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Alors, au moment où le conflit est quasi inévitable, le guerrier converse avec son adversaire. Sans manifester de peur ou de lâcheté, il cherche à savoir pourquoi l’autre veut la lutte  ; pour quelles raisons il a quitté son village et l’a provoqué en duel. Sans dégainer son épée, le guerrier le convainc que ce combat n’est pas le sien.

Un guerrier de la lumière écoute ce que son adversaire a à lui dire. Et il ne lutte que si c’est nécessaire.

Mais s’il n’a pas d’autre solution, il ne pense pas à la victoire ou à la défaite  : il mène le combat jusqu’au bout.

Croire à la persévérance

Le guerrier de la lumière n’oublie jamais le vieux dicton  : le bon chevreau ne rugit pas.

Les injustices arrivent. Il se voit aussi brutalement impliqué dans des situations qu’il ne méritait pas, à des moments où il n’est pas en condition de se défendre.

Dans ces moments-là, il reste silencieux. Il ne dépense pas son énergie en vaines paroles  ; mieux vaut qu’il garde ses forces pour résister, être patient, et ne pas oublier que Quelqu’un le regarde. Quelqu’un qui a vu la souffrance injuste et ne s’en satisfait pas.

Ce Quelqu’un donne au guerrier ce dont il a le plus besoin  : du temps. Tôt ou tard, tout recommencera à conspirer en sa faveur.

Un guerrier de la lumière est sage. Il ne commente pas ses défaites.

Croire à sa Légende Personnelle

Un guerrier de la lumière assume entièrement sa Légende Personnelle   – sa raison de vivre. Ses compagnons commentent  : «  Sa foi est admirable  !  »

Le guerrier est fier un bref instant, mais aussitôt il a honte de ce qu’il a entendu, car il n’éprouve pas la foi qu’il manifeste.

A ce moment, son ange lui murmure  : «Tu es seulement un instrument de la lumière. Tu n’as aucune raison de t’enorgueillir, ni de te sentir coupable  ; il n’y a de motif que d’accomplir ton destin.

Et le guerrier de la lumière, conscient d’être un instrument, se sent plus tranquille et plus sûr de lui.

17 Manque ponctuation

Encore des histoires d’amis et d’inconnus

La Hollandaise au club

En 1982, j’avais beau avoir un bon emploi dans une maison de disques et gagner beaucoup d’argent grâce à des textes de chansons, je me sentais profondément malheureux. Pire encore  : comme la vie était généreuse avec moi, je me sentais coupable. J’ai donc décidé de tout laisser et de courir le monde, jusqu’à ce que je trouve un sens à l’existence.

Au cours de ces aventures, j’ai vécu un certain temps en Hollande, à Amsterdam, qui était le symbole de la liberté totale dans tous les sens. J’y fréquentais le Kosmos   – une sorte de club où se réunissaient les personnes avec qui j’avais des affinités.

Un soir, une Hollandaise m’a demandé comment était le Brésil.

J’ai commencé à parler de nos problèmes  : la dure répression du régime militaire, les inégalités sociales, la misère, la violence.

«  Mais toi, tu vis dans le meilleur endroit de la Terre. Qu’est-ce que cela fait de se réveiller tous les jours au paradis  ?  »

La Hollandaise s’est tue un long moment. Puis elle a répondu  :

«  C’est horrible. Ici tout va très bien, il n’y a plus aucun défi, aucune émotion. Si seulement j’avais tes problèmes   – j’aurais de nouveau la sensation de faire partie de l’humanité.  »

Avec les yeux de l’âme

L’écrivain argentin Jorge Luis Borges, déjà âgé de 80 ans, alla visiter le Mexique. Son éditeur me raconte que, après plusieurs jours de causeries, de conférences et d’hommages, Borges réclama un après-midi libre pour aller voir les pyramides aztèques au Yucatân.

L’éditeur expliqua qu’il s’agissait d’un voyage très fatigant, qu’il fallait prendre un taxi, un avion et une jeep. Borges ne se laissa pas convaincre, et l’on finit par tout arranger pour qu’il se rendît à Uxmal.

