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Couleurs queue de serin, cuisse de nymphe émue, carmélite.

Couleurs auDaupliin.

Couleurs de gens nouvellement arrivés.

Couleurs vive Bergère et Vert pomme.

Couleur soupir étouffé.

Une puce s'étant égarée à la cour, — la garde qui veille à la porte du Louvre n'en préserve

Robe lévite.

pas l'épiderme des reines,— on a la série des couleurs puce : Ventre de puce, dos de puce, cuisse de puce, vieille j)uce, jeune puce. etc.

Ces couleurs puce font soudainement place à une autre couleur également née à la cour et plus gracieusement dénommée; c'est la couleur cheveu de la Reine, appellation trouvée par le comte d'Artois. Immédiatement toutes les élolTos doivent être couleur cheveu de la Reine.

L'amazone, le costume féminin })our la promenade à cheval n'était pas au xviii'' siècle l'uniforme noir et lugubre infligé par le goût moderne avec l'aifreux chapeau de haute forme pour complément et aggravation, aux élégantes de nos jours.

Moreau le jeune qui. dans la suite d'estampes du Monument du costume, a fait passer toute la belle société de son temps, vue au milieu de ses fêtes, de ses cérémonies et de ses plaisirs, au salon et au boudoir, au château, à la Cour, à l'Opéra et au bois de Boulogne, a dessiné les élégantes de 1780, en tenue de cheval, avec les longues jupes et les ceintures, les redingotes anglaises ou les petites vestes, les grands chapeaux à plumes ombrageant les catogans poudrés.

PROMENADE PARISIENNE 1790.

LOUIS XVI

Elles étaient charmantes, et multicolores et variées, ces amazones xviii° siècle, et certes, la ibule dans l'avenue des Champs-Elysées ne présentait pas alors le sombre aspect qu'elle

AiiMZonc (J'iiprcs Moicau le Jeune.

garde aujourd'hui, même aux plus beaux jours de printemps.

Les dernières anr_ies de la monarchie voient, comme une revanche de la guerre d'Amérique, l'invasion des modes britanniques. Les formes sont bien nouvelles et tranchent complètement clans l'ensemble comme dans tous les détails des modes précédentes.

La toilette a des airs sans l'aron ou un cachet anglais tout à fait nouveau régime. On porte des vestes, des corsages à basques ouvrant sur des gilets, des fracs à gros boutons ou à lacets, et des redingotes à grands revers et triples collets, serrées à la taille et tombant très bas par derrière. Les boutons énormes et voyants de ces vestes et de ces redingotes sont en métal de toutes les formes possibles et (luel<iuefois illustrés de peintures; il en existe de curieux échantillons dans les collections.

Les élégantes, comme les hommes à la mode, portent deux montres avec deux longues breloques tombant du gilet, elles ont des gilets, des cravates, des catogans et des cade-nettes comme les hommes, elles portent de grandes cannes comme les hommes. Il est vrai que les hommes prennent bien le gros manchon à l'occasion.

Et des fichus!... Toutes les femmes en portent avec toutes les toilettes, d'immenses fichus faisant au-dessus de la taille très Ion-

Modes anglaises.

gue et horriblement serrée, un gonflement de poitrine invraisemblable.

Ces toilettes arborent toutes les couleurs de l'arc-cii-cicl les plus fraîches et les plus vives ou les plus bizarres; ce sont des satins, des taffetas, des draps citron, rose, vert pomme, jaune serin, des gourgourans changeants, des mousselines de tous les tons, unies ou rayées. Les rayures ont un immense succès en 1787 sur le dos des élégantes et sur celui des élégants. Pendant Tété de cette année-là. hommes, femmes et enfants, tout le monde est en toilettes rayées.

La coiffure aussi est révolutionnée, c'est déjà la coiffure comme le xix^ siècle va la comprendre, c'est la naissance du chapeau moderne.

