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Il prit son courage à deux mains et avança de deux pas.

Le soldat reprit sa marche dès que Geary s’arrêta. Il progressait d’un pas ferme et régulier, jusqu’à se retrouver face à lui, une main tendue et la visière relevée. C’était une femme. Elle salua. « Major Problem, amiral. »

Il lui retourna son salut. « De quel problème voulez-vous p…

— Pardonnez-moi, amiral, mais c’est mon nom, l’interrompit-elle d’une voix résignée. Major Jan Problem.

— Je vois. Mes excuses, ajouta-t-il, incapable de trouver une réponse mieux adaptée.

— J’ai l’habitude. Plus ou moins. Que se passe-t-il, amiral ?

— Dites-le-moi. Que vous apprend votre cuirasse ? »

Elle montra les fusiliers d’un geste. « Forces hostiles. Contrez et désarmez.

— Comme vous voyez, ce sont des fusiliers de l’Alliance.

— Oui, amiral. Je m’en suis rendu compte. Je sais donc qu’ils ne devraient pas être hostiles, mais que, si je tente de les désarmer, ils risquent de se montrer très agressifs. Mon colonel nous a dit de tenir notre position jusqu’à nouvel ordre.

— Vous a-t-il donné une raison ?

— Oui, amiral. L’ordre de les maîtriser et de les désarmer est arrivé du commandant des forces terrestres du système de Varandal dans les deux minutes qui ont suivi le débarquement des vôtres sur Ambaru, mais nous savions que cet officier se trouvait sur la principale planète habitée, à cinq minutes-lumière. Notre général aurait dû mettre au moins dix minutes à vérifier ce qui se passait et à nous transmettre ses ordres. Mon colonel cherche à se faire confirmer leur provenance.

— Des ordres fallacieux ont aussi été émis au nom de l’amiral Timbal, l’informa Geary. Je peux vous assurer que nous ne sommes pas ici pour nous opposer à l’Alliance ni pour intervenir de quelque manière illégale que ce soit, mais parce que le logiciel d’Ambaru a été infecté dans son intégralité, votre cuirasse de combat comprise, par un logiciel malveillant qui altère de façon sélective l’image de vos senseurs, bloque et modifie les communications et cause peut-être d’autres dommages. Nous disposons de correctifs dont vous pourriez vous servir pour relancer vos systèmes et en reprendre pleinement le contrôle.

— C’est donc pour ça que les fusiliers ne nous répondent pas ? demanda le major Problem, les yeux écarquillés de surprise. Leurs coms sont trafiquées ?

— En réalité, les coms des fusiliers fonctionnent impeccablement. Ce sont les vôtres qui bloquent leurs transmissions, les miennes et celles de je ne sais qui d’autre.

— Excusez-moi, amiral. » La soldate dit quelques mots dans son système de com, écouta, reprit la parole, marqua une nouvelle pause puis marmotta sotto voce. « J’ai essayé de passer le mot à mon colonel, mais la communication a été coupée.

— Il va falloir le lui dire de vive voix, comme nous le faisons à présent.

— C’est les Syndics, hein, amiral ? Ils recommencent leurs saloperies. »

Geary inspira profondément avant de répondre. « Nous ne savons pas exactement qui en est responsable. Nous savons seulement que le logiciel hostile impliqué passe par des canaux officiels et dispose de tous les derniers codes d’accès approuvés. » Il lui présenta quelques clés de données. « Elles contiennent les correctifs logiciels dont vous avez besoin. »

Le major prit les clés et les lorgna d’un œil dubitatif. « Ne vont-elles pas altérer les mises à jour officielles ? Qui a autorisé ces correctifs, amiral ? Je sais que mon colonel voudra le savoir.

— Moi-même.

— Vous ne faites pas partie de notre chaîne de commandement, amiral, mais je laisserai à mon colonel le soin d’en décider. » Elle fronça les sourcils et tendit l’oreille pour écouter un message qui venait de lui arriver via le canal de sa cuirasse. « Nous venons de recevoir des ordres directs de l’amiral Timbal, amiral. Pas seulement adressés au colonel mais à nous tous.

