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« Pourquoi cette petite réunion familiale ? dis-je. Une escadre aérienne serait davantage de mise.

— Elle sera là, sois tranquille », me dit-il d’un air résolu.

De nouveau il sourit de ce sourire malicieux que je connaissais bien.

« Qu’est-ce que ça te fait, du reste ? Les Cavanaugh reprennent du service, hein, Mary ?

— Si vous voulez recommencer votre petit numéro de frère et sœur, vous feriez mieux de trouver un autre gars.

— Contente-toi de la protéger contre les chiens et les étrangers malintentionnés, comme l’autre fois, répliqua-t-il paisiblement. Et quand je parle de chiens et d’étrangers, j’emploie le mot juste. C’est peut-être la bataille décisive, petit. »

Il passa dans la cabine du pilote, referma la porte derrière lui et s’affaira au stéréophonie. Je me tournai vers Mary qui se blottit contre moi.

« Ça va, frérot ? » me demanda-t-elle.

Je l’empoignai par la taille. « Si jamais tu me refais ce coup-là, quelqu’un de ma connaissance va recevoir une belle fessée ! » déclarai-je.

CHAPITRE XXVII

Nous faillîmes d’abord nous faire descendre par nos propres troupes, mais heureusement une escorte de deux « Anges Noirs » vint à notre rencontre et nous accompagna jusqu’à l’avion amiral, d’où le maréchal Rexton suivait les opérations. L’avion régla sa vitesse sur la nôtre et nous fit passer à son bord avec une boucle volante. Je trouvai la manœuvre assez déplaisante.

Rexton aurait bien voulu nous renvoyer chez nous avec son pied quelque part, mais l’homme capable de se débarrasser du Patron de cette façon-là n’est pas encore né. Finalement ils nous débarquèrent et je posai notre autavion sur la route de la corniche, à l’ouest de Pass Christian. J’avais une trouille effroyable, car nous fûmes secoués par des rafales de D.C.A. tout le temps de notre descente. On se battait autour et au-dessus de nous mais un calme étrange régnait dans les parages de la soucoupe elle-même.

L’astronef nous dominait de sa masse, à moins de cinquante mètres devant nous. Il était aussi menaçant, aussi réel que l’imitation en matière plastique que nous avions vue dans l’Iowa avait été toquarde. Il avait la forme d’un disque de grandes dimensions, légèrement penché vers nous. Il s’était en partie posé sur une des vieilles maisons sur pilotis qui bordent cette côte. La soucoupe se trouvait calée par les ruines de la maison, et par un gros tronc d’arbre qui jadis ombrageait cette dernière.

La position penchée de l’astronef nous laissait apercevoir sa surface supérieure et ce qui devait sûrement être un sas atmosphérique ; celui-ci avait la forme d’un hémisphère de métal d’environ quatre mètres de diamètre situé au centre du disque. L’hémisphère en question était soulevé au-dessus de la coque de l’astronef à une hauteur de un mètre cinquante à deux mètres. Je ne pouvais pas voir ce qui le maintenait en l’air, mais je supposai qu’il devait y avoir un axe ou un piston central, car il saillait comme une valve de pneu. Il était facile de voir pourquoi la soucoupe ne s’était pas refermée et n’avait pas repris l’air : le sas était endommagé. Il était maintenu ouvert par une « tortue de sable » (un de nos petits tanks amphibies) faisant partie des forces de débarquement du Fulton.

Je tiens à signaler ici que ce tank était commandé par l’enseigne Gilbert Calhoun, de Knoxville ; il était accompagné de l’électricien de 2e classe, Florent Berzowski et du canonnier Booker T. W. Johnson ; Tous, bien entendu, étaient morts avant notre arrivée.

Sitôt posé, notre autavion fut encerclé par une patrouille commandée par un garçon aux joues roses qui paraissait très désireux de tirer sur quelqu’un ou quelque chose. Il se calma un peu en voyant Mary, mais refusa néanmoins de nous laisser approcher de la soucoupe avant d’avoir reçu des instructions de son capitaine qui, à son tour, en référa au commandant du Fulton. La réponse nous parvint dans un délai relativement court, si l’on tient compte du fait que l’on en référa sans doute par la voie hiérarchique jusqu’à Washington.

