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e seulement parce qu’en somme le personnage l’était. Ces deux auteurs s’appuyaient sur des documents désormais perdus, entre autres des Mémoires, publiés par Hadrien sous le nom de son affranchi Phlégon, et un recueil de lettres de l’empereur rassemblées par ce dernier. Ni Dion, ni Spartien ne sont de grands historiens, ou de grands biographes, mais précisément, leur absence d’art, et jusqu’à un certain point de système, les laisse singulièrement proches du fait vécu, et les recherches modernes ont le plus souvent, et de façon saisissante, confirmé leurs dires. C’est en grande partie sur cet amas de petits faits que se base l’interprétation qu’on vient de lire. Mentionnons aussi, sans d’ailleurs essayer d’être complets, quelques détails glanés dans d’autres Vies d’Histoire Auguste, comme celles d’Antonin et de Marc Aurèle, par Julius Capitolinus ; et quelques phrases tirées d’Aurélius Victor et de l’auteur de l’Épitome, qui ont déjà de la vie d’Hadrien une conception légendaire, mais que la splendeur du style met dans une classe à part. Les notices historiques du Dictionnaire de Suidas ont fourni deux faits peu connus : la Consolation adressée à Hadrien par Nouménios, et les musiques funèbres composées par Mésomédès à l’occasion de la mort d’Antinoüs. Il reste d’Hadrien lui-même un certain nombre d’œuvres authentiques dont on s’est servi : correspondance administrative, fragments de discours ou de rapports officiels, comme la célèbre Adresse de Lambèse, conservés le plus souvent par des inscriptions ; décisions légales transmises par des jurisconsultes ; poèmes mentionnés par les auteurs du temps, comme l’illustre Animula vagula blandula, ou retrouvés sur les monuments où ils figuraient à titre d’inscriptions votives, comme le poème à l’Amour et à l’Aphrodite Ouranienne gravé sur la paroi du temple de Thespies (Kaibel, Epigr. Gr. 811). Les trois lettres d’Hadrien concernant sa vie personnelle (Lettre à Matidie, lettre à Servianus, lettre adressée par l’empereur mourant à Antonin, qu’on trouvera respectivement dans le recueil de lettres compilé par le grammairien Dosithée, dans la Vita Saturnini de Vopiscus, et dans Grenfell and Hunt, Fayum Towns and their Papyri, 1900) sont d’authenticité discutable ; toutes trois, néanmoins, portent à un degré extrême la marque de l’homme à qui on les prête ; et certaines des indications fournies par elles ont été utilisées dans ce livre. Les innombrables mentions d’Hadrien ou de son entourage, éparses chez presque tous les écrivains du IIe et du e III siècle, aident à compléter les indications des chroniques et en remplissent souvent les lacunes. C’est ainsi, pour ne citer que quelques exemples tirés de Mémoires d’Hadrien, que l’épisode des chasses en Libye sort tout entier d’un fragment très mutilé du poème de Pancratès, Les Chasses d’Hadrien et d’Antinoüs, retrouvé en Égypte, et publié en 1911 dans la collection des Papyrus d’Oxyrhynchus (III, n° 1085) ; qu’Athénée, Aulu-Gelle et Philostrate ont fourni de nombreux détails sur les sophistes et les poètes de la cour impériale ; ou que Pline le Jeune et Martial ajoutent quelques traits à l’image un peu effacée d’un Voconius ou d’un Licinius Sura. La description de la douleur d’Hadrien à la mort d’Antinoüs s’inspire des historiens du règne, mais aussi de certains passages des Pères de l’Église, réprobateurs à coup sûr, mais parfois sur ce point plus humains, et surtout d’opinions plus variées qu’on n’aurait cru. Des portions de la Lettre d’Arrien à l’empereur