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Sous Louis XII,

L'Escoffion.

II

MOYEN AGE

Les Gauloises teintes et tatouées- — Premiers corsets et premières fausses-nattes. — Premiers édits somp-tuaires. — Influence byzantine. — Bliauds, surcots, cottes hardies. — Les robes historiées et armoriées, — Les ordonnances de Philippe le Bel. — Hennins et Escoffions. — La croisade de frère Thomas Connecte contre les Hennins. — La dame de Beauté.

Il faut avoir le courage de l'avouer, ici iiirmo. dans ce Parisis qui porte et fait triompher partout l'étendard de l'élégance, les aïeules de Mesdames les Parisiennes, il y a quelque deux mille ans, se promenaient un peu attifées à la mode des élégantes Néo-Zé-landaises d'aujourd'hui, dans la grande et sombre forêt qui des bords de la Seine remontait aux rives de l'Oise et s'en allait toucher aux Ardennes en un vaste et inexlrical)le l)ois de Boulogne.

Ces Gauloises, belles et rudes, allant épaules découvertes et bras nus, étaient peinlurlu-rées et probablement tatouées; dans tous les cas il est certain qu'elles se teignaient les cheveux.

Les nombreux bijoux parvenus jusqu'à nous, fibules, torques ou colliers, bracelets, agrafes en bronze et quelquefois en argent ou en or, témoignent que ces demi-sauvagesses primitives connaissaient un certain luxe. Tous ces objets présentent dans leur style une grande analogie avec le style d'ornementation qui s'est perpétué jusqu'à nos jours dans la Bretagne acluolle.

La vieille Gaule barbare devenue la (Jaule romaine, les Gauloises se montrèrent vite, à l'imitation des Romaines, très raffinées en civilisation et en luxe. Le corset, mesdames, date de cette époque, corselet d'étoffe moulant le corps plutôt qu'instrument de torture violentant les lignes.

Le goût primitif pour la peinture éclatante ne se perdit pas tout à fait, la teinture devint du simple fard; déjà les essences pour entretenir la fraîcheur du visage étaient inventées et aussi les fausses nattes. Ces tresses d'un blond ardent, — couleur dès longtemps à la mode, on le voit, — étaient achetées aux paysannes de la Germanie, aux Gretchens du temps d'Arminius.

Un retour à la barbarie et à la simplicité suivit les invasions de ces Francs, dont les femmes, rudes gaillardes, étaient vêtues pour tout luxe d'une simple chemise à bandes de pourpre.

Les modes romaines, mélangées aux modes gauloises et franques, les modes mérovingiennes, dont quelques statues raides et hiératiques peuvent nous donner l'idée, se transformèrent peu à peu.

Au milieu de sa cour, parmi les femmes de ses ducs et de ses comtes, qui montraient le goût le plus effréné pour la parure, les étoffes somptueuses et les bijoux, le grand Empereur à la barbe fleurie, Charlemagne, affectait pour lui-même au contraire, une grande simplicité de vêtements, comme d'autres grands empereurs ou rois, Frédéric II et Napoléon. Choqué par le déploiement de faste des femmes de sa famille, Charlemagne dut édicter les premières lois somptuaires, lesquelles ne furent suivies naturellement que par les simples bourgeoises, par les bonnes dames qui n'avaient que faire de défenses et de prohibitions pour se priver de somptuosités qu'elles ne pouvaient songera s'acheter, faute d'argent.

La société de ce temps-Ki, nous la voyons figée en grandes ligures hiératiques, sculptées sous les porches romans de nos plus vieilles églises. Rangées de rois et de reines, raides et sévères, encadrés sous les vieilles arcatures, princes et princesses couchés sur les dalles funéraires, vieux spectres de pierre, taillés d'un rude el barbare ciseau, qui nous dira ce que VOUS étiez vraiment, ce qu'était, dans le mouvement et la vie, ce monde que vous dirigiez?

Vous vous taisez, vous gardez votre secret, fronts mystérieux de fantômes sculptés, debout aux façades que vous avez fondées, ou couchés dans les musées qui vous ont recueillis.

Nos villes où les gracieuses Françaises, filles de ces aïeules de pierre, se promènent dans le tourbillon pressé des foules, devant les brillants magasins de notre siècle vivant d'une vie si intense, nos vieilles cités existaient déjà toutes, mais combien de fois ont-elles fait peau neuve ! Des vestiges de ces temps tout a disparu, les dernières pierres sont ensevelies sous les fondations des plus anciens monuments.

Nous en savons presque aussi peu, des façons de vivre d'alors, que de la civilisation des villages de l'ère des dolmens, et c'est dans les premiers et plus anciens poèmes ou romans chevaleresques qu'il nous faut chercher çà et là à travers coups de lance ou de hache, quelques détails intimes sur la vie sociale d'alors.

Voici le moyen âge. L'influence byzantine de la Rome transplantée sur le Bosphore, règne

Le Surcot à garde-corps.

(l'abord dans le vêtement des femmes comme dans celui des hommes et domine vers l'époque des premières croisades. C'est alors le temps des longues robes à plis très fias, des dou?jles ceintures, une à la vraie taille et une sur les hanches, des voiles transparents.

C'est bien une époque de transition, on voit la mode tâtonner, retourner en arrière et reprendre, avec quelques modifications, des

Coift'ure de cérémonie. XIV» siècle.

formes oubliées; le costume romain, mudilié d'abord par Byzance, arrangé, rendu semi-oriental, revient presque au jour.

Puis soudain, à l'aurore du xiii^ siècle, quand les temps nouveaux commencent à sortir du crépuscule de la vieille barbarie, les modes nouvelles se dessinent, nettement, franchement.

C'est la vraie naissance de la mode fran^^aise, du costume purement français, français comme l'architecture dégagée aussi des imitations, des emprunts et des souvenirs de Rome et de Byzance5 français comme l'art ogival jaillissant de notre sol.

La statuaire, les vitraux et les tapisseries du moyen âge vont nous fournir les meilleurs documents. Ces figures sculptées en grand costume sur leurs tombeaux, sont de véritables évocations de nobles châtelaines, des portraits extrêmement remarquables avec tous les détails des ajustements, des robes et de la coiffure nettement indiqués, et quelquefois portant encore des traces de peinture qui nous donnent les couleurs du costume.

Les vitraux sont encore plus intéressants, on trouve là des représentations de toutes les classes de la société, depuis la grande dame noble jusqu'à la femme du peuple : dans les vitraux commémoratifs, dans les vitraux des chapelles seigneuriales ou des chapelles de corporations des villes, dans les grandes compositions qui nous présentent si souvent, au bas des feiiestrages, les portraits des donataires, — les daines nobles à opulents costumes, agenouillées en face de bons chevaliers en armures, les riches bourgeoises en face de leurs maris échevins ou notables.

Les tapisseries sont quelquefois plus sujettes à caution comme vérité, l'artiste introduisant parfois des fantaisies décoratives dans ses compositions; néanmoins, que de figures donnant des indications précises et venant corroborer les autres renseignements et s'ajouter aux innombrables et merveilleuses illustrations des manuscrits.

Sur la robe de dessous, sur la jupe ou la cotte, la femme du xi'' siècle portait le hliaud ou bliaut, espèce de robe parée, de fine étoffe, serrée par une ceinture. Confectionné tout d'abord d'étoffe simplement gaufrée, le bliaut s'enrichit bientôt de dessins et d'ornements d'un joli style.