En l’attendant, j’observai la bataille et me félicitai de ne pas y être mêlé. Il allait y avoir de la casse… Il y en avait même déjà eu ! Juste derrière notre autavion, je vis le cadavre d’un jeune garçon qui ne devait pas avoir plus de quatorze ans. Il serrait encore un lance-fusées et, sur ses épaules, on apercevait les marques des envahisseurs. Je me demandai si la larve avait abandonné le cadavre avant de mourir, ou si, peut-être, elle n’avait pas réussi à se transporter sur le marin qui avait abattu le gamin d’un coup de baïonnette.

Pendant que j’examinais le cadavre, Mary s’était avancée sur la route avec le jouvenceau qui commandait la patrouille.

L’idée qu’une larve, peut-être encore vivante, se trouvait dans les parages, me fit courir vers elle.

« Remonte dans l’autavion », ordonnai-je.

Elle continua à regarder la route devant elle. « J’aurais bien voulu faire un carton, dit-elle, les yeux brillants.

— Elle ne risque rien ici, m’assura le jeune enseigne. Nous les contenons un peu plus bas sur la route. »

Je ne fis pas attention à lui. « Écoute-moi bien, petite enragée, lui dis-je, si tu ne remontes pas immédiatement dans l’autavion, je te flanque une raclée !

— Bien, Sam. »

Elle fit demi-tour et obéit.

Je toisai le jeune loup de mer. « Qu’est-ce que vous avez à me regarder comme ça ? » grognai-je. Je trouvais que toute cette ambiance puait l’envahisseur à plein nez et l’attente m’énervait.

« Rien de particulier, dit-il en me toisant à son tour. Mais chez moi on ne parle pas comme ça aux dames.

— Alors vous feriez mieux d’y retourner », répliquai-je en lui tournant le dos.

Le Patron, lui aussi, avait disparu. Cela ne me disait rien de bon.

Une ambulance qui revenait de l’ouest se posa à côté de moi. « La route de Pascagoula est-elle ouverte ? » demanda le pilote.

La rivière Pascagoula, à trente milles à l’est de l’endroit où avait atterri la soucoupe, représentait à peu près la lisière de la zone jaune pour cette région. La ville du même nom, à l’est de l’embouchure, était dans la zone verte – tandis qu’à soixante ou soixante-dix milles à l’ouest de nous se trouvait La Nouvelle-Orléans – la plus forte concentration connue de titans au sud de Saint-Louis. Les forces qui nous attaquaient venaient de La Nouvelle-Orléans, tandis que notre base la plus proche était Mobile.

« Je n’en sais rien », dis-je au pilote.

Il se rongea un ongle. « Après tout, je suis bien passé à l’aller, je m’en tirerai peut-être aussi au retour ! » Ses turbines bourdonnèrent et il disparut. Je continuai à chercher le Patron.

Bien que la bataille terrestre se fût déplacée à quelque distance de nous, la bataille aérienne continuait à faire rage au-dessus de nos têtes. Je regardais les sillages de vapeur et essayais de deviner à quel parti ils appartenaient et comment les pilotes pouvaient s’y reconnaître, quand un grand avion de transport surgit non loin de nous, lâcha une volée de fusées retardatrices pour se freiner et déchargea une compagnie de troupes aéroportées. Cela me fit me poser de nouvelles questions ; les soldats étaient trop loin pour que je pusse dire s’ils portaient ou non des parasites. En tout cas, ils arrivaient de l’est.

Je repérai le Patron en train de parler avec le commandant du groupe de débarquement. Je m’approchai de lui et les interrompis. « Nous devrions filer, Patron, dis-je. Ils vont nous lâcher des bombes atomiques sur la tête avant dix minutes.

— Ne vous affolez pas, coupa le commandant imperturbable. Nous sommes trop peu nombreux pour qu’ils nous fassent seulement l’honneur d’une bombe miniature. »