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Il y avait aussi \e'è2Joufs, coiffures abracadabrantes, le pouf au sentiment, assemblage absurde de fleurs et de verdures poussées sur une haute colline chevelue, avec des oiseaux sur les branches, des papillons et des amours de carton voltigeant dans ce bocage ridicule ; \e x)ouf à la chanceliere, \e pouf à droite, le pouf à gauche.

Le pouf au sentiment donne toute latitude possible aux combinaisons et à l'étalage des affections et des goûts, ne voit-on pas la duchesse de Chartres, mère du roi Louis-Philippe,

Luc impure, d'après WiUc,

porter sur son pouf un petit musée de figurines : son fils aîné dans les bras de sa nourrice, un petit nègre, un perroquet becquetant une

Toilette de Cour.

cerise et des dessins exécutés avec les cheveux de ses parents les plus chers.

Après la coiffure jardin, on trouve la coiffure dite cascade de Saint-Cloud, avec une cascade de boucles poudrées tombant du sommet de la tête, la coiffure potager montrant quelques bottes de légumes accrochées aux frisons, la coiffure agreste, les paysages montrant une colline avec des moulins qui tournent, une prairie traversée par un ruisseau argenté avec une bergère gardant ses moutons, des montagnes, une forêt avec un chasseur et un chien faisant lever du gibier.

Puis viennent la coiffure au Colysée, à la candeur, aux clochettes, au mirliton, — la laitière, la baigneuse, la marmotte, la paysanne, le fichu, l'orientale, la circassienne, — le casque à la Minerve, le croissant, le bandeau d'amour, — le chapeau à l'énigme, au désir de plaire, la calèche retroussée, l'économe du siècle, la Vénus pèlerine, la baigneuse à la frivolité, etc., les frisures en sentiments soutenus et en sentiments repliés...

Les grandes coiffures d'apparat, fleuries, enguirlandées, empanachées, immenses et très lourds échafaudages, tenaient une telle place que les dames étaient forcées, dans les ca-rosses où déjà elles avaient tant de peine à caser leurs paniers, de tenir la tête penchée de côté ou même de rester agenouillées.

Des caricatures représentent les dames ainsi coiffées, dans des chaises à porteurs dont le couvercle a été enlevé pour laisser passer le sommet, blanc comme une Alpe, de la gigantesque coiffure.

La plus étonnante de toutes ces grandes coiffures fut celle dite à la Belle-Poule^ en l'honneur de la victoire remportée en 1778, par la frégate la Belle-Poule sur le navire anglais VAréthuse. Sous la masse des cheveux arrangés en grandes vagues, une frégate de belle taille, avec tous ses mâts, ses vergues, ses canons et ses petits matelots, naviguait toutes voiles dehors. Après avoir composé ce chef-d'œuvre, Léonard ou Dagé pouvaient se pendre, ils ne trouveraient jamais mieux.

Ce fut donc vraiment jusqu'en 89, un défilé d'inventions ridicules sur les têtes féminines. La plus haute donnait l'exemple. Hélas ! elles devaient expier ! La tête avait péché, la tête paya. Et si la plus haute tomba, ce fut justement par la faute de celui qui pendant les heureuses années avait prodigué pour elle les inventions excentriques.

Léonard, l'illustrissime coifTeur de la reine,

Coiffure à la Belle-Poule.

était du voyage de Varennes. En ces jours terribles, dans le grand naufrage de la monarchie, que songe-t-on à sauver ? L'indispensable Léonard ! Et cette faiblesse dernière tourna mal pour la pauvre reine, car ce serait, dit-on, sur un

PARISIENNES 1789.

renseignement erroné donné très innocemment par Léonard parti en avant, à un détachement des troupes du marquis de Bouille, que le

secours manqua à la famille royale arrêtée à Varennes.

...Quand l'élégante était coiffée, quand elle avait, en s'abritant la figure dans un grand cornet de papier, été convenablement saupoudrée d'une couche épaisse de poudre — mode étrange qui depuis le commencement du siècle mettait la neige des ans sur tous les fronts, qui recouvrait des mêmes frimas toutes les tètes masculines et féminines— quand elle avait sur les joues une forte teinte de rouge, contrastant durement avec le blanc de la chevelure, — le rouge c'est la loi et les prophètes, avait dit M"''' de Sévigné, —il n'y avait plus, pour que l'élégante fut irrésistible, qu'à placer les mouches destinées à relever certains détails de physionomie, à donner du piquant à l'expression.

Ces mouches que les femmes s'étudiaient à placer de la façon la plus avantageuse pour leur genre de beauté particulier, portaient suivant leur place les noms amusants que voici :

La majestueuse se pose sur le front et Venjouée dans le coin de la bouche ; sur les lèvres des brunes, c'est la friponne; sur le nez V effrontée, légèrement comique ; au milieu de la joue la galante, près de l'œil cette mouche qui fait le regard à volonté languissant ou passionné, c'est rassassine, sans compter les fantaisies. les mouches en croissant, en étoile, en comète, en cœur...

Mais voici les derniers jours d'un monde qui va s'effondrer, d'une société qui va disparaître dans une soudaine catastrophe.

Dès 1785, l'ancien régime est atteint, la révolution est faite... dans les toilettes !

C'est une révolution complète, venue presque sans transition, le galant costume xvni'^ siècle est ahandonné pour une série d'inventions nouvelles donnant des lignes tout à fait différentes.

Adieu paniers, vendanges sont faites. Les immenses paniers sont décédés, on a commencé par les remplacer par les paniers dits à coude^ consistant en un simple renflement sur lequel on pouvait appuyer les coudes et par deux petits jupons rembourrés appelés bêtises portés sur les cotés et par un troisième placé tout à fait derrière et très crûment dénommé. Puis on les a rejetés complètement, et les femmes en jupes presque plates se sont acheminées peu à peu vers la robe fourreau et le trop simple appareil de la Révolution.

Marie-Antoinette fermière de Trianon, amène un peu de paysannerie dans les modes, de la paysannerie d'opéra-comique, de la bergerie à la Florinn ou au Devin du Village. On voit ap-

r.oifTure d'intérieur.

paraître les chapeaux de paille, les tabliers, les caracos, les casaquins.

Lronard régnant sur les télés et les gouvernant à sa fantaisie, pour le reste, l'arbitre du goût à la cour de Marie-Antoinette, c'est M"'' Rose Berlin, la arande mnndiande de modes de la reine, celle qu"oii apjDelle son )ninistre des modes.

Rose Berlin ordonne et décrète, elle invente

Grand Chapeau.

et elle compose, les l'emmes crient merveille ii tout ce qui sort de ses mains, et les maris se plaignent de l'immensité de ses mémoires... comme toujours.

Vers 1780, la mode tourne et cherche des façons de robes nouvelles. On invente les robes polonaises et les robes circassiennes qui n'ont rien de polonais ni de cireassien, des robes courtes d'abord, avec des relevés sur des paniers, puis de longues robes de dessus flottantes.

La tendance aux modes négligées va bientôt «accentuant, on voit paraître les robes lévites qui sont l'occasion d'un scandale au jardin du Luxembourg; une comtesse se promène avec une lévite à queue de singe, c'est-à-dire à queue bizarrement coupée et tortillée, elle est suivie par une foule moqueuse, et il faut pour la dégager faire avancer la garde.

Après les lévites viennent les robes négligentes et demi-négligentes, les robes en chemise, les baigneuses et les déshabillés.

Pour ces toilettes déjà si singulièrement baptisées, les couleurs à la mode sont :