Vivre les expériences en approfondissant davantage. Une étude concernant la fréquentation du Parc zoologique national de Washington a révélé que le temps moyen que les gens passent devant des animaux exposés ne dépasse pas dix secondes. Alors pourquoi aller au zoo ? Ne vaut-il pas mieux vaut feuilleter un livre illustré ? Un guide m’a expliqué que les gens se plaignaient que les hippopotames soient toujours sous l’eau ; en réalité la submersion moyenne va de 90 secondes à un maximum de cinq minutes – mais le visiteur pressé d’aller plus loin ne profite pas du motif de sa visite.
Savoir quand réfléchir ou agir. Une de mes patientes, qui a des problèmes d’obésité, m’a dit qu’elle était prête à faire n’importe quoi pour se soigner. Je lui ai conseillé, chaque fois qu’elle avait envie de manger, d’observer ce qu’elle ressentait et de ne pas agir. «Mais je sens la faim ! » a-t-elle répondu. «Exactement »ai-je commenté. Si vous parvenez à vous habituer à ce sentiment, à observer la faim, la laisser venir dans toute son intensité, souffrir éventuellement – mais ne pas agir – vous réussirez bientôt à atténuer l’anxiété, et vous saurez être maîtresse de votre volonté, et non esclave de vos impulsions.
Agir face aux émotions négatives. Quand nous nous asseyons sur un sofa, nous branchons la télévision (ce qui en réalité est une manière de « se débrancher »du monde). Ou alors nous sommes extrêmement anxieux, nous pensons que nous perdons du temps, que nous devons téléphoner à quelqu’un, faire de la gymnastique, faire le ménage. Pourquoi ? Parce que si nous restons tranquilles, toute une vague d’émotions réprimées va nous attaquer, nous déprimer, nous rendre tristes ou coupables. Mais plus nous nous « occupons », plus ces émotions s’accumulent, jusqu’à ce qu’un jour nous courrions le risque de les voir exploser sans contrôle.
Oui, nous avons tous nos problèmes, auxquels il nous faut nous confronter. Pourquoi ne pas faire cela aujourd’hui ? Nous arrêter. Réfléchir. Éventuellement souffrir un peu. Mais à la fin, comprendre qui nous sommes, ce que nous ressentons, ce que nous faisons ici, en ce moment -plutôt que de vouloir déterminer l’Agenda de la Vie.
11.
Manuel pour gravir des montagnes
— Choisissez la montagne que vous désirez gravir : ne vous laissez pas entraîner par les commentaires de ceux qui vous disent : «Celle-ci est plus belle », ou «Celle-là est plus facile. » Vous dépenserez beaucoup d’énergie et beaucoup d’enthousiasme pour atteindre votre objectif, vous êtes donc le seul responsable, et vous devez être certain de ce que vous faites.
— Sachez comment arriver devant elle : très souvent, la montagne est vue de loin – belle, intéressante, pleine de défis. Mais quand vous tentez de vous approcher, que se passe-t-il ? Les routes tournent autour, il y a des forêts entre vous et votre objectif, ce qui paraît clair sur la carte est difficile dans la vie réelle. Par conséquent, essayez tous les chemins, les sentiers, jusqu’à ce qu’un jour vous vous trouviez face au sommet que vous souhaitez atteindre.
— Apprenez de ceux qui ont déjà pris cette route : vous avez beau vous croire unique, il y a toujours quelqu’un qui a déjà fait le même rêve, et qui a fini par laisser des marques qui peuvent vous rendre la promenade plus facile ; des endroits où placer la corde, des entailles, des branches cassées pour faciliter la marche. C’est votre promenade, votre responsabilité également, mais n’oubliez pas que l’expérience d’autrui est très utile.
— Les dangers, vus de près, sont contrôlables : quand vous commencez à gravir la montagne de vos rêves, prêtez attention à son environnement. Il y a des précipices, bien sûr. Il y a des crevasses quasi imperceptibles. Il y a des pierres tellement polies par les tempêtes qu’elles deviennent aussi glissantes que la glace. Mais si vous savez où vous posez chaque pied, vous distinguerez les pièges, et vous saurez les contourner.
— Le paysage change, donc profitez-en : bien sûr il faut avoir un objectif à l’esprit – parvenir au sommet. Mais à mesure que vous montez, vous distinguez davantage de choses, et il ne coûte rien de s’arrêter de temps à autre et de jouir un peu du panorama alentour. A chaque mètre conquis, vous pouvez voir un peu plus loin, et vous en profitez pour découvrir des choses que vous n’aviez pas encore aperçues.
— Respectez votre corps : seul celui qui donne à son corps l’attention qu’il mérite parvient à gravir une montagne. Vous avez tout le temps que la vie vous donne, donc marchez sans exiger l’impossible. Si vous allez trop vite, vous serez fatigué et vous renoncerez à mi-parcours. Si vous allez trop lentement, la nuit peut tomber et vous serez perdu. Profitez du paysage, jouissez de l’eau fraîche des sources et des fruits que la nature vous offre généreusement, mais continuez à marcher.
— Respectez votre âme : ne répétez pas tout le temps : «Je vais réussir. » Votre âme le sait déjà, ce dont elle a besoin, c’est d’utiliser cette longue promenade pour pouvoir grandir, s’étendre sur l’horizon, atteindre le ciel. Une obsession n’apporte rien à la recherche de votre objectif et finit par retirer tout plaisir à l’escalade. Mais attention : ne répétez pas non plus : «C’est plus difficile que je ne le pensais », car cela vous
ferait perdre votre force intérieure.
— Préparez-vous à marcher encore un kilomètre : le parcours jusqu’au sommet de la montagne est toujours plus long que vous le pensez. Ne vous trompez pas, il arrive un moment où ce qui semblait tout près est encore très loin. Mais comme vous êtes prêt à aller au-delà, ce n’est pas un problème.
— Réjouissez-vous quand vous atteignez la cime : pleurez, battez des mains, criez aux quatre coins que vous avez réussi, laissez le vent là-haut (parce que là-haut il y a toujours du vent) purifier votre esprit, rafraîchissez vos pieds en sueur et fatigués, ouvrez les yeux, nettoyez la poussière
de votre cœur. Comme c’est bon ! Ce qui avant n’était qu’un rêve, une vision lointaine, fait maintenant partie de votre vie, vous avez réussi.
— Faites une promesse : vous vous êtes découvert une force que vous ne connaissiez même pas, profitez-en, et dites-vous que désormais vous l’utiliserez pour le restant de vos jours. De préférence, promettez aussi de découvrir une autre montagne, et de partir vers une nouvelle aventure.
— Racontez votre histoire : oui, racontez votre histoire. Donnez-vous en exemple. Dites à tout le monde que c’est possible, et d’autres personnes se sentiront alors le courage d’affronter leurs propres montagnes.
12.
Rendez-vous avec la mort
J’aurais peut-être dû mourir à 22 h 30 le 22 août 2004, moins de quarante-huit heures avant mon anniversaire. Pour que soit possible le montage du scénario de ma quasi-mort, une série de facteurs sont entrés en action :