Выбрать главу

Tome V, p. 97. – Paris, 1839. – Revu en juin 1847. – «Le premier livre de ces Mémoires est daté de la Vallée-aux-Loups, le 4 octobre 1811: là se trouve la description de la petite retraite que j’achetai pour me cacher à cette époque.»

Tome V, p. 178. – Paris, 1839. – «Ces deux années (de 1812 à 1814), je les employai à des recherches sur la France et à la rédaction de quelques livres de ces Mémoires

Tome V, p. 189. – Paris, 1839. – «Maintenant, le récit que j’achève rejoint les premiers livres de ma vie publique, précédemment écrits à des dates diverses.»

Tome VI, p. 195. – «Au livre second de ces Mémoires, on lit (je revenais alors de mon premier exil de Dieppe): «On m’a permis de revenir à ma vallée. La terre tremble sous les pas du soldat étranger; j’écris, comme les derniers Romains, au bruit de l’invasion des barbares. Le jour, je trace des pages aussi agitées que les événements de ce jour[25]; la nuit, tandis que le roulement du canon lointain expire dans mes bois solitaires, je retourne au silence des années qui dorment dans la tombe et à la paix de mes plus jeunes souvenirs.»

Tome VI, p. 336. – «Dans le livre IV de ces Mémoires, j’ai parlé des exhumations de 1815.»

Tome VI, p. 380. – 1838. – «Benjamin Constant imprime son énergique protestation contre le tyran, et il change en vingt-quatre heures. On verra plus tard, dans un autre livre de ces Mémoires, qui lui inspira ce noble mouvement auquel la mobilité de sa nature ne lui permit pas de rester fidèle.»

Tome VIII, p. 283. – 1839. – Revu le 22 février 1845. – «Le livre précédent que je viens d’écrire en 1839 rejoint ce livre de mon ambassade de Rome, écrit en 1828 et 1829, il y a dix ans… Pour ce livre de mon ambassade de Rome, les matériaux ont abondé…»[26]

Ainsi, en 1839, dernière date de la rédaction de ses Mémoires (quelques pages seulement y furent ajoutées plus tard), Chateaubriand continue d’être fidèle aux principes de composition qui avaient présidé au commencement de son travail. Si nous poussons plus avant, si nous descendons jusqu’à l’année 1846, époque à laquelle l’ouvrage était depuis longtemps terminé, nous trouvons ce curieux et très significatif billet de Mme de Chateaubriand. Il est adressé à M. Mandaroux-Vertamy:

2 février 46.

En priant M. Vertamy d’agréer tous mes remerciements empressés, j’ai l’honneur de lui envoyer les 1er, 2e et 3e livres de la première partie des Mémoires que je sais qu’il lira avec toute l’attention de l’amitié.

La vicomtesse de Chateaubriand[27].

VI

Il faut bien croire, en présence de l’édition de 1849–1850, et des éditions suivantes, qui en sont la reproduction pure et simple, que le manuscrit de Chateaubriand, dans son dernier état, ne renfermait plus «cette division en livres et en parties», dont l’auteur lui-même parle en tant d’endroits. Les premiers éditeurs se sont certainement appliqués à donner fidèlement et sans y rien changer le texte et la suite du manuscrit qu’ils avaient entre les mains. Faire autrement, faire plus, même pour faire mieux, c’eût été sortir de leur rôle, et ils ont eu raison de s’y tenir. Mais aujourd’hui, après bientôt un demi-siècle, la situation n’est plus la même. Chateaubriand est pour nous un ancien, c’est un des classiques de notre littérature, et le moment est venu de donner une édition des Mémoires d’Outre-tombe qui replace le chef-d’œuvre du grand écrivain dans les conditions même où il fut composé, qui nous le restitue dans son intégrité première.

