— Il risque de mijoter longtemps dans sa caisse, fais-je à Carola, de plus en plus impressionnée par mon esprit de détermination ; ce sera son châtiment.
— Vous ne préférez pas appeler la police ? objecte-t-elle.
J’éclate de rire.
— Vous plaisantez ! Les flics d’ici sont en cheville avec les malfaiteurs plus que dans n’importe quel autre pays ! Ils m’arrêteraient pour l’avoir frappé !
— Vous êtes un garçon inouï ! dit-elle.
— Vous vous en êtes aperçue toute seule ?
Tu sais quoi ? Elle me roule une pelle, dont la durée nécessiterait un tuba chez un individu n’ayant pas ma capacité thoracique.
Je sens que nous sommes revenus à la case départ. Fectivement, elle me rempoigne le bigoudi chauffant et le manœuvre comme s’il s’agissait d’une pompe à vélo domestique.
— Dommage que vous portiez un pantalon, déploré-je. La femme est faite pour mettre des jupes, sinon elle abdique sa qualité la plus précieuse qui est la disponibilité.
— Où est l’obstacle ? fait-elle, en dégrafant son bénoche trop ajusté et en s’en dépiautant avec dextérité.
La voilà déjà qui fait le flamant rose sur une seule patte et m’offre sa boîte à pafs à ouverture verticale. J’en profite. Exercice qui manque de simplicité et nécessite du partenaire un membre malléable.
Dieu merci : je l’ai !
La môme se met à gémir en danois, ce qui est donné à moins de cinq millions de gens au niveau de vie élevé.
Elle enfonce ses griffes roses dans mes cuisses et trépigne tant tellement du prose qu’elle pourrait produire assez d’énergie pour alimenter en électricité la principauté de Monaco, moins le palais qui possède ses propres groupes électrogènes !
LA VOLUPTÉ ET LA MORT
Ces jolies Nordiques, crois pas que ce sont des glaçons, surtout ! Haricot Machiasse pourrait modifier son tube acoustique pour chanter « Les filles du Nord ont dans le cul le soleil qu’elles n’ont pas dehors ! »
La plupart du temps, ce que je déplore dans le coït, c’est sa rapidité. La plupart des adeptes grimpent au fade comme un écureuil au tronc d’un sapin. Quelques secondes de pâmade, et « merci pour vos dons en nature » !
Avec Carola, il en va autrement. Elle jouit longue durée, la mère. Ça la prend dans des périphéries lointaines. Puis ça se rassemble lentement, mais sûrement. Tu la devines partie pour la gagne. Tu sais qu’elle prépare la toute grande gigue culière, que tu vas assister à un numéro de haute école, au grand exploit glandulaire.
Ça lui mûrit de partout, pas un recoin de sa chair qui n’entre dans la ronde. C’est d’une beauté ! Oh ! dis donc… Le Grand Canyon du Colorado, la baie de Rio, ne sont que broutilles, comparés au prélude du fade chez cette exquise touriste. Y a grondement intérieur, comme celui des cours d’eau souterrains. La résurgence commence. Elle franchit le point de non-retour. Ses gestes deviennent plus violents, inexorables !
Et c’est la libération triomphale.
Formidables soubresauts sporadiques de ses meules. Elle paraît terrorisée par l’intensité du séisme. Elle fait « Oh ! Oh ! Oh ! OOOh ! Aooooh ! » Comme si elle découvrait quelque chose d’absolument nouveau ; constatait un phénomène glandulaire à haute tension ; était emportée par une barre océane loin des rivages enchanteurs.
Elle poursuit par des « Braouwwwa ! Jagordensplüg ! Forwingen ! » En danois d’alcôve. Elle contorsionne du bassin pour m’avoir plus complètement dans son quant-à-elle, profoundly à bloc, que je la sens m’engouffrer les roubignoles corps et âme dans sa hotte à vendanges. Sa chaglatte fait un bruit d’œufs battus en neige. Chanson de Lara !
