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— Allo, Gustave ? C’est Ovide.

— Alors ?

— Bingo ! Je sors du L.A.M.A.S. Ils ont fait les premiers tests ADN. Ils sont formels, à 99%. Les cheveux que l’on a retrouvés dans le congélateur du Surcouf sont bien ceux de Mungaray ! Le cadavre du marin mexicain, après avoir été poignardé, a été planqué dans le congélo de ce bateau-promenade ! Vous savez ce que cela signifie, patron ? La nuit du crime, Nicolas Neufville était en train de discuter avec le capitaine du Surcouf, Patrick Baudouin. Quelques minutes plus tard, le cadavre de Mungaray a été planqué dans le congélo du Surcouf. C’est évident. Le jeune Mungaray a vu ou entendu un truc qu’il n’aurait pas dû. Ils l’ont buté, ils l’ont planqué où ils ont pu et s’en sont débarrassés au petit matin sur les quais déserts.

— Devant le bateau… Ce n’est pas bien malin…

— Je sais. Ils ont peut-être été dérangés. Ils n’ont peut-être pas eu le choix…

— Il t’a semblé comment, le capitaine du Surcouf ?

— Sincère. Bizarrement, il avait l’air surpris que l’on débarque. S’il n’y avait pas toutes ces preuves sous mon nez, je dirais qu’il n’y est pour rien. Mais il m’a redit que tout était bouclé sous alarme, la nuit. Aucune effraction ! Il n’y a pas d’autres versions possibles, Gustave. On ne peut tout de même pas imaginer que quelqu’un poignarde Mungaray, prenne le risque de rentrer par effraction sur le Surcouf, dissimule le cadavre dans un congélateur, ressorte le cadavre trois heures plus tard, le dépose sur les quais et efface toute trace d’effraction…

— Tu as raison Ovide, admit le commissaire. Et je vois encore moins Daniel Lovichi faire ça ! Je sens plutôt que cette affaire se resserre dangereusement autour de Nicolas Neufville…

— Ouais… Peut-être. Mais on n’a fouillé que dans une direction, aujourd’hui. On n’a pas eu le temps d’avancer beaucoup sur la deuxième piste, la question des tatouages, la marque au fer rouge, les messages en espagnol. Tu connais ma théorie sur la chasse-partie, le complot de pirates anarchistes.

— Ovide, fit la voix du commissaire Paturel, c’est moi qui vais jouer les trouble-fêtes, ou les rabat-joie, comme tu veux, mais admets que pour la piste du Surcouf et de Nicolas Neufville, on commence à avoir des preuves beaucoup plus concrètes… On ne peut pas tenir les deux pistes à la fois, Ovide.

— A voir. Si tu veux mon avis, un avis optimiste, pour une fois, je crois qu’il y a forcément un moment où ces deux pistes vont se rejoindre.

34. Chambre 25

20 h 39, hôtel de Bourgtheroulde

Maline se blottissait dans les bras musclés d’Olivier. Sa main caressait doucement sa peau cuivrée. Elle n’osait pas bouger, de peur qu’il ne retire sa main posée sur son sein.

Elle était bien. Elle aurait voulu arrêter le temps.

Olivier avait été un amant parfait. Faire l’amour dans des draps de soie une expérience nouvelle… et délicieuse.

Cela valait toutes les nuits de noces qu’elle n’aurait jamais.

Maline se pressa plus fort contre le torse large. Sa main descendit, un peu. Pour une fois qu’elle tenait un homme qui lui plaisait vraiment, elle n’allait pas le laisser dormir ! Visiblement, Olivier n’en avait pas envie non plus. Il frissonna de plaisir au contact des doigts audacieux de Maline.

Le téléphone sonna à cet instant précis !

Maline ne s’en soucia pas, ce n’était pas le sien, elle avait eu le réflexe de couper son portable. Ses doigts continuèrent leur exploration. Elle sentit Olivier désireux de se lever, d’aller répondre.

Elle accentua sa pression.

