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— Oh, oui. Je vois ce que tu veux dire.

— C’est Marlène qui a demandé à partir pour Erythro. Elle lui a fourni elle-même le bon moyen de se débarrasser d’un esprit qu’il avait reconnu comme dangereux.

— Alors, il faut que nous partions … que nous revenions sur Rotor.

— Oui, mais je suis sûr que Pitt peut vous en empêcher. Je te conseille d’effectuer tes mesures le plus rapidement possible et, pour Marlène, nous allons prendre toutes les précautions possibles. La Peste a disparu et la théorie selon laquelle les cerveaux hors du commun y sont particulièrement vulnérables n’est qu’une hypothèse, rien de plus. Nous pouvons garder Marlène en sécurité et ce sera bien fait pour Pitt. Tu verras. »

Insigna, l’estomac noué, regardait Genarr avec de grands yeux, sans vraiment le voir.

Chapitre 16

L’hyper-espace

32

Adelia était une colonie beaucoup plus agréable que Rotor.

Crile Fisher avait visité six stations spatiales depuis Rotor, et toutes lui avaient paru plus attrayantes. Pas matériellement, peut-être. Rotor était une station plus ancienne, qui avait dû élaborer tout un système de traditions. Système efficace, d’ailleurs, car chacun savait exactement quelle était sa place, en était satisfait et en tirait le maximum.

Tessa était là, sur Adelia … Tessa Anita Wendel. Crile n’avait pas encore posé ses jalons, peut-être parce qu’il avait été choqué que Tanayama dise que les femmes le trouvaient irrésistible. Même si cette remarque n’avait été qu’humoristique (ou sarcastique), elle l’avait contraint à démarrer lentement. Un fiasco semblerait doublement déplorable aux yeux d’un chef qui disait, même sans y croire vraiment, qu’il savait s’y prendre avec les femmes.

Fisher laissa passer deux semaines avant de chercher à la voir. Comment pouvait-on, sur une station spatiale, avoir du mal à voir quelqu’un ? Malgré toute son expérience, il ne s’était jamais habitué à l’exiguïté des colonies, à la minceur de leur population, à la manière dont chacun connaissait tous ceux qui faisaient partie de son cercle social — tous — et quasiment personne d’autre en dehors de ce cercle.

Cette femme … Tanayama l’avait décrite comme mûre et deux fois divorcée. Le pli ironique de ses vieilles lèvres pour dire cela, comme s’il confiait sciemment une tâche déplaisante à Fisher ! Celui-ci en avait tiré l’image d’une femme sévère aux traits durs, avec un tic nerveux, peut-être, et une attitude cynique, ou avide, avec les hommes.

Tessa ne ressemblait pas du tout à cela lorsqu’il la vit pour la première fois d’un peu près. C’était une brune, presque aussi grande que lui, avec des cheveux bien coiffés. Elle avait l’air vive et souriait facilement. Ses vêtements, d’une simplicité reposante, donnaient l’impression qu’elle cherchait à éviter tout ornement. Sa silhouette mince était restée étonnamment jeune.

Fisher se demanda pourquoi elle avait divorcé deux fois. Il était prêt à supposer que c’était elle qui se fatiguait des hommes, même si le sens commun lui soufflait que l’incompatibilité pouvait défier les probabilités.

Il s’était fait inviter à une réunion où elle serait présente. Sa qualité de Terrien avait fait difficulté, mais sur chaque colonie il y avait des gens qui étaient, peu ou prou, à la solde de la Terre. L’un d’eux avait veillé à ce que Fisher soit « lancé », pour utiliser le terme en usage dans la plupart des colonies.

L’heure arriva où Wendel et lui se retrouvèrent face à face : elle le contempla pensivement, des pieds à la tête, et prononça les paroles qu’il attendait, « Vous êtes terrien, je crois, Mr Fisher.

— Oui, madame. Et je le regrette fort … si cela vous déplaît.

— Cela ne me déplaît pas. Je suppose qu’on vous a décontaminé.

