! Et tous les copains étaient drôlement pour papa, sauf Fructueux et Irénée qui étaient occupés à se donner des coups de bâton et des claques.

— Ah, c’est comme ça, a dit le patron du golf miniature, et si j’appelais un agent ?

— Appelez-le, a dit papa, on verra à qui il donnera raison. Alors, le patron du golf miniature a appelé l’agent qui était sur la route.

— Lucien ! il a appelé le patron du golf miniature. Et l’agent est venu.

— Qu’est-ce qu’il y a Ernest ? il a demandé au patron du golf miniature.

— Il y a, a répondu le patron du golf miniature, que cet individu empêche les autres gens de jouer.

— Oui, a dit un monsieur, voilà une demi-heure que nous attendons pour faire le premier trou !

— A votre âge, a demandé papa, vous n’avez pas de choses plus intéressantes à faire ?

— De quoi ? a dit le patron du golf miniature, si le golf miniature ne vous plaît pas, ne dégoûtez pas les autres du golf miniature !

— Au fait, a dit l’agent, il y a un monsieur qui vient de porter plainte parce qu’une balle de golf miniature a rayé la carrosserie de sa voiture.

— Alors, on peut le faire ce premier trou, oui ou non ? a demandé le monsieur qui attendait.

Et puis, est arrivé Mamert avec son papa.

— C’est lui ! a dit Mamert à son papa en montrant mon papa.

— Eh bien, a dit le papa de Mamert, il paraît que vous empêchez mon fils de jouer avec ses petits camarades ? Et puis papa s’est mis à crier, et le patron du golf miniature s’est mis à crier, et tout le monde s’est mis à crier et l’agent donnait des coups de sifflet, et puis à la fin papa nous a fait tous sortir du golf miniature et Côme n’était pas content parce qu’il disait que pendant que personne ne le regardait il avait fait le trou en un seul coup, mais moi je suis sûr que c’est des blagues.

Comme on a bien rigolé, au golf miniature, on a décidé de revenir demain pour essayer le deuxième trou.

Ce que je ne sais pas, c’est si papa sera d’accord pour nous accompagner au golf miniature.

Non, le père de Nicolas n’a plus jamais voulu retourner au golf miniature, il est même pris d’une grande aversion pour le golf miniature, presque autant que pour le ragoût de l’hôtel Beau-Rivage. La mère de Nicolas a dit qu’il ne fallait pas faire de scandale au sujet du ragoût, et le père de Nicolas a répondu qu’au prix où était la pension, le scandale c’était de servir des choses pareilles à table. Et ce qui n’a rien arrangé, c’est qu’il s’est mis à pleuvoir de nouveau...

On a joué à la marchande

Ce qu’il y a avec les filles, c’est que ça ne sait pas jouer, ça pleure tout le temps et ça fait des histoires. A l’hôtel, il y en a trois.

Les trois filles qu’il y a à l’hôtel s’appellent Isabelle, Micheline et Gisèle. Gisèle, c’est la sœur de mon copain Fabrice et ils se battent tout le temps et Fabrice m’a expliqué que c’était très embêtant d’avoir une fille comme sœur et que si ça continuait, il allait quitter la maison.

Quand il fait beau et que nous sommes à la plage, les filles ne nous gênent pas. Elles jouent à des jeux bêtes, elles font des tas de pâtés, elles se racontent des histoires et puis avec des crayons, elles se mettent du rouge sur les ongles. Nous, avec les copains, on fait des choses terribles. On fait des courses, des galipettes, du foot, on nage, on se bat. Des choses chouettes, quoi.