— Ne réponds pas…

Maline embrassa la peau de son ventre plat. Elle adorait.

— C’est peut-être important, il faut que j’y aille…

— Chut…

Sa langue descendit, ses doigts s’enhardirent.

Elle essaya encore de retenir Olivier. C’était elle contre la sonnerie du téléphone !

La lutte était inégale.

Olivier se leva pour répondre.

Boudeuse, Maline se réfugia sous les draps. Elle adorait le grain de la soie sur sa peau. Elle contempla l’admirable paire de fesses qui s’éloignait d’elle, sans doute pour aller répondre à l’une des personnes les plus importantes de l’Armada… Un PDG ou un député.

Nu comme un ver.

— Oui. Allo ?

Olivier revenait déjà vers elle. Il lui faisait face. La seule partie couverte de son corps était son oreille droite, par un téléphone sans fil. Maline apprécia le spectacle. Il ne perdait rien pour attendre quand il aurait raccroché !

Olivier Levasseur posa son magnétique regard vert sur Maline, un regard qui soudain n’avait plus rien de coquin.

— Vous souhaitez parler à mademoiselle Abruzze ? Non, elle n’est pas occupée. Je vous la passe.

Le chargé de relations presse tendit le combiné à une Maline stupéfaite.

— Oui ? fit la journaliste.

— Maline ? c’est Oreste. Qu’est-ce que vous fichez ? Je vous attends depuis une heure, je vous cherche partout !

— Oreste ? Qu’est-ce qui se passe ? Il est arrivé quelque chose ?

La voix du jeune journaliste parut étonnée.

— Rien. Rien de grave, à part que nous avions rendez-vous à mon hôtel, au Vieux Carré. Vous m’aviez dit que vous passeriez…

Maline hésita entre la crise de fou rire et une envie folle de balancer le téléphone à travers la pièce.

— Et c’est pour cela que vous m’appelez, Oreste ? Ici ?

— Votre portable ne répondait pas. J’ai appelé Christian, au SeinoMarin. Il m’a indiqué que vous étiez peut-être chez cet Olivier Levasseur. J’ai tenté ma chance.

Maline se leva, tournant en rond dans la pièce. Elle se retint de ne pas insulter ce crampon. Oreste insista, pourtant, d’une voix pressante :

— Maline, vous comptez arriver quand ? J’ai… J’ai vraiment faim. Je vous attends ou…

— Vous pouvez commander !

Elle raccrocha.

Quel emmerdeur !

Elle entra dans le salon, cherchant Olivier.

Une partie de cache-cache dans le grand appartement ?

Pas vraiment.

Olivier s’était rhabillé. Jean et tee-shirt. Penché sur son ordinateur, il consultait ses e-mails.

— C’était… fit Maline cherchant ses mots. C’était un emmerdeur !

Olivier lui répondit sans même se tourner vers elle.

— J’ai cru comprendre… D’après ce qu’il m’a expliqué, tu avais rendez-vous pour dîner avec cet emmerdeur. Je suis désolé de t’avoir mise en retard, Maline.

— C’est un gamin. Il n’a rien compris.

— J’ai cru comprendre qu’il t’attendait.

Maline avait envie de craquer, de pleurer comme une petite fille. Olivier Levasseur posa enfin sur elle son regard de laser. Maline se souvint alors seulement qu’elle était entièrement nue, le téléphone à la main.

Olivier la contempla, sans baisser le regard :

— Tu es magnifique, Maline. Tu es une fille pleine de charme. Mais nous sommes des grandes personnes, non ? Des grandes personnes très occupées. Va rejoindre ce garçon qui t’attend. On trouvera bien un moyen de se croiser demain ? De se surprendre ? C’est beaucoup plus amusant comme cela, non ?

— Oui, s’entendit dire Maline, avec un goût amer dans la bouche.

Elle avait l’impression cruelle qu’il la mettait, poliment mais fermement, dehors.

Qu’avait-il de si important à faire, ce soir ?