— Oui. Ce qui a failli me tuer.

— Et pourquoi avez-vous affronté la décontamination afin de venir ici ? »

Et Fisher dit, sans la dévisager, mais en guettant sa réaction : « Parce qu’on m’a dit que les Adeliennes étaient particulièrement belles.

— Et maintenant, je suppose, vous allez repartir afin de démentir cette rumeur.

— Au contraire, elle doit être confirmée.

— Vous êtes un affrioleur, savez-vous ? »

Fisher ne savait pas ce qu’était un « affrioleur » en argot adelien, mais Wendel souriait et il décida que leur premier entretien s’était bien passé.

Était-il vraiment irrésistible ? Il se souvint brusquement qu’il n’avait jamais tenté de l’être avec Eugenia. Il avait simplement cherché le moyen de se « lancer » dans la société rotorienne, si fermée.

Les choses semblaient plus faciles sur Adelia, mais il ferait mieux de mettre toutes les chances de son côté, y compris son charme irrésistible. Intérieurement, il sourit tristement.

33

Un mois plus tard, Fisher et Wendel étaient suffisamment à l’aise l’un avec l’autre pour s’exercer ensemble dans le gymnase où régnait une faible pesanteur. Le Terrien avait presque pris plaisir à la séance d’entraînement … presque, parce qu’il ne s’était jamais assez habitué à la gymnastique en basse pesanteur pour ne pas ressentir un peu de mal de l’espace. Sur Rotor, on l’avait, en général, exclu de ce genre d’activités parce qu’il n’était pas natif de la station. (Ce n’était pas légal, mais la coutume l’emportait généralement sur la loi.)

Ils prirent un ascenseur jusqu’à un niveau où la pesanteur était plus élevée et Fisher sentit son estomac se calmer. Tous deux portaient un minimum de vêtements, il avait l’impression qu’elle n’était pas insensible à son corps et il le lui rendait bien.

Après la douche, ils enfilèrent des peignoirs et s’installèrent dans l’un des Retiros pour y commander un repas léger.

« Vous n’êtes pas mauvais en basse pesanteur, pour un Terrien, lui dit Wendel. Vous vous plaisez sur Adelia ?

— Vous le savez bien, Tessa. Un Terrien ne s’habitue jamais vraiment à une station spatiale, mais votre présence suffirait à compenser des désavantages infiniment plus grands.

— Bien. C’est exactement ce que dirait un affrioleur. Que pensez-vous d’Adelia, comparé à Rotor ?

— A Rotor ?

— Ou aux autres colonies sur lesquelles vous êtes allé. Je peux les nommer toutes, Crile. »

Fisher était pris à contrepied. « Vous avez mené une enquête sur moi ?

— Bien entendu.

— Suis-je donc si intéressant ?

— Je m’intéresse à tout homme qui s’écarte de son chemin pour s’intéresser à moi. Je veux savoir pourquoi. Mis à part le désir sexuel, bien sûr. Quand il est là, je n’ai pas besoin de savoir pourquoi.

— Alors, pourquoi est-ce que je m’intéresse à vous ?

— C’est à vous de me le dire. Pourquoi êtes-vous allé sur Rotor ? Vous êtes resté là-bas assez longtemps pour vous marier et avoir un enfant ; et puis vous vous êtes dépêché de revenir avant qu’ils s’en aillent. Aviez-vous peur d’y rester coincé toute votre vie ? Est-ce que vous ne vous y plaisiez plus ? »

Cela tournait au harcèlement. « A vrai dire, je n’aimais pas beaucoup Rotor parce que là-bas, on ne m’aimait pas … en tant que Terrien. Je n’avais pas envie de rester un citoyen de deuxième classe toute ma vie. Il y a d’autres colonies où l’on est mieux accepté. Adelia, par exemple.

— Sur Rotor, ils avaient un secret n’est-ce pas ? » Les yeux de Wendel brillaient d’amusement.

« Un secret ? Vous voulez parler de l’hyper-assistance, je suppose.