Nous avons donc, contrairement à ce qui avait été fait dans les éditions précédentes, rétabli dans la nôtre cette division en parties et en livres dont il est parlé dans la Préface testamentaire. Cette distribution nouvelle de l’ouvrage – nullement arbitraire, cela va sans dire, mais, au contraire, exactement et scrupuleusement conforme aux divisions établies par l’auteur – n’a pas seulement pour effet, comme on serait peut-être tenté de le croire, de ménager de distance en distance des suspensions, des repos pour le lecteur. Elle donne au livre une physionomie toute nouvelle.

Les Mémoires, ainsi rendus à leur premier et véritable état, se divisent en quatre parties.

La première (1768–1800) va de la naissance de Chateaubriand à son retour de l’émigration et à sa rentrée en France. Elle renferme neuf livres.

La seconde partie, qui forme cinq livres, et va de 1800 à 1814, est consacrée à sa carrière littéraire.

À sa carrière politique (1814–1830) est réservé la troisième partie. Elle ne comprend pas moins de quinze livres.

Les années qui suivent la Révolution de 1830 et la conclusion des Mémoires occupent neuf livres: c’est la quatrième partie.

Et déjà, par ce seul énoncé, ne voit-on pas combien est peu justifiée la principale critique mise en avant par les adversaires des Mémoires, et à laquelle les amis mêmes de Chateaubriand se croyaient obligés de souscrire, M. de Marcellus, par exemple, son ancien secrétaire à l’ambassade de Londres, qui, dans la préface de son intéressant volume sur Chateaubriand et son temps, signale le «décousu» du livre de son maître, et ajoute, non sans tristesse: «Ce dernier de ces ouvrages n’a point subi les combinaisons d’une composition uniforme. Revu sans cesse, il n’a jamais été pour ainsi dire coordonné. C’est une série de fragments sans plan, presque sans symétrie, tracés de verve, suivant le caprice du jour.»[28] C’est justement le contraire qui est vrai.

Ce n’est pas tout. Lors des lectures de l’Abbaye-au-Bois, en 1834, les auditeurs avaient été frappés, tout particulièrement, de la beauté des Prologues qui ouvraient la plupart des livres des mémoires. Voici, par exemple, ce qu’en disait Edgar Quinet:

Ces Mémoires sont fréquemment interrompus par des espèces de prologues mis en tête de chaque livre… Le poète se réserve là tous ses droits, et il se donne pleine carrière; le trop plein de son imagination, que la réalité ne peut pas garder, déborde en nappes enchantées dans des bassins de vermeil. Il y a de ces commencements pleins de larmes qui mènent à une histoire burlesque, et de comiques débuts qui conduisent à une fin tragique; ils représentent véritablement la fantaisie qui va et vient dans l’infini, les yeux fermés, et qui se réveille en sursaut là où la vie la blesse. Par là, vous sentez, à chaque point de cet ouvrage, la jeunesse et la vieillesse, la tristesse et la joie, la vie et la mort, la réalité et l’idéal, le présent et le passé, réunis et confondus dans l’harmonie et l’éternité d’une œuvre d’art.[29]

L’enthousiasme de Jules Janin à l’endroit de ces Prologues n’était pas moins vif:

вернуться

[25]

La brochure De Buonaparte et des Bourbons. Elle parut, non le 30 mars 1814, comme le dit M. de Lescure, p. 93, ni le 3 avril, comme le dit M. Henry Houssaye, à la page 570 de son remarquable ouvrage sur 1814, mais le mardi 5 avril. (Voyez le Journal des Débats des 4 et 5 avril 1814.)

вернуться

[26]

Beaucoup d’autres passages des Mémoires ne sont pas moins formels. Voyez notamment tome I, p. 182 et 347; tome II, p. 131; tome III p. 147, 246 et 350; tome VII, p. 328.

вернуться

[27]

Je dois la connaissance de cette lettre à une obligeante communication de M. Charles de Lacombe.

вернуться

[28]

Chateaubriand et son temps, par le comte de Marcellus, ancien ministre plénipotentiaire. 1 vol. in-8º, 1859. – Préface, page 19.

вернуться

[29]

Revue de Paris, tome IV, avril 1834.