Peu n'importe. On constate.
J't' l' répète, l'Napo est acclamationné en n'héros. C'trèpe su' sa route ! L'Tour d'France au Galibier ! Les Champs-Zés un soir d'coupe du Monde ! Y fait un froid d'canard. Et v'là qu'au r'lais où y doit licebroquer et changer d' canasson un' ravissante etvery hübsch personne s'avance vers lui av'c son teint d'aubépine en fleur et lu gazouille : « Soiliez l' bienv'nu, mille fois l' bienv'nu su' not' terre ! »
M' n'onc, ça lu glatifouille les roustons, un' darlinge aussi giscarde, bien polonaise d'partout, avec un sourire adorab' d' p'tite gosse qu'a envill' d' s' branler la motte. Après des jours à s'tanner l'fion dans sa calèche qui lu confectionne d' la purée d'hémorroïdes, son guiseau module du capuchon ! Comment t'il lu accorderait un visa pou' son plumard, à la jolie !
D'autant qu' c'est pas du lot à réclamer ! Marie Walewska, jeune épouse d'un vieux birbe de soixante-huit berges, deux fois veuf, dont la nobliance r'monte à dache !
En l'aperc'vant, Tonton s' sent partant pou' le grand ramonage d'hiver. Arrivé à Varsovie, il s'installationne au château d'Zamek et y donne des sauteries dont auxquelles est convivée tout' la noblesse polack.
T'as pigé que la p'tite Marie est r'çue en têt' de liste. Avant qu' la fiesta soit ach'vée, il y carre un' babille dans la fouille ainsi délibellée : « Je n'ai vu que vous, je n'ai admiré que vous, je ne désire que vous. Une réponse bien prompte pour calmer l'ardeur de N. »
C' n'était pas d' la dentelle mais ça payait !
N'en out' comme deux d'ses têtes d' camp avaient fait les jolis cœurs auprès d'elle, y les fait muter en première ligne !
C'est vach'ment avantageux d' êt' emp'reur !
La jolie Marie, c' t'un deuxième printemps pour lui. Sa santé l' tracasse d'plus en plus. L'estom', comm' toujours. N'est plus fraîchouillard. Sa frite s'faisande. Y jaunasse ! Sa gueul' vire tarte aux fraises ! Mais sa Polack y fait gonfler les amygdales du bas ! N'au début, quand t'est-ce y s' retrouvent seulâbres dans un' piaule, la mignonne « s' refuse t'à lui » qu'on disait alors. Faut admett' qu'il ragoûtait guère av'c ses bubons blancs pareils à la chaîne des Alpes. Il lu off' des bijoux : ell' les r'pousse ! Il s'enrogne ! A quoi slave sert-il d'êt' l' bon Dieu si un' p'tite Polack peut t'envoilier chez Plumeau, l'perruquier des zouaves ? Dis, bêchons pas ! Qui c'est qui licebroque su' l'évier, ici ? N'à la fin, ell' triomphe du panais, Sa Majesté ! Puis court se chicorner à Eylau ! Gagné ! Et trente cinq mille troufions su' soixante mille restent su' l' carreau !
After c' t'esploit, il r'trouve sa gisquette et y se claquemurent dans un' turne aux volets clos. Les parades, les soirées ? Elle en a rien à s'couer. Après l'avoir grimpée cosaque, il travaille. Elle le contemplationne. Enfin un' vraie femme qui s'intéresse à ses bourses mais pas à sa bourse !
L'incomparable conteur, « le » Schéhérazade du pauvre, l'historien aux langoureuses flatulences, cessa de parler pour placer ses mentons entre les seins dunlopillesques de son épouse. Séduit par l'évocation des charmes délicats de Marie Walewska, il se mit à déguster le casoar de son épouse ; non par basse gloutonnerie, mais pour rendre un hommage posthume à celle qui, avec Mme Curie, devait placer si haut la femme polonaise dans l'esprit des Français.
Lorsque fut achevée cette sobre cérémonie, il alla boire deux verres d'aramon et reprit son récit.
M'nonc' fait alors c' qu' font tous les mecs qu'ont longu'ment vadrouillé : y rent' chez soi.
Pas bandant : la Joséphine a morflé un peu plus d'carats et d'vient gentiment blette ; c'est la vie.