Il arriva à la tombée de la nuit, après une journée épuisante. Il s’assit face à une pyramide du Xe siècle, et demeura une heure sans rien dire. A la fin, il se leva et remercia ses accompagnateurs  : «  Merci pour cet après-midi et pour ce paysage inoubliable.  »

Nous le savons, Borges était aveugle. Mais cela n’a pas empêché que son âme comprît ce qui se trouvait autour de lui.

Une chapelle dans les Pyrénées

Peu après le lancement de L’Alchimiste, je dus passer quelque temps hors du Brésil. Mais comme le livre venait de sortir et que mon éditeur de l’époque ne se montrait pas très enthousiaste, j’étais très préoccupé par ce qui se passait dans mon pays.

Un beau jour, dans les Pyrénées, je trouvai dans une chapelle un texte gravé dans un mur. J’eus la certitude que ce message était fait pour moi, le copiai dans mon carnet de voyage, et me mis à répéter ces phrases tous les matins. Peu à peu, la paix de l’esprit me revint, et je pus enfin profiter du voyage.

Voici ce qui était écrit dans la petite chapelle  :

«  Si tu étais vraiment un enfant, un enfant authentique, au lieu de te préoccuper de ce que tu ne peux pas faire, tu contemplerais la Création en silence. Et tu t’habituerais à regarder calmement le monde, la nature, l’histoire et le ciel.

«  Si tu étais vraiment un enfant, tu chanterais en ce moment l’Alléluia pour tout ce qui est devant toi. Alors, libéré des tensions, des peurs et des questions inutiles, tu mettrais ce temps à profit pour attendre, curieux et patient, le résultat des choses dans lesquelles tu as tellement investi ton amour.  » (Carlos Caretto, ermite italien).

Dans un marché à Rio

Un prêtre de l’église de Copacabana attendait patiemment son tour pour acheter de la viande au supermarché, quand une femme tenta de resquiller.

Commença alors un festival d’agressions verbales de la part des autres clients, auxquelles la femme répondait avec une égale véhémence.

Alors que le climat était insupportable, quelqu’un cria  :

«  Allons, madame, Dieu t’aime.  »

«  Ce fut impressionnant, raconte le prêtre. A un moment où tous ne pensaient qu’à la haine, quelqu’un a parlé d’amour. Immédiatement, l’agitation a disparu par enchantement. La femme a repris sa place dans la file, et les clients se sont excusés d’avoir réagi aussi agressivement.  »

Il n’est jamais trop tard

Joyce est une photographe australienne, spécialisée dans la vie sauvage.

«  A 60 ans, j’ai pensé que la vie était finie pour moi  », raconte-t-elle. «  Mes enfants étaient grands, et mes petits-enfants ne m’accordaient plus d’importance. Un jour, j’ai décidé d’accompagner mon fils dans un voyage dans le désert au centre de l’Australie. Nous campions et, comme il n’y avait rien à faire, ni personne à proximité, j’ai décidé de me saouler pour la première fois de ma vie. Après le deuxième verre, j’ai pris une caméra vidéo et j’ai commencé à filmer. J’ai filmé le ciel, la tente, tout ce dont j’avais envie. Mais j’étais tellement ivre que je suis tombée avec la caméra. Je suis restée là quelques instants, et j’ai distingué un rang de fourmis qui marchait à côté de moi. C’était comme si je pouvais entendre leurs pas, comme si elles faisaient partie d’un monde que je n’avais jamais vu. J’ai filmé les fourmis en marche, et j’ai découvert ma vocation.  »

Quand nous avons conversé, il y a quelques années, Joyce avait 71 ans.

18.

Les secrets de la cave

Une fois par an, je me rends à l’abbaye bénédictine de Melk, en Autriche, pour participer aux Rencontres de Waldzell   – une initiative de Gundula Schatz et Andreas Salcher. En ce lieu, durant toute une fin de semaine, je prends part à une sorte de retraite avec des prix Nobel, des scientifiques, des journalistes, une vingtaine de jeunes, et quelques invités. Nous cuisinons, nous nous promenons dans les jardins de l’ensemble monumental (qui a inspiré à Umberto Eco Le Nom de la Rose) et nous parlons de façon informelle du présent et de l’avenir de notre civilisation. Les hommes dorment dans le cloître du monastère, et les femmes sont hébergées dans des hôtels des environs.