On dirait qu’elle ne peut pas se dépêtrer de son fade, qu’elle prend un pied bot. Elle confine torture, sa jouissance, Carola. Elle va se déglinguer les organes, accoucher de son matériel de reproduction. Il me naît des inquiétudes, d’à force ! Tirer un coup, chez cette nature d’élite, l’entraîne à l’agonie, au coma dépassé.
Elle va me claquer autour de la bite, la Carola. Me faire le coup de l’anneau de Saturne pétrifié. Faudra nous désunir au scalpel électrique, peut-être au laser, va-t’en savoir.
Heureusement, elle déflaque enfin dans un hurlement suprême. Croc-Blanc ! Son cri géant traverse l’aube qui sent le poivre, la végétation pourrissante. Elle perd connaissance. Prévoyant la chose, je la soutiens. Faut tout prévoir dans mon job. Je la déshale jusqu’au sol sur lequel la Miss gît, le regard clos, le souffle haletant, émettant de légères plaintes qui passent pour un reliquat de volupté. La jouissance court sur son erre.
S’avance alors vers moi sa potesse Martha (j’sais pas si ça prend un « h » en danois ?). Coquine, elle a tout suivi dans l’ombre propice. Je distingue sa démarche floue, son regard chaviré.
— Oh ! mon Dieu ! fait-elle. Oh ! mon Dieu !… Voilà qui s’appelle mourir de plaisir !
M’empoigne le bigornuche à tête ronde, pourtant peu présentable. Messire continue de faire le chien savant, dressé sur ses pattes de derrière. Martha le pétrit frénétiquement.
— Superbe ! Superbe ! Superbe ! qu’elle psalmodie. Oh ! que c’est beau ! J’en veux ! J’en veux !
Tout en parlant, elle me ranime le joufflu, pas qu’il s’en aille dans les désenchantements et tourne capote flasque.
Femme d’expérience, elle sait les gestes qui conjurent la débandade, les initiatives coups de fouet génératrices de tonus. Si bien que je regagne vite le terrain perdu.
Pour Martha, ça va être une levrette berceuse. Tout en langueur. J’ai ouvert la portière, côté passager, afin qu’elle s’agenouille commodément et prenne appui sur l’accoudoir central. La galanterie française s’exerce en toute circonstance.
Je reconnais le terrain de ma dextre et le trouve déjà balisé. Plus qu’à opérer langoureusement. L’exercice se trouve facilité par le précieux concours de Carola qui, revigorée, me fait langue de velours dans la région de la cage aux folles ; louable entreprise dont je tire un regain d’impétuosité.
Il est presque midi lorsque nous atteignons Phuket. J’ai passé le restant du voyage couché sur les deux mini-banquettes arrière, en chien de fusil, la valise par-dessus moi.
Malgré le poids de la Samsonite, j’ai dormi, vaincu que j’étais par mes prestations amoureuses. La fatigue consécutive à la baise est une approche du paradis. Quoi de plus capiteux que cet anéantissement moelleux ?
Lorsque je reprends conscience, j’aperçois une vaste lagune d’un bleu aux reflets d’émeraude sur laquelle évoluent des voiliers miniatures. Des cris d’été, de liesse, de vacances. Les belles gourmandes ont dégagé la valtoche et m’informent que nous sommes arrivés.
J’avise alors un grand hôtel moderne, blanc, avec une étrange décoration de bois verni, de verre fumé et de plantes exotiques géantes. L’établissement se nomme The Blue Lagoon. Ces demoiselles ont retenu un appartement depuis Bangkok. Elles me demandent quelles sont mes intentions. Je leur réponds que le pauvre volé que je suis n’a plus les moyens de s’offrir un palace de cette classe. Je vais descendre dans une crémerie modeste et m’acheter des fringues, après quoi je viendrai les visiter si elles sont d’accord.
D’accord ? Tu veux dire qu’elles l’exigent ! Elles me proposent d’habiter le Lagon Bleu à leurs frais afin de m’avoir sous la main, offre que je décline. Je chique la dignité masculine, en fait je me dis que, pour habiter un hôtel, il me faut montrer mon passeport. Or, dans la situation précaire que je traverse, ce serait suicidaire.