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— Je voudrais bien mon oncle… Je voudrais bien !… Mais c’est pas possible, je te jure !… Plus tard mon oncle !… Plus tard ? tu veux pas ?… Je ferais rien de bon mon oncle, tout de suite… Je pourrais plus !… Dis mon oncle, tu veux bien que je parte ?… Dis que tu demanderas à papa ?… Je suis sûr qu’il voudra bien lui !…

— Mais non ! Mais non !… Moi je ne veux pas… » Ça le mettait en boule… « Ah ! Ce que t’es têtu quand même !… Ah ! Ce que tu peux être obstiné !… absolument comme Clémence !… Ma parole ! Tu tiens de famille !… Mais tu te ravages à plaisir !… Mais le régiment mon petit pote !… mais c’est pas comme tu t’imagines !… C’est plus dur encore qu’un boulot !… Tu peux pas te rendre compte… Surtout à ton âge !… Les autres, ils ont vingt et une piges ! c’est déjà un avantage. T’aurais pas la force de tenir… On te ramasserait à la cuiller…

— Je sais pas mon oncle, mais ça vaudrait mieux que j’essaye !…

— Ah ! Du coup, c’est de la manie !… Allez ! Allez ! On va se pieuter ! Maintenant tu dis plus que des sottises, demain nous en reparlerons… Moi je crois surtout que t’es à bout… C’est une idée comme une fièvre. Tu bafouilles et puis c’est marre… Ah ! Ils t’ont fadé comme coup de serpe… Ah ! il était grand temps que tu rentres !… Ah ! Ils t’ont bien arrangé !… Ils t’ont soigné les agricoles !… Ah ! c’est le bouquet !… Maintenant tu déconnes ! Eh bien mon colon !… Ah ! moi alors, je vais te restaurer… Et tu vas me cacher quelque chose !… Ça je peux déjà maintenant te prévenir !… Tous les jours des farineux !… du beurre ! et de la carne ! et de première !… pas des petites côtelettes je t’assure !… Et du chocolat chaque matin !… Et puis l’huile de foie de morue à la bonne timbale ! Ah ! Mais moi je sais ce qu’il faut faire !… C’est fini les cropinettes ! et les sauces de courant d’air !… Mais oui mon petit ours !… C’est terminé la claquette !… Allons ouste ! au plume à présent !… Tout ça c’est des balivernes !… T’es simplement impressionné !… Voilà moi, ce que je trouve… T’es retourné de fond en comble !… À ton âge, on se rempiffe d’autor !… Il suffit de plus y penser !… Penser à autre chose !… Et de bouffer comme quatre !… comme trente-six !… Dans huit jours ça paraîtra plus ! C’est garanti Banque de France ! Et Potard Potin ! »

On a sorti le pageot de l’armoire… Le lit-cage qui grinçait de partout… Il était devenu minuscule… Quand j’ai essayé de m’allonger je m’emmêlais dans les barreaux. J’ai mieux aimé le matelas par terre… Il m’en a mis un deuxième… un matelas à lui… Je tremblais encore comme une feuille… Il m’a redonné des couvertures… Je continuais la grelotte… Il m’a complètement recouvert, enseveli sous un tas de manteaux… Toutes ses peaux d’ours je les avais dessus… Y avait un choix dans l’armoire !… Je frissonnais quand même… Je regardais les murs de la piaule… Ils avaient aussi rapetissé !… C’était dans la pièce du milieu, celle de L’Angélus

« Je peux pas t’en fourrer davantage ! Hein ?… Dis mon vieux crocodile ? Je peux pas quand même t’étouffer ?… Tu vois pas ça ?… que je te retrouve plus ?… Ah ben ! ça serait du guignolet ! du propre !… du mimi ! Ah ben ! ça me ferait un beau troufion !… Estourbi sous les couvertures !… Tu parles alors d’une chanson !… Eh ben ! Je serais frais moi dans le coup !… Ah ils m’arrangeraient au Passage !… Oh ben oui ! Le cher enfant !… Le trésor ! Je serais coquet pour m’expliquer !… Péri dans son jus le monstre ! Pfouac ! Absolument ! Oh ! là ! là ! Quelle manigance !… Mon empereur n’en jetez plus !… La cour est pleine !… » Je me saccadais pour rire en chœur… Il est allé vers sa chambre… Il me prévenait encore de loin…

« Dis donc je laisse ma porte ouverte !… Si t’as besoin de quelque chose aie pas peur d’appeler ! C’est pas une honte d’être malade… J’arriverai immédiatement !… Si t’as encore la colique tu sais où sont les cabinets ?… C’est le petit couloir qu’est à gauche !… Te trompe pas pour l’escalier !… Y a la “ Pigeon ” sur la console… T’auras pas besoin de la souffler… Et puis si t’as envie de vomir… t’aimes pas mieux un vase de nuit ?…

— Oh ! non mon oncle… J’irai là-bas…

— Bon ! Mais alors si tu te lèves passe-toi tout de suite un pardessus ! Tape dans le tas ! n’importe lequel… Dans le couloir t’attraperais la crève… C’est pas les pardessus qui manquent !…

— Non mon oncle. »

FIN