Les femmes sont toujours poudrées, elles ont toujours sur la tète une innnense quanti lé de cheveux arrangés en énornu^s i)erruques lloconnantes autour de la ligure, dans le genre de la perruque masculine, avec de grandes boucles tombant de chaque côté du corsage et dans le dos, ou, comme les hommes, un gros catogan par derrière.

Les chapeaux sont de formes cl de dimensions extraordinaires; bords immenses, fonds énormes avec d'extravagantes accumulations de garnitures. On ne se met plus une frégate, toutes voiles dehors, sur la tête, mais on se coiffe d'une espèce de galiote renversée, mise de travers et assez large pour servir de para-

chapeau bonnette.

pluie à roccasion. On porte le chapeau bonnette et le demi-bonnette, un peu moins large mais aussi haut, garni de nœuds de rubans, de ruches et de bouquets de plumes de coq, le chapeau turban, haut bonnet de jnnissaire rayé, avec écharpe de gaze et panache de plumes, le chapeau à la Caisse cVescompte, c'est-à-dire sans fonds, enpanier percé comme cette caisse, le chapeau Cardinal sur la paille après l'affaire du Collier, chapeau en paille bordé d'un ruban rouge cardinal, le grandissime chapeau à la Tarare, le chapeau à la Basile inventé après le grand succès dr; Beaumarchais avec bien d'autres modes <à la Figaro, le chapeau à la veuve du Malabar, les bonnets à la Mont-golfier, au Globe lixé, au ballon, au moment des premières expériences aérostatiques, puis le bonnet aux trois ordres qui commence à la réunion des États généraux le grand déiilé des modes révolutionnaires...

Mais dans ce dix-huitième siècle qui valhiir si lugubrement, à côté des belles de la cour et de la ville, des dames plus ou moins grandes, car il y a déjà le demi-monde, les danseuses illustres et les courtisanes célèbres, à côté des reines de la mode qui vont à Longchamps accompagnées d'un heiduque à turban pour porter leur parasol, précédées d'un coureur en maillot ot bonnet à plume, la grande canne à la main, à côté des élégantes empanachées qui suivent toutes les fantaisies de la capricieuse fée aux chiffons, il y a les adorables petites bour-

Le cliapeau turban.

geoises que l'on retrouve dans les vieux portraits et dans les petits mémoires, charmantes et tendres figures qui ne s'entourent pas, comme les autres, du même nuage de plumes et de dentelles, qui restent dans une note plus discrète, suivant la mode un peu de côté et conservant mieux les vieilles traditions et les vieux atours.

A elles les jolies petites coiffes si différentes des pyramides de cheveux et de colifichets à la Léonard, ces coiffes bien plus seyantes que l'on recouvre, pour sortir, d'un capuchon retenu par un fil de laiton, à elles les robes de coupe plus modeste et les petits paniers moins surchargés que les paniers à falbalas de vingt pieds de circonférence.

Jolies petites bourgeoises qui ont conservé dans un siècle licencieux l'honnêteté des bonnes vieilles mœurs, existences plus calmes se déroulant dans un cercle étroit d'occupations familiales et de plaisirs simples, allant tout doucement du sermon du dimanche à la paroisse, — aux réunions sans façon et aux bonnes parties champêtres.

C'est un monde qui s'en va finir aussi, dans la grande fusion et confusion des classes, au fond de la chaudière révolutionnaire, dans la révolution politique et ensuite dans la révolution industrielle et scientifique, bouleverse-

MERVEILLEUSE EX TUXiaUE A LA GRECQUE.

ment énorme qui aboutira pour tous à la vie fiévreuse et haletante de notre siècle.

En attendant, sans se douter des temps difficiles qu'il va falloir passer, sans voir l'effrayant nuage de sang qui monte à l'horizon, la petite bourgeoise gaie et insouciante dans son petit salon blanc, fredonne à son clavecin quelque joli petit air bien tendre, et bien différent de nos compliqués logarithmes musicaux.