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Philippe leur manquait. Depuis qu’il avait remis sa démission, quelques jours seulement après… Philippe qui ne leur avait plus donné de nouvelles. Qui s’était évaporé dans la nature sans laisser d’adresse. Juste quelques mots, sur le bureau de Franck. Il partait, loin. Il valait mieux qu’ils se séparent ; assurance vie pour eux trois. En restant groupés, ils constituaient une cible trop parfaite.

Encore un sacrifice que Franck n’était pas près d’oublier…

Franck qui irait au lac de St-C., dimanche. Là où les cendres de Marianne avaient été dispersées. Poussière d’ange ayant rejoint celle de Daniel. Si peu de monde pour l’accompagner, ce jour-là. Seulement quatre personnes. Une surveillante de prison qui avait inondé le lac de ses larmes.

Et, un peu à l’écart, trois officiers de police.

Franck se rendait là-bas, de temps en temps. Pour lui parler.

Pour lui dire.

Qu’à la maison d’arrêt de S., des détenus avaient gravé son nom sur les murs de la cour de promenade. Sur les murs, à défaut d’un monument à la gloire des Résistants.

Pour lui dire.

Que la Marquise errait quelque part dans les ténèbres.

Pour lui dire.

Qu’elle lui manquait.

Qu’elle lui manquerait toujours.

Qu’il avait pris perpète, lui aussi.

Qu’il était trop tard pour lui dire tout ça.

Et que, oui, la liberté ça n’existe que dans les rêves. Ou dans la mort.

*

Le commissaire principal Franck Dionisi et son adjoint, le capitaine Laurent Kowiak ont péri le 3 février dans l’exercice de leur mission, au cours d’une fusillade dont les auteurs n’ont jamais été identifiés.

Des funérailles nationales ont été organisées, au cours desquelles Dumaine, le ministre de l’Intérieur, leur a rendu un vibrant hommage.

Le même jour, l’ex-lieutenant de police Philippe Estrade a été retrouvé mort à Varsovie, où il vivait depuis plus de six mois. La police locale a conclu au suicide par pendaison.