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merveilles des points de Venise ou de Flandre, cette délicate et si artistique orfèvrerie à l'aiguille !

D'énormes manches qui ne sont pas des manches tiennent au corsage. Ce sont des ailes ouvertes fendues dès l'épaule, descendant très bas, garnies de boutons serrés qui ne se boutonnent pas. La vraie manche paraît en dessous, toujours rembourrée et remontante aux épaules, terminée par des poignets en dentelles appelés rebras.

Les jupes sont moins ballonnées que jadis, le vertugadin est plus modeste, c'est une simple cloche lourde et tombant droit, ou plutôt cela ressemble à la grosse caisse bariolée d'un bataillon de Suisses, mais les hanches sont renflées en coupole et accusées de façon grotesque par un rang de tuyaux godronnés de la même étoffe que la robe.

Il est assez difficile aux femmes d'avoir avec cela une démarche élégante et légère; cependant les beautés de l'époque tiennent à ces jupes et l'idéal de la grâce est d'affecter en marchant un dandinement de canard pour leur donner un balancement rythmique.

Une dame élégante a sous la robe trois autres jupes qu'elle doit montrer en se retroussant élégamment, trois autres jupes dornc-mentation et de couleurs différentes.

Dans la liste des étoffes et des couleurs à la mode, elle a de quoi choisir, nous avons alors une série de noms aussi drolatiques que ceux inventés plus tard par le capricieux xviii^ siècle.

Couleur triste amie, ventre de biche, face grattée, couleur de rat, fleur mourante, singe înourant, couleur de veuve réjouie, de temps perdu, de trépassé revenu, Espagnol malade, péché mortel, jambon commun, racleur de cheminée, etc.

Le temps de la régence de Marie de Médicid est une époque de transition entre les modes du XVI'' et celles du xvii'^ siècles ; le vrai costume Louis XIII ne se dégagera complètement des derniers vestiges des modes de la Renaissance que vers 1630, à l'époque des édits réformateurs de Richelieu qui, prohibant draps et brocards d'or et d'argent, broderies et passementeries de fils d'or, dentelles, points coupés, forcèrent les élégants à se contenter d'étoffes et de lingeries plus simples et induisirent les tailleurs de robes et d'habits à chercher des formes nouvelles.

Pendant la première partie du règne, la mode se dégage lentement de sa lourdeur, le vertugadiii diminue peu à peu et le si disgracieux renflement godronné au-dessus des hanches disparaît, remplacé par un retroussis à grands plis de la jupe de dessus.

Le vertugadin humilié a passé la frontière, il règne en Espagne où sous le nom de giiarde infante, il prend de si colossales proportions (jue lautorité veut par des édits, comme en France, arrêter leur développement. A l'amende s'ajoute la saisie et l'exposition publique des objets prohibés. L'édit, sévèrement appliqué, suscita des résistances violentes et des émeutes oîi le sang coula.

Le vertugadin eut la vie si longue de l'autre côté des Pyrénées que les galants de la cour de Louis XIV le revirent avec surprise porté par les dames de la cour espagnole lors de l'entrevue dans l'iîe de hi Conférence pour le mariage de Louis avec Marie-Thérèse.

En France, la recherche, la richesse et le faste, la multiplicité des ornements, la surcharge de joaillerie se remettent à dominer dans la mode et toutes les dames, même celles de la plus simple bourgeoisie donnent dans l'abus des superfluités coûteuses et du clinquant. Comment « une p^alante femme en habits se

D'il près Callot.

comporte, » -un poète satiri([ue va nous le dire :

Il lui faut des carcans, chaînes et bracelets, Diamants, affiquets et montants de collets, Pour charger un mulet, et voire davantaKO...

Jl lui faut des rabats de la sorte que celles Qui sont de cinq ou six villages damoiselles; Cinq collets de dentelle haute de demi-pié L'un sur l'autre montés...

