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Le voyageur vit dans cette rencontre un signe, et il en fut si enthousiasmé qu’il se mit à parler de tout ce qu’il jugeait important : les bénédictions de Dieu, l’amour  – et il expliqua à son ami qu’il était un signe envoyé par son ange, puisque quelques instants auparavant il se sentait seul alors qu’à présent il avait de la compagnie.

L’ami l’écouta en silence, le remercia, puis s’en alla.

Le voyageur perdit alors sa joie et se sentit plus solitaire que jamais. Plus tard, il se rendit compte que, dans son enthousiasme, il n’avait prêté aucune attention à la demande de son ami.

Il baissa les yeux au sol et il vit ses mots jetés au beau milieu de la rue, parce que l’univers, à ce moment-là, souhaitait autre chose.

 

TROIS FEES étaient invitées au baptême d’un prince. La première lui offrit le don de rencontrer l’amour. La deuxième, la fortune pour réaliser ses souhaits. La troisième, la beauté. Puis, comme dans tous les contes pour enfants, apparut la sorcière. Furieuse de n’avoir pas été invitée, elle jeta au prince un mauvais sort :

« Puisque tu as déjà tout, je vais te donner plus encore : tu seras talentueux dans tout ce que tu entreprendras. »

Le prince grandit et devint beau, riche et amoureux. Mais il ne parvint pas à accomplir sa mission sur la terre. Excellent peintre, sculpteur, écrivain, musicien, mathématicien, il ne réussissait jamais à terminer une tâche car, très vite distrait, il voulait aussitôt en entreprendre une autre.

Le maître dit :

« Tous les chemins mènent au même endroit. Mais choisissez le vôtre, et allez jusqu’au bout. N’essayez pas de parcourir tous les chemins. »

 

UN TEXTE ANONYME du XVIIIe siècle évoque un moine russe qui était à la recherche d’un guide spirituel. Apprenant un jour l’existence d’un ermite qui se consacrait nuit et jour au salut de son âme, il alla trouver le saint homme.

« Je veux que vous me guidiez sur les chemins de l’âme, lui dit le moine.

— L’âme a son propre chemin, et c’est l’ange qui la guide, repartit l’ermite. Priez sans arrêt.

— Je ne sais pas prier de cette manière. Je veux que vous m’appreniez.

— Si vous ne savez pas prier sans arrêt, alors priez Dieu pour qu’il vous apprenne à le faire.

— Mais vous ne m’enseignez rien ! s’exclama le moine.

— Il n’y a rien à enseigner, on ne peut pas transmettre la foi comme on transmet des connaissances en mathématiques. Acceptez le mystère de la foi, et l’univers vous sera révélé. »

 

ANTONIO MACHADO dit :

   « Coup par coup, pas à pas,

   Voyageur, il n’y a pas de chemin,

   le chemin se fait en marchant.

   Le chemin se fait en marchant

   et si l’on regarde en arrière

   on voit le sentier que jamais

   on ne foulera de nouveau.

   Voyageur, il n’est pas de chemin,

   le chemin se fait en marchant. »

 

LE MAITRE DIT :

« Ecrivez ! Une lettre, un journal ou jetez quelques notes sur le papier en parlant au téléphone, mais écrivez ! Ecrire nous rapproche de Dieu et de notre prochain. Si vous voulez mieux comprendre votre rôle en ce monde, écrivez.

« Efforcez-vous de mettre votre âme par écrit, même si personne ne vous lit  – ou, pis, même si quelqu’un finit par lire ce que vous vouliez garder secret. Le simple fait d’écrire nous aide à organiser notre pensée et à discerner clairement ce qui se trouve autour de nous. Un papier et un stylo opèrent des miracles  – ils soignent les douleurs, réalisent les rêves, restituent l’espoir perdu.