Hadrien à l’occasion du Périple de la Mer Noire, qui contiennent des allusions au même sujet, ont été incorporées au présent ouvrage, l’auteur se rangeant à l’avis des érudits qui croient, dans son ensemble, ce texte authentique. Le Panégyrique de Rome, du sophiste Ælius Aristide, œuvre de type nettement hadrianique, a fourni quelques lignes à l’esquisse de l’État idéal tracée ici par l’empereur. Quelques détails historiques mêlés dans le Talmud à un immense matériel légendaire viennent s’ajouter pour la guerre de Palestine au récit de l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe. La mention de l’exil de Favorinus provient d’un fragment de ce dernier dans un manuscrit de la Bibliothèque du Vatican publié en 1931 (M. Norsa et G. Vitelli, Il papiro vaticano greco, II, dans Studi e Testi, LIII) ; l’atroce épisode du secrétaire éborgné est tiré d’un traité de Galien, qui fut médecin de Marc Aurèle ; l’image d’Hadrien mourant s’inspire du tragique portrait fait par Fronton de l’empereur vieilli. D’autres fois, c’est aux monuments figurés et aux inscriptions qu’on s’est adressé pour le détail de faits non enregistrés par les historiens antiques. Certains aperçus sur la sauvagerie des guerres daces et sarmates, prisonniers brûlés vifs, conseillers du roi Décébale s’empoisonnant le jour de la capitulation, proviennent des bas-reliefs de la Colonne Trajane (W. Frœhner, La Colonne Trajane, 1865 ; I. A. Richmond, Trajan’s Army on Trajan’s Column, dans Papers of the British School at Rome, XIII, 1935) ; une grande partie de l’imagerie des voyages est empruntée aux monnaies du règne. Les poèmes de Julia Balbilla gravés sur la jambe du Colosse de Memnon servent de point de départ au récit de la visite à Thèbes (R. Cagnat, Inscrip. Gr. ad res romanas pertinentes, 1186-7) ; la précision au sujet du jour de naissance d’Antinoüs est due à l’inscription du Collège d’artisans et d’esclaves de Lanuvium, qui en 133 prit Antinoüs pour patron protecteur (Corp. Ins. Lat. XIV, 2112), précision contestée par Mommsen, mais acceptée depuis par des érudits moins hypercritiques ; les quelques phrases données comme inscrites sur la tombe du favori sont prises au grand texte hiéroglyphique de l’Obélisque du Pincio, qui relate ses funérailles et décrit les cérémonies de son culte (A. Erman, Obelisken Römischer Zeit, dans Röm, Mitt., XI, 1896 ; O. Marucchi, Gli obelischi egiziani di Roma, 1898). Pour l’histoire des honneurs divins rendus à Antinoüs, pour la caractérisation physique et psychologique de celui-ci, le témoignage des inscriptions, des monuments figurés, et des monnaies, dépasse de beaucoup celui de l’histoire écrite. Il n’existe pas à cette date de bonne biographie moderne d’Hadrien à laquelle on puisse renvoyer le lecteur ; le seul ouvrage de ce genre qui mérite une mention, le plus ancien aussi, celui de Grégorovius, publié en 1851 (éd. revisée, 1884), point dépourvu de vie et de couleur, mais faible en tout ce qui concerne en Hadrien l’administrateur et le prince, est en grande partie suranné. De même, les brillantes esquisses d’un Gibbon ou d’un Renan ont vieilli. L’œuvre de B. W. Henderson, The Life and Principate of the Emperor Hadrian, publiée en 1923, superficielle en dépit de sa longueur, n’offre qu’une image incomplète de la pensée d’Hadrien et des problèmes de son temps, et n’utilise que très insuffisamment les sources. Mais si une biographie définitive d’Hadrien reste à faire, les résumés intelligents et les solides études de détail abondent, et sur bien des points l’érudition moderne a renouvelé