— Ces ordres ne venaient pas de l’amiral Timbal, affirma Geary. Je n’ai pas pu le contacter moi-même depuis un bon moment. Tant que je ne lui aurai pas parlé face à face, je ne croirai aucun des messages que je reçois, même s’ils portent les bons codes d’authentification.

— Je transmettrai aussi cela. Avec votre permission, amiral, je vais rejoindre mes forces et informer personnellement mon colonel de ce que vous m’avez appris.

— Le plus tôt sera le mieux », déclara Geary en rendant son salut au major.

Il instruisit le général Carabali et Desjani de ce qu’on lui avait confié en même temps qu’il regardait le major rejoindre ses lignes d’un pas vif. « Assurez-vous que les fusiliers sachent que les forces terrestres n’ont pas l’intention d’avancer et qu’ils ne doivent en aucun cas les cibler. Je ne voudrais pas qu’on blesse accidentellement le major Problem.

— Si j’étais le major Problem, je me ferais bombarder commandant aussitôt que possible. Les forces terrestres ont l’air de gérer cette affaire avec un grand professionnalisme, mais je détecte autre chose dans leur comportement.

— Quoi donc ?

— Un peu comme si elles ne se fiaient déjà pas entièrement à leurs senseurs avant cette entrevue. Elles vérifient leurs ordres à deux fois et exigent une confirmation visuelle de tout ce que leur présentent leurs senseurs. Il s’est forcément passé quelque chose qui les a incitées à prendre ces mesures.

— Des problèmes avec le logiciel officiel, qui auraient saboté jusqu’à leurs opérations de routine ?

— C’est tout à fait possible, amiral. Le logiciel dont nous nous servons est si complexe et intriqué que, si nous tirons sur une ficelle de code, ça risque de créer des nœuds un peu partout. Ces sous-programmes secrets ont peut-être causé des problèmes dans tout l’organigramme. Des problèmes qui auraient un impact cumulatif sur l’efficacité de nos systèmes de combat.

— Une chance qu’on ait vaincu les Syndics à l’époque, fit observer Desjani. À ce qu’il semble, nous étions à deux doigts de nous vaincre nous-mêmes. »

Ça pourrait encore se faire, se dit Geary en espérant qu’il ne s’était pas exprimé à voix haute par inadvertance. « Une fois qu’on aura stabilisé la situation et retrouvé l’amiral Timbal, j’organiserai une réunion avec tous les haut gradés et les autorités civiles d’Ambaru. Puis nous devrons aussi briefer les supérieurs des forces terrestres et les commandants de l’aérospatiale.

— De nombreuses personnes pourraient venir à Ambaru pour participer à une telle réunion, s’insurgea Desjani. Vous ne devriez pas prendre ce risque.

— Tout le monde doit savoir que c’est moi qui donne les ordres qu’ils ont sous les yeux. Le seul moyen de m’en assurer, c’est m’y présenter en personne. Ces deux officiels auraient-ils osé se porter à la rencontre des forces terrestres si quelqu’un d’autre le leur avait demandé ? »

Desjani changea promptement de sujet ; assez vite en tout cas pour laisser clairement entendre qu’elle se savait incapable de remporter cette discussion. « Nous ne repérons aucune activité anormale dans l’espace. Ni lancers de navettes, ni alertes en provenance des défenses de la station. Tout est tranquille.

— Tant mieux. » Il balaya la soute des navettes du regard et ne vit que le spectacle normal auquel on pouvait s’attendre dans ce secteur de la station, du moins si l’on ne tenait pas compte de l’absence totale de circulation. « Mais, vu d’ici, tout a l’air paisible aussi à l’intérieur d’Ambaru, et nous savons que c’est faux. Minute ! Nous avons encore de la visite. »