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Changement radical, plus de surcharge d'or-

Boirgeoisc Louis XllI.

nements, plus d'étofîes à ramages, plus de fines dentelles de Venise ou de Bruxelles. La dame suivant Védit d'Abraham Bosse porte sur une jupe plate, à plis tombant droit, sans le moindre soupçon de vertugade, un corsage à basques, à taille très haute serrée par un simple ruban, des manches larges, ouvertes sur une manche de dessous très simple sans la moindre broderie ni garniture.

La grande fraise, le grand collet monté ou rabattu est remplacé par un grand rabat de lingerie qui monte jusqu'au menton. Il n'y a plus dans ce costume aucun reste des modes (lu xvi^ siècle définitivement trépassées.

Mais ce costume extrêmement simple, dune sobriété qui touche à l'austérité, restera celui des toutes petites bourgeoises, des bonnes ménagères à qui les édits somptuaires ne causent pas grand souci ni douleur; c'est en somme dans les grandes lignes, le coslume actuel des sœurs de Saint-Vincent rie Paul, aux couleurs près.

Les belles dames vont prendre ce modeste costume d'après les édits et le transformer bien vite et en faire un des ensembles les plus élégants et les plus charmants que la mode ait inventés, un type vraiment remarquable de haute distinction, juste au moment où le costume masculin si dégagé, si cavalier des premiers temps de Callot. va se modifier en mal. devenir lourd et guindé avec les justaucorps à taille sous les bras et les hauts de chausses tombant au mollet.

Fin du règne de Louis XIII.

La robe s'ouvre du haut en bas, laissant voir un devant de corsage de satin clair orné d'aiguillettes et terminé en pointe arrondie sur une jupe de dessous de soie ou satin mordoré.

La robe de dessus ainsi largement ouverte et assez longue, a tous ses plis sur les côtés ou par derrière.

Les manches bouirantes sont coupées en minces bandes du haut en bas, rattachées sur la saignée par un ruban ou simplement ouvertes sur une riche manche de dessous et garnies sur l'ouverture d'aiguillettes ou de nœuds de rubans.

Plus de collets montés, rien (|ue des collets rabattus. Ces grands collets et rabats de lingerie ont bien vite repris quelques riches broderies, dont les pointes tombent maintenant très bas sur les épaules et sur les bras, en même temps que de hautes manchettes dentelées et découpées de la même broderie montent des poignets jusqu'au coude.

Et touifes et boulTettes de rubans partout, rosettes au corsage; guirlandes de rosettes à la ceinture, et colliers de perles tombant dans le corsage, carcans de bijouterie serrés au cou, diamants et pierres sur les aiguillettes et les ferrets. Voici la dame à la mode de 163o qui s'en va promener ses riches atours à la Place Royale parmi les galants à moustaches retroussées, qui papillonnent sous les arcades.

Ce sera tout à l'heure le costume des héroïnes de la Fronde, des duchesses liguées contre Mazarin, et cela deviendra en se modifiant peu à peu le grand costume des fêtes éblouissantes de la cour de Louis XIV.

Elégante Louis XHI.

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VII

SOUS LE ROI-SOLEIL

Les héroïnes de la rronde. —De la Vallière à la MaiiiLe-non.—Les robes dites transparentes.— Triomphe de la dentelle.—Le roman de la mode. — Les Steinquer-ques. — La coilTure à la Fontanges. — Le règne de M""' de Maintenon ou trente-cinq ans de morosité.

LerèiiiiL' du grand rui. Le règne des architectures étalant une somptuosité d'apparat, une

A LA COUR DU ROI-SOLHIL.

solennité majestueuse et le règne des perruques également solennelles et majestueuses, des modes dun luxe écrasant, où la superbe écrase un peu l'élégance !

Le grand siècle! la grandeur poussée jusqu'au gonflement et la splendeur jusqu'à la surcharge, la même lourde magnificence dans le style des hôtels ou des palais, demeures des nobles seigneurs emperruqués, dans le mobilier noble et pompeux que dans l'habillement masculin et féminin et dans les fantaisies raffinées du costume.

