S’arrêtant à un feu rouge, elle vit un mendiant assis sur le trottoir qui ne tendait pas la main aux passants. Alors elle entendit une voix qui lui disait : « Donne-lui tout l’argent que tu as sur toi. »
Baby expliqua à la voix qu’elle avait promis à son fils de l’emmener au cinéma.
« Donne tout, insista la voix.
— Je peux donner la moitié, mon fils entrera tout seul et je l’attendrai à la sortie », objecta-t-elle.
Mais la voix n’entendait pas discuter :
« Donne tout. »
Baby n’eut pas le temps d’expliquer tout cela au garçon. Elle arrêta sa voiture et tendit au mendiant tout l’argent qu’elle avait.
« Dieu existe, et vous venez de me le prouver, lui dit le mendiant. Aujourd’hui, c’est mon anniversaire. J’étais triste, j’avais honte de toujours demander l’aumône. Alors j’ai décidé de ne pas tendre la main et je me suis dit : si Dieu existe, Il me fera un cadeau. »
UN PELERIN traverse un petit village au plus fort de l’orage, et il aperçoit une maison qui brûle. En s’approchant, il distingue un homme assis dans le salon en flammes.
« Hé ! Votre maison est en feu, s’écrie le pèlerin.
— Je le sais, répond l’homme.
— Alors, pourquoi ne sortez-vous pas ?
— Parce qu’il pleut, explique l’homme. Ma mère m’a toujours dit que, si l’on sortait sous la pluie, on risquait d’attraper une pneumonie. »
Zao Chi commente ainsi la fable : Sage est l’homme qui parvient à se sortir d’une situation quand il s’y voit forcé.
DANS CERTAINES TRADITIONS magiques, les disciples consacrent un jour par an – ou une fin de semaine, si c’est nécessaire – à entrer en contact avec les objets de leur maison. Ils touchent chaque objet et demandent à voix haute : « Ai-je vraiment besoin de cela ? »
Ils prennent les livres sur l’étagère : « Relirai-je ce livre un jour ? »
Ils examinent les souvenirs qu’ils ont conservés : « Est-ce que je considère encore comme important le moment que cet objet me rappelle ? »
Ils ouvrent toutes les armoires : « Depuis combien de temps ai-je ce vêtement sans jamais le porter ? En ai-je vraiment besoin ? » Le maître dit :
« Les objets ont leur énergie propre. Quand ils ne sont pas utilisés, ils finissent par se transformer en eau stagnante et la maison devient alors l’endroit idéal pour la moisissure et les moustiques.
« Il faut être attentif et laisser cette énergie se répandre librement. Si vous gardez ce qui est vieux, le neuf n’a plus d’espace où se manifester. »
UNE ANCIENNE LEGENDE péruvienne évoque une ville où tout le monde était heureux. Les habitants faisaient tout ce qu’ils désiraient et ils s’entendaient bien entre eux – à l’exception du préfet, qui déplorait de ne rien diriger du tout. La prison était vide, le tribunal ne servait jamais, et le notaire ne faisait aucun profit car la parole donnée avait davantage de valeur que le papier.
Un jour, le préfet fit venir de loin des ouvriers qui élevèrent une palissade au centre de la place principale. Pendant une semaine on entendit les marteaux frapper et les scies couper le bois.
Puis le préfet invita tous les habitants à l’inauguration. Très solennellement, la palissade fut enlevée et l’on vit apparaître... une potence.
Les gens se demandèrent ce que cette potence faisait là. Effrayés, ils se mirent à recourir à la justice pour toutes sortes de problèmes qui étaient auparavant résolus d’un commun accord. Ils allèrent trouver le notaire pour enregistrer des documents auxquels autrefois la parole se substituait. Et ils écoutèrent ce que disait le préfet, car ils craignaient la loi.
La légende précise que la potence ne fut jamais utilisée. Mais sa seule présence avait suffi pour tout changer.
LE PSYCHIATRE ALLEMAND Viktor Frank évoque en ces termes son expérience dans un camp de concentration nazi :
« Au milieu des châtiments et des humiliations, un prisonnier s’écria : « Quelle honte si nos femmes nous voyaient ainsi ! » Ce commentaire me fit penser au visage de mon épouse et, en un instant, je fus transporté hors de cet enfer. Je retrouvai la volonté de vivre, me disant que le salut de l’homme lui est donné par et pour l’amour.
« J’étais là, au milieu de ce supplice, et pourtant capable de comprendre Dieu, car je pouvais contempler mentalement le visage de ma bien-aimée.
« Le gardien donna un ordre, mais je n’obéis pas, parce qu’à ce moment je n’étais pas dans l’enfer. Bien que je n’eusse aucun moyen de savoir si ma femme était vivante ou morte, cela ne changeait rien. Contempler mentalement son image me rendait ma dignité et ma force. Même quand on retire tout à un homme, il a encore le bonheur de se rappeler le visage de la personne qu’il aime, et cela le sauve. »
LE MAITRE DIT :
« Dorénavant, et pour quelques centaines d’années, l’univers va boycotter tous ceux qui ont des opinions préconçues.
« L’énergie de la terre exige d’être renouvelée. Les idées nouvelles ont besoin d’espace. Le corps et l’âme ont soif de nouveaux défis. L’avenir frappe à notre porte, et toutes les idées – excepté celles qui reposent sur des préjugés – auront une chance de se manifester.
« L’important demeurera, l’inutile disparaîtra. Mais que chacun se contente de juger ses propres conquêtes : nous ne sommes pas juges des rêves de notre prochain.
« Pour avoir foi dans notre propre chemin, il n’est nul besoin de prouver que celui de l’autre n’est pas le bon. Celui qui agit ainsi n’a pas confiance en ses propres pas. »
LA VIE EST A L’IMAGE d’une grande course cycliste dont le but est pour chacun l’accomplissement de sa Légende Personnelle.
Sur la ligne de départ, nous sommes tous animés par les mêmes sentiments de camaraderie et d’enthousiasme. Mais, à mesure que la course se déroule, la joie initiale fait place aux vrais défis : la fatigue, la monotonie, les doutes sur nos capacités... Nous constatons que certains amis ont renoncé à relever le défi – ils courent encore, mais seulement parce que l’on ne peut pas s’arrêter au beau milieu d’une route. Ils sont nombreux, ils pédalent à côté de la voiture de secours, ils bavardent entre eux, ils accomplissent un devoir.
Nous finissons par prendre nos distances ; alors, il nous faut affronter la solitude, l’imprévu qui surgit des virages inconnus, les difficultés matérielles causées par notre bicyclette. Finalement, nous nous demandons si tout cet effort vaut vraiment la peine.
Oui, il en vaut la peine. Simplement, il ne faut pas renoncer.
LE MAITRE traverse avec son disciple le désert d’Arabie. Il met à profit chaque moment du voyage pour lui enseigner ce qu’est la foi. « Ayez confiance en Dieu, dit-il, Dieu n’abandonne jamais Ses enfants. »
Un soir, au campement, il demande au disciple d’aller attacher leurs montures à un rocher voisin. Le disciple se souvient alors des enseignements de son maître. « Il est en train de me mettre à l’épreuve, pense-t-il. Je dois confier les chevaux à Dieu. » Et il laisse les bêtes en liberté.
Le lendemain matin, il découvre qu’elles se sont enfuies. Révolté, il va trouver son maître.
« Vous n’entendez rien à Dieu, s’exclame-t-il. Je Lui ai confié la garde des chevaux, et les animaux ne sont plus là !