Si les vertugadins ont diminué, les fraises ont plutôt gagné en hauteur et développement ; les grands portraits de Rubens et ensuite ceux de Van Dick nous montrent ces fraises de la dernière période, en demi-circonférences s'é-vasant derrière la tête.

Mais les estampes de Callot et d'Abraham Bosse vont nous renseigner sur les modes parisiennes d'avant et d'après les édits de Richelieu.

Callot qui avant 1630 a dessiné de sa merveilleuse pointe tant d'élégants et pittoresques cavaliers en pourpoint de soie ou de buffle, tant d'officiers en hongreline, à petites bottes et grandes flamberges, de seigneurs bien x\if siècle, dans ces costumes si charmants et d'une si jolie crànerie, portés avec tant de prestance et de laisser-aller, a gravé aussi quelques costumes de femmes, qui, bien que de la même époque sont encore un peu dans le style des modes du siècle précédent.

Ces dames portent encore les robes à taill longue serrée dans le corps piqué rigide, les manches à bourrelets avec crevés tailladés en grande ou petite déchiquetade, de couleurs vives, les jupes relevées sur le vertugadin rétréci.

Elles sont chaussées de souliers à pont-levis. avec attaches sur le coup de pied, une mode nouvelle.

Les bourgeoises non plus que les dames ne vont >'ulle part maintenant, qu'avec soulier à pont, Qui aye aux deux côtés une large ouverture Pour faire voir leurs bas, et dessus pour parure Un beau cordon de soie en nœud d'amour lié...

Ceci décrit suffisamment le soulier Louis XIII d'une si cavalière élégance. Le Musée de Cluny dans sa riche collection de chaussures en possède d'admirables, très découpés et décorés d'ornements noirs sur le cuir fauve et d'autres plus simples avec le nœud de rubans dit nœud d'amour.

Les découpures laissaient voir les bas de soie incarnat, couleur à la mode; pour sortir on ajoutait à ces souliers des patins de velours cramoisi à très hautes semelles.

Les gants des ('dégantes étaient non moins

l'raisi' Mûiiici

jolis, ornés de dessins sur le dos et d'aral)esques brodés surlegrandcrispin emboîtant le poignet. De vives chamarrures, de grands ramages de fleurs courent sur toutes les robes comme ils couvrent toutes les étoffes du temps. Le jardin des plantes, autrefois jardin du Roi. doit sa création à cetto mod^: le noyau jirimil il'fut sous Henri IV lo jardin d'un horticulteur avisé

OÙ toutes les sortes de plantes françaises ou étrangères étaient cultivées en vue de fournir

Co.sagc Louis Mil.

des modèles aux dessinateurs d'étoffes ou de broderies.

Les coiffures varient. Longtemps à cause des grands collets des fraises, elles sont restées très hautes, ondées ou frisées en bonnet d'astrakan et ornées seulement de bijoux. Plus tard les fraises s'abaissent tout à coup et se séparent en rabats de dentelle de point coiq^é. rabattus sur l'échancrure carrée du corsage, et en collets abaissés, sinon rabattus aussi.

La coiffure peut s'abaisser aussi avec ces fraises basses ; on forme un petit chignon dit culebutte derrière la tête et on encadre la figure de jolies boucles tombantes ou frisées. Cette mode s'exagère un peu, les femmes se font avec leur coiffure frisottée et les petites mèches plaquées sur le front, une tête ronde comme une boule.

Viennent les édits de Richelieu qui veut empêcher l'or de France de s'en aller, au détriment du commerce français, enrichir les manufactures étrangères en achats de passementeries de soie de Milan et de dentelles ou broderies, les édits qui prohibent ensuite les galons et franges, parfdures et canetilles enrichies d'or et d'argent, en ne permettant (|ue les galons étroits de simple étoffe; le costume va changer tout à coup

Il faut serrer ces belles jupes Qui brillent de clinquants divers. On a pris les dames pour dupes, Leurs habits n'en seront point couverts, dit une dame dessinée par Abraham Bosse en 1634 après les édits et la réformation du costume.