l’histoire du règne et de l’administration d’Hadrien. Pour ne citer que quelques ouvrages récents, ou quasi tels, et plus ou moins facilement accessibles, mentionnons en langue française les chapitres consacrés à Hadrien dans Le Haut-Empire Romain, de Léon Homo, 1933, et dans L’Empire Romain d’E. Albertini, 1936 ; l’analyse des campagnes parthes de Trajan et de la politique pacifique d’Hadrien dans le premier volume de l’Histoire de l’Asie de René Grousset, 1921 ; l’étude sur l’œuvre littéraire d’Hadrien dans Les Empereurs et les Lettres latines de Henri Bardon, 1944 ; les ouvrages de Paul Graindor, Athènes sous Hadrien, Le Caire, 1934 ; de Louis Perret, La Titulature impériale d’Hadrien, 1929, et de Bernard d’Orgeval, L’Empereur Hadrien, son œuvre législative et administrative, 1950, ce dernier parfois confus dans le détail. Les travaux les plus approfondis sur le règne et la personnalité d’Hadrien demeurent toutefois ceux de l’école allemande, J. Dürr, Die Reisen des Kaisers Hadrian, Vienne, 1881 ; J. Plew, Quellenuntersuchungen zur Geschichte des Kaisers Hadrian, Strasbourg, 1890 ; E. Kornemann, Kaiser Hadrian und der Letzte grosse Historiker von Rom, Leipzig, 1905, et surtout le court et admirable ouvrage de Wilhelm Weber, Untersuchungen zur Geschichte des Kaisers Hadrianus, Leipzig, 1907, et le substantiel essai, plus aisément procurable, publié par lui en 1936 dans le recueil Cambridge Ancient History, vol. XI, The Imperial Peace, pp. 294-324. En langue anglaise, l’œuvre d’Arnold Toynbee contient çà et là des allusions au règne d’Hadrien ; elles ont servi de germes à certains passages de Mémoires d’Hadrien dans lesquels l’empereur définit lui-même ses vues politiques ; voir en particulier son Roman Empire and Modem Europe, dans la Dublin Review, 1945. Voir aussi l’important chapitre consacré aux réformes sociales et financières d’Hadrien dans M. Rostovtzeff, Social and Economic History of the Roman Empire, 1926 ; et, pour le détail des faits, les études de R. H. Lacey, The Equestrian Officials of Trajan and Hadrian : Their Career, with Some Notes on Hadrian’s Reforms, 1917 ; de Paul Alexander, Letters and Speeches of the Emperor Hadrian, 1938 ; de W. D. Gray, A Study of the Life of Hadrian Prior to his Accession, Northampton, Mass., 1919 ; de F. Pringsheim, The Legal Policy and Reforms of Hadrian, dans le Journ. of Roman Studies, XXIV, 1934. Pour le séjour d’Hadrien dans les Iles Britanniques et l’érection du Mur sur la frontière d’Écosse, consulter l’ouvrage classique de J. C. Bruce, The Handbook to the Roman Wall, édition révisée par R. G. Collingwood en 1933, et, de ce même Collingwood en collaboration avec J. N. L. Myres, Roman Britain and the English Settlements, 2e éd., 1937. Pour la numismatique du règne (les monnaies d’Antinoüs, mentionnées plus bas, mises à part), voir les travaux relativement récents de H. Mattingly et E. A. Sydenham, The Roman Imperial Coinage, II, 1926 ; et de P. L. Strack, Untersuchungen zur Römische Reichsprägung des zweiten Jahrhunderts, II, 1933. Sur la personnalité de Trajan et ses guerres, voir R. Paribeni, Optimus Princeps, 1927 ; R. P. Longden, Nerva and Trajan, et The Wars of Trajan, dans le Cambridge Ancient History, XI, 1936 ; M. Durry, Le Règne de Trajan d’après les Monnaies, Rev. His., LVII, 1932, et W. Weber, Traian und Hadrian, dans Meister der Politik, I2, Stuttgart, 1923. Sur Ælius César, A. S. L. Farquharson, On the names of Ælius Cæsar, Classical Quarterly, II, 1908, et J. Carcopino, L’Hérédité dynastique chez les Antonins, 1950, dont les hypothèses