« Les mots ont un pouvoir. »

 

LES PERES DU DESERT affirmaient qu’il fallait laisser agir la main des anges. C’est pourquoi, de temps à autre, ils se livraient à des actes absurdes  – par exemple, parler aux fleurs ou rire sans raison. Les alchimistes suivent les « signes de Dieu », des pistes souvent dépourvues de sens mais qui finissent par mener quelque part. Le maître dit :

«N’ayez pas peur que l’on vous traite de fou. Faites aujourd’hui une action qui n’a rien à voir avec la logique que vous avez apprise. Délaissez un peu le comportement sérieux que l’on vous a inculqué. Ce geste, si dérisoire soit-il, peut vous ouvrir les portes d’une grande aventure humaine et spirituelle. »

 

UN INDIVIDU se trouve au volant d’une luxueuse Mercedes-Benz quand un pneu crève. Alors qu’il s’apprête à le changer, il constate qu’il n’a pas de cric.

« Bon, je vais marcher jusqu’à la maison la plus proche et demander si l’on peut m’en prêter un », pense-t-il. Et il s’en va chercher du secours. « Peut-être que l’autre, vu la marque de ma voiture, voudra me faire payer pour le cric, se dit-il. Avec une voiture pareille, et comme je suis en position de demandeur, il va me réclamer dix dollars. Non, peut-être même cinquante, parce qu’il sait que j’en ai besoin. Il va en profiter, il est capable d’exiger jusqu’à cent dollars. »

Et plus l’homme marche, plus le prix du cric augmente.

Lorsqu’il arrive devant la maison et que le propriétaire lui ouvre la porte, l’individu s’écrie :

« Vous êtes un voleur ! Un cric ne vaut pas ce prix-là ! Vous pouvez le garder, votre cric ! »

Lequel d’entre nous oserait affirmer qu’il ne s’est jamais comporté ainsi ?

 

MILTON ERICKSON a inventé une thérapie qui a déjà fait des milliers d’adeptes aux Etats-Unis. A l’âge de douze ans, il contracta la poliomyélite. Dix mois plus tard, il entendit un médecin dire à ses parents : « Votre fils ne passera pas la nuit. »

Erickson entendit sa mère pleurer. « Qui sait ? Si je passe la nuit, peut-être ne souffrira-t-elle pas autant », pensa-t-il. Et il décida de ne pas dormir jusqu’au lever du jour. Le lendemain matin, il cria à sa mère : « Tu vois, je suis toujours en vie ! »

La joie fut si grande dans la maison qu’il décida de tenir bon de jour en jour afin de remettre à plus tard la souffrance de ses parents.

Il mourut en 1990, à l’âge de soixante-quinze ans, laissant un ensemble d’ouvrages essentiels sur l’extrême capacité que possède l’homme de dépasser ses propres limites.

 

« SAINT HOMME, dit le novice au père supérieur, mon cœur est empli d’amour et mon âme n’est pas corrompue par les tentations du Diable. Quelle est pour moi la prochaine étape ? »

L’abbé demanda à son disciple de l’accompagner dans sa visite auprès d’un malade auquel il devait donner l’extrême-onction. Après qu’ils eurent réconforté la famille, l’abbé remarqua une malle dans un recoin de la maison.

« Qu’y a-t-il dans cette malle ? demanda-t-il.

— Des vêtements que mon oncle n’a jamais portés, répondit le neveu du défunt. Il avait toujours pensé que l’occasion se présenterait de les mettre, mais ils ont fini par pourrir. »

« N’oubliez pas cette malle », dit le père supérieur à son disciple, quand ils furent sortis. « Si vous avez dans le cœur des trésors spirituels, mettez-les en pratique tout de suite, ou bien ils pourriront. »

 

SELON LES MYSTIQUES, lorsque nous entreprenons notre chemin spirituel, nous sommes si désireux de parler à Dieu que nous n’écoutons pas ce que Lui a à nous dire. Le maître dit :

« Détendez-vous un peu. Ce n’est pas si facile. Par nature, nous avons besoin de toujours bien faire, et nous pensons que nous y parviendrons si nous travaillons sans répit.