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Geary eut un geste d’excuse. « J’ai discuté avec des Syndics. D’ex-Syndics, plus exactement, du système stellaire de Midway.

— Qui devraient faire de très bons instructeurs pour ce genre de micmac.

— Et j’ai aussi beaucoup côtoyé Victoria Rione », ajouta Geary.

Timbal réussit à afficher un sourire glacé. « Qui pourrait sans doute en remontrer aux Syndics. » Son sourire s’évanouit. « Croyez-vous qu’elle ait trempé là-dedans ?

— Non. » Geary avait secoué la tête avec véhémence. « Je suis persuadé qu’elle s’efforce à sa manière de trouver des réponses aux questions que nous nous posons, et pour les mêmes motifs. »

Cette fois, Timbal hocha sombrement la tête. « Son époux. Ceux qui ont trafiqué son cerveau pour lui interdire d’évoquer le programme de recherches classé top secret auquel il participait pourraient bien être aussi responsables de tout ceci. La fin justifie les moyens et, à un moment donné, on en vient à oublier la fin, tandis que les moyens trouvent en eux-mêmes leur propre justification. Entre-temps, l’ennemi et vous êtes devenus les deux revers d’une même médaille. » Il inspira profondément et chercha le regard de Geary. « Vous me l’avez assez rappelé. Vous nous avez beaucoup remis en mémoire. Dommage que certaines personnes n’écoutent jamais. Très bien, amiral. Vous avez ma permission d’embarquer vos deux prisonniers sur un de vos vaisseaux pour les interroger, mais à deux conditions. Et d’une, je veux être informé de ce qu’ils vous diront. De deux, je ne renonce pas à ma prérogative de commandant de la flotte dans ce système de les faire passer plus tard par les armes.

— Entendu, convint Geary. Nombre de vos subordonnés ignoraient que vous étiez isolé du monde par un logiciel hostile. Ils s’emploient maintenant à rendre la station pleinement opérationnelle à l’aide de correctifs logiciels fournis par mes développeurs. Les forces terrestres affectées à Ambaru se sont placées sous le commandement de la flotte jusqu’à ce qu’elles aient réussi à rétablir des communications fiables avec leur chef de corps dans le système.

— Parfait. Les gens réfléchissent. Je ne m’attends jamais à ce que ça se produise, alors c’est toujours une bonne surprise. » Timbal prit de nouveau une profonde inspiration et se composa une contenance. « Il est grand temps que le patron aille se promener alentour pour découvrir ce qui se passe afin d’avoir l’air de savoir ce qu’il fait. Bon sang ! Mortier et Serpentine. Ça n’aurait jamais dû arriver. Nous sommes en paix.

— Certains n’ont pas dû lire le mémo. »

Quatre

Le lieutenant Iger n’avait pas l’air content. « L’idée de cuisiner du personnel de l’Alliance dont les pièces d’identification m’ont l’air parfaitement authentiques et les agissements justifiés par des motifs de haute sécurité n’est pas sans m’indisposer, amiral.

— Je comprends votre réticence », répondit Geary. Sans doute pouvait-il ordonner à Iger de procéder nonobstant, mais il avait compris depuis belle lurette que les résultats qu’on obtenait d’un subordonné que sa tâche enthousiasmait différaient spectaculairement de ceux d’un quidam qu’on forçait à s’exécuter. « Cela étant, peu importe ce qu’ils disent, eux ou leurs accréditations. Ils sont directement impliqués dans des faits qui ont causé la destruction de vaisseaux de l’Alliance, la mort de personnel de la flotte et la corruption du système des cuirasses de combat de nos fusiliers. »

Iger hocha la tête. « Oui, amiral. Ça ne fait apparemment aucun doute.

— Donc, ce qu’il nous faut impérativement savoir, lieutenant, c’est pour qui travaillaient vraiment ces deux individus. N’existe-t-il pas un terme pour désigner quelqu’un qui se fait passer pour des nôtres alors qu’il est en réalité au service d’un tiers ?