L'Empereur s' farcit quéqu' radasses déjà enfournées naguère, manière d' s'entr'tenir la sulfateuse à purée, mais y s'languissante de Marie-la-Jolie. N'en attendant qu'elle vinsse, il organise la vie au château, lui qu' les fiestas mondaines font tell'ment tarter ! Mais y n'trouve qu' des frimes d'enterrement. Un jour, y demande à Talleyrand, l'vieux madré qui boquille, pourquoi tout le monde a l'air si triste. L'aut' qu'a son franc-parler lu répond : « C'est que, Sire, ici comme à l'armée, vous avez toujours l'air de dire : En avant marche ! »
Et c'est vrai qu'y s' plume. Y chope d' la brioche. L'Aigle av'c un bide d' chanoine, ça la fiche mal ! Sa bouille s'met à enfler z'aussi et ses douleurs dominales lu chamboulent la boyasse. A pas quarant' carats, ça promet ! Un coup d'embellie : l'arrivevée de Marie à Paris, toujours pareille à elle-même. Tout c' qu'a lu d'mande c'est d' s'occuper d'la Pologne, mais l'Espagne est le nouveau dada du Corsico. La guerre, encore ! Et d'aut' batailles qui s'mijotent comm' la soupe dans un' marmite, au coin d'la ch'minée.
Alors, en route, mauvaise troupe !
Y a déjà comm' un' odeur d' roussi dans l'air !
L' 30 novemb' 1809, y dîne seul avec Joséphine et lui casse l'morcif, style : « Ça commence à bien faire, la Mère, l'moment pou' moi est v'nu d' changer d'monture. J' t' vas filer cinq bâtons par an pou' t'ach'ter des granulés et tu remballes tes culottes, ça joue ? »
N'à ces mots, ell' s'évanouit, comm' toujours à c' t' époque épique. Il appelle l'préfet du palais, un nommé Bausset, y ordonne d' coltiner l'impérateuse dans ses appartes. C'gazier est gros, maladroit : il faille laisser choir la Dame.
La pâmée murmure :
— Vous m' serrez trop fort !
Et s'lon moive, elle aurait ajouté : « Sac à merde ! » Mais j' veuill' pas empiéter su' l'Histoire.
Su' ces entr'fesses, l'ambrassade d'Autriche lu envoye une bonn' nouvelle : c'est banco pou' l'mariage d'Poléon et d'Marie-Louise !
Le fion beurré, il a, tonton.
Oh ! le Napo, tu l'aurais vu, à l'vance de sa belle choucrouteuse, avec son slip propr' et ses bubons pressés comm' des raisins de Corinthe su' la rout' d' Soissons !
Il a vach'ment envie d'se la composter, la Marie-Louise ! L'a des photos d'ell' su' émail et il est partant pour la partie d' jambons. Y z'en font d' l'estra moelleux, là-bas !
Un' fois d' mieux, y va s'calcer un' jeune fille vierginale d'partout, garantie su' facture. Ses vieux y ont préservevé l' berlingot jusqu'à avoir écarté d'sa vie tous les animals mâles, si bien qu'ell' a même jamais vu s'enculer deux mouches ! L'éclat du neuf, ça, ell' l'avait, la môme.
Donc, Poléon fait l' pet su' la départ'mentable d'Soissons, si j' puis-je dire, et voye radiner la guinde. Y s'précipite, bondit dans la calèche à Poupette. Vacca, le Jacques Pote ! N'a pas été viandé su' la marchandise, Pommier ! La gosseline, c'est pas du laissé-pou'-compte, espère ! Elle est tout' jeunâbre, fraîchouillarde, parfumée, ros' kif la tronche d'mon nœud. Et pas anémiée, j' t' fais valoir ! Les loloches comm' deux fois l'dôme des seins valides, des z'hanches copieuses, les tifs blonds cendreux et un' bouche à pomper des chibres d' débardeurs malgaches !
Vite, un pucier, qu'y lui fasse marquer huit heures vingt av'c les jambes !
Tonton la présente à la Cour, mais les avis sont pas onanismes. Av'c son mec, elle est rigoleuse, cajolante. Ell' fait sa follingue quand y lu apprend à monter à ch'val ; s'l'ment, visse-à-visse des aut', elle bêche un peu beaucoup. Visionne les gens de haut, tel Maâme Granieux, not' ancienne charcutrière qu'est cannée d'un cancer, l'année des inondations. Vois-tu, Berthe, y a une chos' dont j'attire ton intention : c'est qu'avec les bonnes femmes, Poléon s' montrait trop personnel pour qu'elles eussent du goût à fréquenter l'monde.