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[11] Probablement la ciguë; on lui attribuait autrefois la propriété de troubler la raison.

[12] His wonders and his praises do contend

Which should be thine or his.

On a tâché de rendre ici exactement, mais sans espoir de la rendre clairement, une subtilité qui a d'autant plus embarrassé les commentateurs anglais, qu'ils ont voulu y trouver plus de sens qu'elle n'en a réellement. Shakspeare n'a prétendu dire autre chose, si ce n'est que Duncan ne savait s'il devait plus s'étonner des exploits de Macbeth ou l'en louer; en sorte que l'étonnement appartenant à Duncan, et les éloges à Macbeth, disputaient which should be thine or his.

[13] Les commentateurs sont assez embarrassés à expliquer comment Macbeth, déjà thane de Glamis, par la mort de Sinel, lors de la rencontre des sorcières, peut regarder le salut qu'elles lui ont donné sous ce premier titre comme une preuve de leur science surnaturelle. Le traducteur écossais de Boèce semble faire entendre que Sinel ne mourut qu'après cette rencontre. Hollinshed dit, au contraire, que Macbeth, par la mort de son père, venait d'entrer (had lately entered) en possession du titre de thane de Glamis. C'est bien certainement la chronique d'Hollinshed que Shakspeare a suivie en ceci, comme dans tout le reste de la pièce; Macbeth, ayant soin de nous apprendre quel événement l'a rendu thane de Glamis, prouve clairement que la nouvelle en est si récente pour lui, que l'idée de ce titre ne lui est pas encore familière et ne se lie qu'à la circonstance qui l'en a rendu possesseur. Shakspeare a donc voulu indiquer un événement si nouveau que Macbeth peut s'étonner que des personnes qui lui sont étrangères en soient déjà instruites.

[14] By doing every thing

Safe toward your love and honour.

Les commentateurs ont voulu expliquer ce passage assez obscur par une subtilité qui le rendrait inintelligible. Toute la difficulté porte sur le sens du mot safe, qui me paraît évidemment signifier ici entier, complet, à l'abri du reproche.

[15] Nor keep peace between

The effect – and it.

Johnson regarde ce passage comme inintelligible, et veut substituer à keep peace, keep pace, qui signifierait ici intervenir, tandis que keep pace signifie marcher d'un pas égal avec, et, selon l'aveu même de Johnson, n'a jamais-été employé dans le sens qu'il veut lui donner. Keep peace me paraît correspondre littéralement à notre expression française faire trêve, qui présente ici le sens le plus naturel.

[16] We rest your hermits.

Hermit est pris ici pour beadsman. Le beadsman était, à ce qu'il paraît, un homme qui, sous certaines conditions, s'engageait à dire pour un autre un certain nombre de fois le chapelet (beads). C'étaient probablement des ermites qu'on chargeait le plus souvent de ce soin.

[17] I have no spur

To prick the sides of my intent, but only

Vaulting ambition, which overleaps itself,

And falls on the other.

Les commentateurs se sont inutilement donné beaucoup de peine pour expliquer cette phrase; leur embarras est venu de ce qu'ils n'ont pas fait attention au sens du verbe vault, qui signifie ici voltiger, faire des tours de force (to make postures), d'où il résulte qu'au lieu de comparer, ainsi que l'a cru M. Steevens, son ambition à un cheval qui, se renversant sur lui-même, écrase son cavalier, Macbeth la représente comme un voltigeur (vaulting ambition) qui, s'élançant et se retournant sur lui-même (overleaps itself), retombe continuellement sur le dos de son cheval, et lui tient ainsi lieu d'éperon (spur), pour le forcer à courir. L'image est ainsi parfaitement d'accord dans toutes ses parties; au lieu que, dans la signification supposée par M. Steevens, l'ambition, comme il le remarque lui-même, se trouverait jouer à la fois le rôle du cheval et celui de l'éperon. On est presque toujours sûr de se tromper lorsqu'on attribue à Shakspeare des images incohérentes; il a au contraire le défaut d'abandonner rarement une image ou une comparaison, avant de l'avoir épuisée sous tous ses aspects.

[18] Catus amat pisces, sed non vult tingere plantas.

[19] Selon la chronique de Hollinshed, Banquo fut averti du projet de Macbeth, et promit de le soutenir; mais Jacques Ier (Jacques VI d'Écosse) régnait en Angleterre lors de la représentation de Macbeth, et comme les Stuarts prétendaient descendre de Banquo, par Fleance, il était naturel que le poëte cherchât à dissimuler cette circonstance, faite pour diminuer l'intérêt qu'il s'est plu à répandre sur l'auteur de leur race. Fleance, selon la chronique d'Hollinshed, s'en fut en Écosse, où il fut très-bien accueilli par le roi, et si bien par la princesse sa fille, que celle-ci poussa la courtoisie, dit la chronique, jusqu'à souffrir qu'il lui fît un enfant (that she of courtsye in the end suffered him to get her with child). Cet enfant fut Walter, dont les grandes qualités regagnèrent ce que lui avait fait perdre la naissance; il finit par être nommé lord steward d'Écosse (grand sénéchal), et chargé de percevoir les revenus de la couronne. Le quatrième descendant de ce Walter épousa la fille de Robert Bruce, et en eut un fils qui fut Robert II, roi d'Écosse. On voit encore à Inverness, dans les îles occidentales d'Écosse, les ruines du château de Macbeth, mais la chronique ne dit pas si ce fut là qu'il tua Duncan.