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Qu’ils dorment. Le réveil sera dur demain. Ils ne vont rien comprendre. Je sais que j’ai promis, mais c’est plus fort que moi. Je me dirige vers le lit de Décimus, qui garde encore quelques instants les yeux ouverts.

– Donne-moi ta main, Décimus, et promets-moi de m’écouter jusqu’au bout sans réagir.

Il acquiesce. Son visage est grave. Il doit sentir que je ne suis pas seulement là pour lui souhaiter bonne nuit.

– Décimus, les grands doivent quitter la Maison cette nuit.

– Quoi ?

Je lui plaque la main sur la bouche. Comme je sens qu’il se détend, je relâche la pression.

– Écoute-moi, Décimus. Tu vas bientôt t’endormir. Il faut que tu m’écoutes. Nous avons reçu un message cet après-midi. Nous sommes condamnés, nous devons fuir et éviter au maximum que vous ne souffriez de nos actions. Nous n’avons pas d’autre solution. Je te fais le serment que si nous arrivons à rejoindre les Oreilles coupées, j’organiserai la révolte contre les soldats et on viendra vous libérer. On ne vous oubliera pas.

Décimus a lâché ma main. Il dort. J’espère qu’il aura compris le principal. Je cours retrouver mes amis. C’est bientôt l’heure.

– On n’attendait plus que toi. Alors, ça y est ? Ils dorment tous ? m’interroge Claudius en me jetant mon sac.

J’enfile une carapace tout en parlant :

– Oui, j’ai attendu que le dernier soit endormi.

Octavius, qui est déjà prêt, me vient en aide. Je recouvre mes protections d’un manteau. Et pendant que je me maquille de noir, Titus me met au courant du plan :

– Quand on sera dans le tunnel, silence total. Je passe devant avec Tibérius. On rampe tous les deux jusqu’au poste de garde et on les neutralise en silence. Quand on siffle trois fois, vous arrivez avec nos sacs et nos fusils. C’est bon pour tout le monde ?

– Vous allez vous y prendre comment ? interroge Marcus.

– Fais-nous confiance. On s’est entraînés tout l’après-midi. Un lacet, une bonne lame et l’effet de surprise nous permettront de prendre l’avantage.

Mes copains s’écartent pour me laisser ouvrir le placard à balais et actionner l’ouverture. Et ça marche. Titus, muni d’une torche électrique, me dépasse avec son copain de combat. Le boyau est étroit. Nous descendons les marches les uns à la suite des autres. Une porte claque derrière nous. Trop tard pour les regrets.

À suivre…

L’auteur

Yves Grevet est né en 1961 à Paris. Il est marié et père de trois enfants. Il habite dans la banlieue est de Paris, où il enseigne en classe de CM2.

Il est l’auteur de romans ancrés dans la réalité sociale. Les thèmes qui traversent ses ouvrages sont les liens familiaux, la solidarité, l’apprentissage de la liberté et de l’autonomie.

Avec Méto, il aborde un genre nouveau pour lui : le grand roman d’aventures, tout en restant fidèle à ses sujets de prédilection.

Du même auteur

AUX ÉDITIONS SYROS :

C’était mon oncle !, coll. « Tempo », 2006

Jacquot et le grand-père indigne, coll. « Tempo », 2007

Méto, tome 2 : « L’Île », 2009

Méto, tome 3 : « Le Monde », 2010

Pour tout savoir sur Méto : www.syros.fr/meto

CHEZ D’AUTRES ÉDITEURS :

Mon premier rôle, Nathan, 2004

Comme les cinq doigts du pied, Nathan, 2005

Découvrez d’autres titres dans la même collection sur

www.syros.fr