— Une taupe, amiral. » Iger réfléchit un instant, les yeux plissés. « Il pourrait s’agir de taupes. Leurs accréditations seraient alors tout à fait légitimes, et leur appartenance à un service de l’Alliance une couverture, tandis qu’ils seraient en réalité des agents doubles œuvrant pour les Syndics.

— Exactement. Je veux savoir de qui ils prenaient réellement leurs ordres, et je suis bien certain que, compte tenu des événements qui se sont déroulés tant à Varandal qu’à Indras et Atalia, notre désir d’obtenir des réponses est plus que justifié.

— En effet, amiral. » Mais Iger hésitait encore. « Ils refuseront vraisemblablement de coopérer et de répondre aux questions, amiral. Nous pourrons sans doute leur extorquer quelques informations en surveillant leurs réactions physiques et cérébrales à certaines questions précises, mais nous n’arriverons jamais à identifier leurs véritables supérieurs par une méthode aussi vague. »

Geary médita ce dernier argument en se demandant où Iger voulait en venir, puis il comprit brusquement : « Ne prenez aucune initiative contraire aux procédures régulières d’interrogatoire, aux lois de l’Alliance ni au règlement de la flotte. Je veux des renseignements précis et concrets. Et, quand le moment viendra, je tiens à pouvoir me présenter devant mes ancêtres en sachant que je ne leur ai pas fait honte. »

Iger hocha la tête puis salua ; un petit sourire jouait sur ses lèvres. « Oui, amiral. Moi aussi, amiral. Je ferai mon possible pour obtenir les réponses que vous cherchez.

— Je n’en ai jamais douté. »

Iger parti, Geary se radossa dans son siège, heureux de se retrouver de nouveau dans sa cabine de l’Indomptable. Ses vaisseaux adoptaient peu à peu les orbites de garage qui leur avaient été assignées et se réapprovisionnaient. Un message du capitaine Smyth lui avait fourni une image du véritable statut de la flotte, lequel n’était pas aussi bon qu’on aurait pu l’espérer, loin s’en fallait, mais pas non plus aussi médiocre qu’on aurait pu le craindre. Les défenses de Varandal étaient désormais en état d’alerte et l’on appliquait graduellement les correctifs logiciels à l’intégralité du système stellaire afin d’éliminer au moins une partie des dangereux sous-programmes dissimulés dans la masse des logiciels réglementaires.

Tout cela le mettait dans une position peu enviable, à savoir celle de décider de la suite.

Il appela Desjani. « À quel vaisseau disponible pouvons-nous assez nous fier pour lui confier le rôle d’estafette, Tanya ? »

Elle était dans sa cabine, absorbée par les nombreuses (et interminables) tâches qui incombent à un commandant de vaisseau. Elle lui rendit son regard en se massant le front avec résignation, comme pour lui faire comprendre qu’elle luttait aussi contre la migraine. « Jane Geary, répondit-elle au bout de quelques secondes.

— Ma petite-nièce ? » Geary fit la grimace. « Tous les cuirassés de sa division sont immobilisés. L’Intrépide ne sera pas prêt avant… cinq semaines.

— Exact. Juste le temps de gagner Unité par l’hypernet et d’en revenir. À moins que vous n’envisagiez de prendre les devants avec une partie de la flotte…

— J’espère bien que non.

— En ce cas, nous n’aurions pas besoin de Jane ici pour aider à maintenir la cohésion.

— Saura-t-elle trouver les gens qu’il faut ? » demanda l’amiral.

Tanya lui décocha un long regard ; il en conclut que sa dernière question trahissait une ignorance de la manière dont tournait le monde un siècle après sa mort présumée. « C’est une Geary. Elle descend de Black Jack.

— De mon frère, rectifia l’amiral.

— Ce qu’il y a de plus proche de vous puisque vous n’avez pas eu de descendance avant la bataille de Grendel. Le fait est que, si le capitaine Jane Geary se pointe et demande à parler à tel ou tel, elle sera reçue.