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Mais Kovask ne le quittait pas des yeux.

— Si c’est une astuce pour essayer de t’esquiver, je vais te rouer de coups.

— Non. Regardez.

Il marcha vers la carte, pointa son doigt vers la partie de la Sierra au nord-ouest de Cordoue. Kovask s’approcha et aperçut un petit carré, d’un centimètre de côté environ, tracé sur la carte. Il passa son doigt dessus, mais le dessin était ancien, ne laissait pas de traces.

— Depuis combien de temps l’avez-vous découvert?

— Hier matin. Rivera n’était pas ici. J’ai machinalement regardé la carte et j’ai vu ça.

— Et vous avez compris ce que ça signifiait?

— Oui.

Kovask fronça le sourcil.

— Vous en avez parlé à vos chefs?

— Tout de suite. En leur annonçant que Rivera m’avait annoncé qu’il ne serait pas là l’après-midi.

— C’est à la suite de votre coup de fil qu’ils ont décidé de le supprimer?

— Certainement. Rivera rentrait d’une tournée de quelques jours, et sa voiture était en révision au garage Citroën. Il était facile de la saboter.

— Qu’avez-vous comme voiture?

— Une Volkswagen. Kovask pointa son arme.

— Tournez le dos.

Cambo obéit avec un regard affolé. Kovask feuilleta l’annuaire pour chercher le numéro du Madrid. Quand il l’eut, il frappa l’Espagnol sans trop de violence. Pendant qu’il titubait, il demanda rapidement l’hôtel. Cambo ne pouvait avoir entendu. Il frottait son oreille droite écrasée par la crosse.

Isabel lui répondit tout de suite. Elle parut heureuse de l’entendre.

— Tout va bien, dit-il, mais je m’absente de Séville jusqu’à demain matin.

— Bien, dit-elle.

— Ne bougez pas d’où vous êtes. Je vous téléphonerai demain matin vers sept heures.

— Demain, sept heures, répéta-t-elle.

— Si je ne le faisais pas vous pourrez téléphoner à la police au sujet de José Cambo.

Elle hésita à peine.

— Bien. Je le ferai.

— Merci. À demain. Il raccrocha.

— Je veux bien désormais vous considérer comme un allié plus ou moins sincère. Je serai correct avec vous, mais j’espère que vous avez entendu cette conversation?

Cambo se retourna lentement.

— Donia Isabel tiendra parole. Personne ne peut rien pour vous. Elle ne risque pas d’être découverte.

Il désigna le coffre :

— Refermez-le et partons.

— Je voudrais boire un verre d’eau. Il y a un lavabo dons l’arrière-boutique.

— D’accord. Autre chose. Kovask sourit :

— Je suis bon tireur.

CHAPITRE VIII

Ils suivirent la Nationale 630 pendant une bonne demi-heure avant de s’engager dans la carretera 421. Cambo conduisait bien, et Kovask assis à côté de lui consultait sa carte de temps en temps. De Séville au camp clandestin, il évaluait la distance à cent vingt kilomètres, dont quatre-vingts de bonnes routes. Ensuite, ils ne pourraient emprunter que des voies communales.

Sur la carte prise dans le bureau de Rivera n’étaient mentionnées que les routes principales. Il devait se reporter à une carte routière. Il contrôlait leur avance grâce au totalisateur. Quand celui-ci indiqua qu’ils se trouvaient à soixante-quinze kilomètres de leur point de départ, il demanda à l’Espagnol de ralentir.

— Nous devons prendre une petite route sur notre gauche. Elle s’enfonce dans la montagne avec des montées de douze pour cent.

À la sortie de Séville il avait fait faire le plein et s’était assuré du niveau de l’huile. La voiture était récente et en parfait état.

Cambo s’était dépouillé de ses réticences et de sa frousse au fur et à mesure qu’il s’éloignait de Séville. Kovask restait quand même sur ses gardes. Ce pouvait être une attitude pour endormir sa méfiance.

