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Ou l’amiral Naismith.

— Hum ! commenta Illyan. Néanmoins… à qui vais-je vous affecter maintenant ? Quel officier loyal va ensuite avoir sa carrière brisée ?

Miles y réfléchit.

— Pourquoi ne m’affectez-vous pas directement à vous ?

— Merci bien, dit Illyan sèchement.

— Je ne voulais pas dire…

Miles commença à bredouiller des protestations, puis s’arrêta, décelant la lueur oblique de l’humour dans les yeux bruns d’Illyan.

— Vous êtes en train de vous moquer de moi, hein ?

— À la vérité, cette proposition a été effectuée. Inutile de le préciser, pas par moi. Mais un agent galactique doit opérer avec un haut degré d’indépendance. Nous envisageons de faire de nécessité vertu…

Une lumière sur sa console détourna l’attention d’Illyan. Il vérifia quelque chose et appuya sur un bouton. La porte dans le mur à la droite de son bureau s’ouvrit en glissant et Grégor la franchit. L’empereur se débarrassa d’un garde qui resta dans le couloir, l’autre traversa le bureau à pas silencieux pour aller se poster au-delà de l’antichambre. Toutes les portes se refermèrent d’une glissade. Illyan se leva pour avancer un fauteuil à l’empereur et lui adressa un signe de tête, une sorte de vestige de courbette, avant de se rasseoir. Miles, qui s’était levé aussi, esquissa un salut et s’assit également.

— Lui avez-vous déjà parlé des Dendarii ? demanda Grégor à Illyan.

— J’allais y arriver, répliqua Illyan. Graduellement.

— Qu’y a-t-il à propos des Dendarii ? questionna Miles, incapable de maîtriser l’impatience de sa voix, en dépit de ses efforts pour présenter une version jeune de la surface impassible d’Illyan.

— Nous avons décidé de les engager à titre permanent, expliqua Illyan. Vous, sous votre identité de couverture comme amiral Naismith, serez notre agent de liaison.

— Pour consulter des mercenaires ?

Miles cligna des paupières. Naismith est vivant !

Grégor arbora un grand sourire.

— Les mercenaires particuliers de l’empereur. Nous leur devons, j’estime, davantage que leur salaire de base pour les services qu’ils nous ont rendus – ainsi qu’à Nous – dans le Moyeu de Hegen. Et ils ont assurément démontré l’utilité de pouvoir atteindre des endroits que des barrières politiques interdisent à nos forces régulières.

Miles interpréta l’expression d’Illyan comme une désolation profonde pour le budget de sa Section plutôt que comme de la désapprobation.

— Simon guettera les occasions de les employer activement et les mettra à profit, poursuivit Grégor. Il nous faudra justifier ces honoraires, finalement.

— Je les vois mieux employés dans des opérations d’espionnage que dans des coups de main, dit précipitamment Illyan. Ceci n’est pas une licence pour courir l’aventure ou, pire, une sorte de lettre de marque. En fait, la première chose dont je veux que vous vous occupiez, c’est de renforcer votre service d’espionnage. Je sais que vous avez les fonds nécessaires. Je vous prêterai un ou deux de mes experts.

— Pas encore des gardes du corps-montreurs de marionnettes, chef ? questionna nerveusement Miles.

— Demanderai-je au capitaine Ungari s’il désire se porter volontaire ? s’enquit Illyan en réprimant un plissement de rire de ses lèvres. Non. Vous opérerez de façon indépendante. Dieu nous aide ! Après tout, si je ne vous envoie pas quelque part ailleurs, vous serez ici. Donc le programme a au moins ce mérite, même si les Dendarii ne font jamais rien.

— Je crains que ce ne soit essentiellement ta jeunesse la cause du manque de confiance de Simon, murmura Grégor du haut de ses vingt-cinq ans. Nous estimons venu le moment qu’il abandonne ce préjugé.

Oui, c’était bien un Nous impérial, les oreilles de Miles, sensibles aux intonations barrayaranes, ne le trompaient pas. Illyan, lui aussi, l’avait nettement perçu. L’homme maître en l’art d’exercer des pressions en subissait une. Cette fois, l’ironie d’Illyan se teinta… d’une approbation sous-jacente ?

— Aral et moi, nous avons travaillé vingt ans pour nous mettre au chômage. Nous vivrons peut-être assez longtemps pour prendre notre retraite, après tout. (Il marqua un temps.) C’est ce qu’on appelle le « succès » dans mon métier, mes garçons. Je n’y verrais pas d’objection. (Il ajouta à mi-voix :) Ah ! me débarrasser enfin la tête de cette satanée biochip !

— Mmm, ne partez pas tout de suite en quête d’une villa en bord de mer propice pour faire du surf, dit Grégor.

Ce n’était pas de la déroute, ni de la marche arrière ni de la soumission, non, simplement l’expression de sa confiance en Illyan. Ni plus, ni moins. Grégor jeta un coup d’œil vers… était-ce le cou de Miles ? Les profondes meurtrissures dues à l’étreinte de Metzov avaient presque disparu maintenant, sûrement.

— … Alliez-vous également en venir à l’autre sujet ? demanda-t-il à Illyan.

Illyan ouvrit une main.

— À vous de jouer.

Il fouilla dans un tiroir sous sa console.

— Nous – et Nous – avons estimé que nous vous devions quelque chose de plus, aussi, Miles, reprit Grégor.

Miles hésita entre une réponse dans le style : Bah ! ce n’était rien et un qu’est-ce que tu m’as apporté ? puis se décida pour une expression de vive curiosité.

Illyan se redressa et lança à Miles un objet de petite taille qui traça un éclair rouge dans l’air.

— Tenez. Vous voilà lieutenant. Quelque signification que vous y attachiez.

Miles attrapa à deux mains les rectangles de plastique à fixer à son col pour marquer son nouveau grade. Il était tellement surpris qu’il dit la première chose qui lui passa par la tête.

— Eh bien ! voilà un début pour le problème de subordination.

Illyan le gratifia d’un regard peu amène.

— Ne vous emballez pas. Environ dix pour cent des enseignes sont promus après leur première année de service. Votre beau monde vor croira de toute façon que c’est du népotisme.

— Je sais, répliqua Miles tristement.

Ce qui ne l’empêcha pas d’ouvrir son col et de commencer aussitôt à agrafer ses insignes.

Illyan se radoucit légèrement.

— Votre père sera d’un autre avis, toutefois. Et Grégor. Et, heu !… moi aussi.

Miles leva la tête et, presque pour la première fois de cette entrevue, rencontra le regard d’Illyan planté dans le sien.

— Merci.

— Vous l’avez mérité. Vous n’obtiendrez rien de moi que vous n’ayez mérité. Ce qui inclut les réprimandes.

— Je les accueillerai avec reconnaissance, monsieur.