Le grand règne a un prologue légèrement agité, la Fronde, qui donne occasion aux belles dames de faire un peu de galante politique et de se donner une petite idée des émotions de leurs grand'mères du temps de la Ligue. La mort a desserré la forte main qui tenait les brides du royaume, Richelieu disparu, on peut caracoler.

Et à l'exemple de messieurs les ducs, les héro'ines de la Fronde ont caracolé! Ce commencement, quand le grand roi n'est encore que le petit roi, a une jolie allure romanesque.

M"'^Mes Duchesses, M'"° de Ghevreuse. M'"^ de Moiitbazoïi, M'"'' de Bouillon, M"^^ de Lon-g'ueville et la duchesse de Montpensier, Mademoiselle, la Grande Mademoiselle, petite-fille d'Henri IV, qui aide à battre les soldats du roi à coups de canon, en attendant (ju'elle soit. à coups de canne, battue par son mari, le beau Lauzun pris à défaut de Louis, — les belles et séduisantes rebelles aux libres allures, aux beaux yeux et aux belles tailles sans aller jusqu'à la casaque des gardes et la hongreline soldatesque, arborent avec crnnerie des costumes semi-militaires.

Pendant les annéesde trouldes et d'émeutes, de guerre civile à Paris et de cavalcades armées dans les provinces, n'assistent-elles pas aux parades des troupes levées par les princes contre les troupes du Roi, avec Gondé ou contre Gondé: — ces amazones, du haut du perron de rHôteldc Ville, ne haranguent-elles pas les Parisiens toujours en goût d'émeute, le populaire hérissé de vieilles hallebardes et d'arquebuses ligueuses, ne passent-elles pas en revue dans Paris un ]teu assit''gé 1rs forres de îa Fronde, les sors LE ROI-SOLEIL Hî milices parisiennes qui traînent bruyamment ce qui reste du pittoresque bric-à-brac guerrier (lu temps de M. de Guise, la Cavalerie des portes cochères et le régiment de Corinthe de M. le Coadjuteur,— et ne tirent-elles pas vaillamment, quand les affaires se gâtent, le canon de la Bastille sur l'armée royale? Quel joli prétexte à modes cavalières.

Tout est à la Fronde, les modes comme le reste. La mode pouvait avoir quelque motif d'en vouloir au Mazarin qui renouvelail les édits prohibitifs, ces éternels édits sans doute oubliés ou bravés aussitôt que publiés et qu'il fallait renouveler toujours, frappant alternativement les passementeries au profit des guipures, et les guipures au bénéfice des passementeries.

Louis a grandi, il règne.

Mais le roi est jeune, le grand siècle songe à se divertir, il aime la gloire, mais il aime aussi le plaisir. C'est sa première manière, plus tard le siècle et le roi, vieillis tous deux, tout en gardant le eulte de la gloire, songeront à se repentir du plaisir.

La der/iière reine de la mode, reine austère et pincée qui mettra le siècle en pénitence pour le punir de toutes les frivoles inventions

Une Duchesse de la Fronde.

de son bel âge, ce sera la réfrigérante M"^*^ de Maintenon.

En attendant, c'est Ninon de TEnclos la séductrice qui traverse tout ce siècle, ou c'est su us LE KUl-SULEiL la Vallière, c'est Montespan, c'est Fontaiiges, avec une foule de reines d'un jour ou de demi-reines.

Gomme Louis dit : « l'Etat c'est moi», la marquise de Montespan peut dire : « la Mode c'est moi! » Cela n'empêche pas une foule de génies féminins de trouver chaque jour quelque idéal colifichet, quelque coquetterie jolie à faire tourner toutes les têtes, quelque arrangement nouveau que les marquis de Molière trouveront délicieux.

Pour les hommes c'est le temps des canons, des rhingraves, ces bizarres hauts de chausses en forme de jupons enrubannés, des petites oies en bouquets de rubans. Pour les femmes, nulle époque ne vit ajustements plus riches. Hommes et femmes se ruinent en déploiement de faste.