— Nous allons trouver quelques villages, un petit centre de mines de plomb, puis plus rien. Quelques misérables fermes et des troupeaux.

Il raconta un souvenir personnel du temps où il venait camper dans la montagne.

— Nous sommes tombés sur un troupeau endormi en plein milieu de la route. Nous avions une vieille Hispano qui s’essoufflait dans les côtes. Le berger dormait au milieu du troupeau et refusait de nous laisser le passage. Ils s’étaient installés là parce que la route conservait mieux la chaleur du jour. Dans la nuit, il n’est pas rare qu’il gèle, même en plein été.

Arrivé à un carrefour il s’arrêta et Kovask chercha sur sa carte.

— À droite.

— Vous avez vu la route?

Les phares éclairaient une sorte de chemin à flanc de montagne. Il devait avoir quatre mètres de large environ.

— Si nous rencontrons un autre véhicule, je ne sais pas comment nous ferons.

— Allez toujours.

Ils roulaient à vingt à l’heure et la suspension de la Volks souffrait beaucoup.

— Le retour sera encore pire, murmura Cambo. Il nous faut être à Séville à sept heures. À moins que, comme récompense, vous ne me réserviez une surprise désagréable.

— Je tiendrai parole, dit Kovask. Il suffit d’atteindre un centre civilisé pour pouvoir téléphoner.

Ils passaient le long d’une maison accrochée à la montagne.

— Je connais ces gens, dit Cambo. Ils nous ont vendu du lait de chèvre, l’an dernier.

— Cette maison est abandonnée, dit Kovask.

Il n’y a qu’un an alors. Je suis passé ici avec ma femme l’an dernier. À pied.

Kovask lui lança un regard perçant :

— Je croyais que vous ne connaissiez pas cette route.

— Ça vient de me revenir brusquement.

— Arrêtez-vous.

L’autre obéit, se tourna vers lui.

— Qu’y a-t-il?

— Descendez. Et attention à vous !

Dans le vide-poche, il avait repéré une lampe-torche et la prit.

— Nous allons à la maison.

Ils revinrent en arrière, cinq cents mètres environ. Kovask éclaira une porte entrouverte, à moitié arrachée de ses gonds.

— Cette maison est abandonnée.

À l’intérieur, la pièce principale était vide.

La couche de poussière n’était pas très épaisse.

— Il n’y a pas très longtemps, dit Cambo en désignant un calendrier.

Le feuillet indiquait la date du 8 juin, soit dix jours plus tôt.

— Curieux, dit-il. Ces gens ont tout laissé. Pourtant, ils paraissaient vouloir finir leurs jours ici. Ils avaient un grand troupeau.

— Nous sommes à une vingtaine de kilomètres du camp, dit Kovask. Y a-t-il d’autres maisons plus loin?

— Une sorte de hameau. Une poignée d’habitants. L’un d’eux tient une sorte de posada infecte.

— Combien de kilomètres?

— Je l’ignore. Une bonne demi-heure de route.

Un peu plus loin, un kilomètre environ, il freina brusquement. Un tronc d’arbre barrait la route. C’était un pin et il avait gardé toute sa verdure.

— La foudre, peut-être, dit Cambo.

Ils descendirent de voiture. La lampe de Kovask éclaira le pied. Il gratta de la pointe du soulier les traînées de terre qui cachaient les coups de hache.

— Abattu depuis quelques jours. Je suppose qu’il a fait aussi beau ici qu’à Séville et que ce n’est pas la foudre.

— Que voulez-vous faire?

— Continuer.

Cambo restait immobile.

— Vous croyez que c’est prudent?

— Pour le moment, oui. On ne nous présente que des obstacles naturels. Il se peut que plus loin nous trouvions un rocher sur le chemin. Le touriste ordinaire se découragerait et ferait demi-tour.