[20] Possets, boisson composée, en général, à ce qu'il parait, de lait et de vin, et qu'il était alors d'usage de prendre en se couchant.
[21] I'll gild the faces of the grooms withal
For it must seem their guilt.
Il est plus que probable que Shakspeare a voulu jouer ici sur les mots gild et guilt, dont la prononciation est la même. Mais tout effort pour rendre en français ce jeu de mots eût été inutile et eût gâté une admirable scène. On a pensé qu'il suffisait de l'indiquer.
[22] Equivocator. Warburton pense que par cette expression Shakspeare a positivement entendu un religieux, ou du moins un affilié de l'ordre des jésuites; mais toujours est-il certain qu'elle signifie précisément ce que nous entendons en français par jésuite, doué d'un esprit jésuitique.
[23] La plaisanterie porte sur ce que les hauts-de-chausses français paraissaient aux Anglais si étroits et si mesquins, qu'il fallait être doublement damnable pour trouver encore à rogner dessus.
[24] Most sacrilegious murder hath broke ope
The lord's anointed temple, and stole thence
The life o' the building.
The lord's anointed temple signifie en même temps ici le temple oint de Dieu et la tempe ointe du roi; dans l'impossibilité de rendre ce jeu de mots, il a fallu choisir, et l'on a pris des deux sens celui qui formait avec le reste de la phrase une image plus complète et plus suivie.
[25] Abréviation de Macduff.
[26] And so I commend you to their backs. C'est une manière de donner congé. Les phrases de politesse et de cérémonie abondent dans cette tragédie.
[27] The pit of Acheron Probablement quelque caverne que l'on supposait devoir communiquer avec l'enfer.
[28] Viens, viens;
Hécate; Hécate, viens, viens.
HÉCATE.
Je viens, je viens, je viens, je viens
Tout aussi vite que je puis.
Tout aussi vite que je puis.
Ce chant n'est indiqué dans l'original que par les deux premiers mots, comme un chant connu pour être d'usage en ces sortes d'occasions. On le trouve tout entier dans la Sorcière de Middleton, pièce de théâtre composée, à ce qu'on croit, peu de temps avant Macbeth. La même remarque s'applique, dans la scène VI, au chant qui termine le charme: Esprits noirs et blancs, etc. Voyez, sur cela et sur une foule de détails relatifs aux croyances populaires que Shakspeare a employées dans Macbeth, l'édition de Shakspeare, de M. Steevens.
[29] Ce fut, selon Hollinshed, pour ne s'être pas rendu en personne à Dunsinane, que Macbeth faisait bâtir. Dans les terreurs perpétuelles où le tenait le souvenir de ses crimes, il avait employé l'argent pris sur les nobles, qu'il faisait journellement périr, à s'entourer d'une garde mercenaire; mais, non content de cette précaution, il voulut faire élever sur la colline de Dunsinane un château capable de résister à toutes les attaques. L'entreprise traînant en longueur, à cause de la difficulté et de la dépense, il ordonna à tous les thanes d'y envoyer des matériaux et de s'y rendre chacun à son tour avec ses vassaux pour aider aux travaux. Quand vint le tour de Macduff, il y envoya ses gens avec les matériaux nécessaires, leur recommandant de se conduire de manière à ce que Macbeth ne pût avoir aucun prétexte pour s'irriter de ce qu'il n'était pas venu lui-même; mais il ne voulut pas s'y rendre, jugeant qu'il n'était pas sans danger pour lui de se mettre au pouvoir de Macbeth, qui lui voulait du mal; ce qu'ayant appris Macbeth, il s'écria: «Je vois bien que cet homme n'obéira jamais à mes ordres qu'on ne le monte avec une bride.» Il ne se détermina pourtant pas immédiatement à le poursuivre.
[30] Harper. On ne sait quel est ce Harper ; il n'en est pas question dans la Sorcière de Middleton; c'est probablement quelque animal que la sorcière désigne ainsi en raison de la ressemblance de son cri avec le son d'une corde de harpe.
[31] Shakspeare met souvent ainsi dans la bouche de ses sorcières des phrases interrompues auxquelles elles semblent attacher un sens complet. On peut le voir dans la première scène.
[32] Espèce de serpent.
[33] Impress, presser, forcer au service militaire.
[34] Allusion à la réunion des deux îles et des trois royaumes de la Grande-Bretagne, sous Jacques VI d'Écosse.
[35] When we hold rumour
From what we fear, yet know not what we fear.
But float upon a wild and violent sea,
Each way and move.
Les commentateurs me paraissent n'avoir pas compris ce passage; ils veulent entendre hold dans le sens de keep, tenir, tenir pour certain, et je crois qu'il doit être pris pour celui catch, prendre, recevoir, comme prendre le mal, catch the infection. Ainsi le sens sera: nous recevons le bruit de ce que nous craignons sans savoir ce que nous craignons. Il a fallu rendre l'expression de cette pensée un peu moins littérale pour la rendre plus claire, ainsi qu'il arrive souvent en traduisant Shakspeare; mais elle me parait d'ailleurs entièrement d'accord avec la phrase suivante, encore imparfaitement comprise par les commentateurs, qui ne conçoivent pas qu'au mot float Shakspeare ait ajouté and move, «parce que, disent-ils, si nous flottons de tous côtés, il n'est pas nécessaire de nous apprendre que nous nous mouvons (move).» Il est cependant certain qu'arrêtés par un bruit vague dont nous ne connaissons pas la source, et ne sachant pas de quel côté nous devons agir, nous ajoutons à l'incertitude des événements celle de nos propres volontés: c'est ce que Shakspeare a dû et voulu exprimer.