ont été écartées au profit d’une interprétation plus littérale des textes. Sur l’affaire des quatre consulaires, voir A. von Premerstein, Das Attentat der Konsulare auf Hadrian in Jahre 118, dans Klio, 1908 ; J. Carcopino, Lusius Quiétus, l’homme de Qwrnyn, dans Istros, 1934. Sur l’entourage grec d’Hadrien, A. von Premerstein, C. Julius Quadratus Bassus, dans les Sitz. Bayr. Akad. d. Wiss., 1934 ; P. Graindor, Un Milliardaire Antique, Hérode Atticus et sa famille, Le Caire, 1930 ; A. Boulanger, Ælius Aristide et la Sophistique dans la Province d’Asie au IIe siècle de notre ère, dans les publications de la Bibliothèque des Écoles Françaises d’Athènes et de Rome, 1923 ; K. Horna, Die Hymnen des Mesomedes, Leipzig, 1928 ; G. Martellotti, Mesomede, publications de la Scuola di Filologia Classica, Rome, 1929 ; H.-C. Puech, Numénius d’Apamée, dans les Mélanges Bidez, Bruxelles, 1934. Sur la guerre juive, W. D. Gray, The Founding of Ælia Capitolina and the Chronology of the Jewish War under Hadrian, American Journal of Semitic Language and Literature, 1923 ; A. L. Sachar, A History of the Jews, 1950 ; et S. Lieberman, Greek in Jewish Palestine, 1942. Les découvertes archéologiques faites en Israël durant ces dernières années et concernant la révolte de Bar Kochba ont enrichi sur certains points de détail notre connaissance de la guerre de Palestine ; la plupart d’entre elles, survenues après 1951, n’ont pu être utilisées au cours du présent ouvrage. L’iconographie d’Antinoüs, et, de façon plus incidentelle, l’histoire du personnage, n’ont pas cessé d’intéresser les archéologues et les esthéticiens, surtout en pays de langue germanique, depuis qu’en 1764 Winckelmann donna à la portraiture d’Antinoüs, ou du moins à ses principaux portraits connus à l’époque, une place importante dans son Histoire de l’Art Antique. La plupart de ces travaux datant de la fin du XVIIIe siècle et même du xIxe siècle n’ont plus guère aujourd’hui en ce qui nous concerne qu’un intérêt de curiosité : l’ouvrage de L. Dietrichson, Antinoüs, Christiania, 1884, d’un idéalisme assez confus, demeure néanmoins digne d’attention par le soin avec lequel l’auteur a rassemblé la presque totalité des allusions antiques au favori d’Hadrien ; le côté iconographique représente cependant aujourd’hui un point de vue et des méthodes dépassées. Le petit livre de F. Laban, Der Gemütsausdruck des Antinoüs, Berlin, 1891, fait le tour des théories esthétiques en vogue en Allemagne à l’époque, mais n’enrichit en rien l’iconographie proprement dite du jeune Bithynien. Le long essai consacré à Antinoüs par J. A. Symonds dans ses Sketches in Italy and Greece, Londres, 1900, bien que de ton et d’information parfois surannés, reste d’un grand intérêt, ainsi qu’une note du même auteur sur le même sujet, dans son remarquable et rarissime essai sur l’inversion antique, A Problem in Greek Ethics (dix ex. hors commerce, 1883, réimprimés à 100 ex. en 1901). L’ouvrage de E. Holm, Das Bildnis des Antinoüs, Leipzig, 1933, recension de type plus académique, n’apporte guère sur le sujet de vues ni d’informations nouvelles. Pour les monuments figurés d’Antinoüs, à l’exception de la numismatique, le meilleur texte relativement récent est l’étude publiée par Pirro Marconi, Antinoo. Saggio sull’ Arte dell’ Eta’ Adrianea, dans le volume XXIX des Monumenti Antichi, R. Accademia dei Lincei, Rome, 1923, étude d’ailleurs assez peu accessible au grand public, du fait que les nombreux tomes de cette collection ne sont représentés au complet que dans fort peu de grandes bibliothèques.