— Ah ! voilà le marmot ! fait-il.
Et illico d'adresser la parole à Pamplemousse dans sa langue maternelle. Le jeune Asiatique se met à bavasser avec volubilité. On se croirait au jardin d'acclimatation, section cacatoès. Lathuile l'écoute avec surprise au début, puis en souriant, puis en riant bien fort, puis en s'étouffant, puis en se pâmant, puis en se roulant parterre.
— Qu'est-ce qu'il t'a dit ? demandé-je à voix basse, pressentant du pas banal, du pas racontable. Lathuile me coule dans le toboggan à balourdises.
— Figure toi que c'est pas un petit garçon mais un nain. Il a soixante-quatre ans et il veut retourner au pays chez lui où l'attendent sa femme et ses douze enfants et ses soixante-huit petits enfants.
— Qu'est-ce que c'est ? s'inquiètent les Pinaud, ravagés par l'angoisse.
Leurs pauvres bouilles pantelantes d'angoisse font mal à regarder.
— Rien, rien, dis-je, il dit qu'il se plait beaucoup ici.
Et comme le nain jaune continue de vitupérer, je lui claque le museau en criant :
— Mange, et tais-toi !