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Nez en moins, la Marie-Louise est un' bonne pouliche : en deux coups d' tringlett' dans les montants, la v'là en cloque. Tu d'vines l'bonheur d' mon onc' ? Ils l'ont dans l'prosibus, les glandus qui l'prétendaient fané des noix !

Mais l'accouch'ment n'est pas un' partie de croquet pou' l'Impérateuse, pas plus qu' pou' son chiare. L' docteur Dubois, l'batracien, en chie des tringles à rideaux pou' l'ram'ner à la surface, le roi d'Rome ! Pauv' biquet ! En v'là t'un qu'a jamais été vergif. Son destin aura ressemblé à un rat cr'vé derrière un' malle !

L'Empereur tire un coup.

Ses canonneurs en tirent cent un.

Tout va très bien, Maâme la Marquise !

Sauf l'Empire…

* * *

Ça va de mal en pisse, ma Berthy ! Les Russcoffs sont en guerre cont' nous ! On croive qu' ça va chauffer pou' leurs miches, biscotte Tonton est à la tête d'un' armée de six cent mille mecs ; mais l' tzar s'en caresse la pomponnette. Il ricane : « Je ne me fais pas d'illusions ; je sais combien l'Empereur est un grand général, mais j'ai pour moi l'espace et le temps. Si Napoléon fait la guerre et que la fortune lui sourit, il faudra qu'il signe la paix sur le détroit de Béring ! »

C' t' fois, l'Empire, c'est vrai, en morfle un sacré coup dans les meules.

L'invincible Armada prend d' la gîte : les troufions s' suicident, nases d'trop arquer av'c un barda d'trente kilogrammes sur les endosses.

M' n'onc' lu aussi est grogginche : il a la tronche lourde, les cannes enflées, y licebroque tout just' quéques gouttes à la fois, n'au lieu d'êt' resté d'vant son mouflet à y faire des papouilles su' les miches ! Pourtant il veut vainquir l'armée Koutousov et entrer à Moscou.

Encore un effort ! puis un aut', la terre est couverte de morts ! Les cadav' sont détroussés, mis à nu. Tu t'croives en enfer !

Il s'pointe enfin à Moscou. Mais qui l'a dans l'baigneur, Monseigneur ? Lui ! La ville, bâtissée en bois, crame comm' un chapeau d'paille.

C'est la monstre faillite ! Alors, tu sais c'qu'y branle pou' s'changer les idées ?

J'vais t' l' dire, mais tu n'me croireras pas : il rédactionne un décret organisant la Comédie-Française !

La neige s'prend à tomber à gros flocons comm' la lune. Quéqu' jours encore et il met les adjas sous prétesque d'aller chicorner l'armée ruscoff !

Mon zob ! N'en réalité, la r'traite d'Russie est commencée !

* * *

L' général Hiver ! disaient les Popofs.

Y s'en souviendra, m'n'Empereur ! La caval'rie et l'artillerie s'traînent. Les soldats carbonisent les bourrins pou' boire leur sang et bouffer leur foie. La Berezina bérézine en charriant des glaçons ; les pontonniers pontonnent. La Grande Armée (à droite en sortant de Moscou) l'a dans l'prosibe. Comm' y a pas d'taxis, ell' rentre à pince, et ça en r'présente des ressm'lages de groles pour aller du Kremlin au Kremlin-Bicêtre !

Tonton qui n'aime pas rester les deux pieds dans la mêm' calèche moule ses guérilleros et fonce su' Paris. Ouf ! L'a eu froid aux plumes !

Il déboule aux Tuileries. Son chiare, l' p'tit II qui commence déjà à arquer, s'jett' dans ses bras. Puis c't'au tour d'la Marie-Louise. Il fait un gros poutou au môme et va tirer l'Impératrice biscotte il est en manque d'radadoche.

Peu n'après, son beau-dabe l'fait marron en attaquant la France dont malgré qu' sa fille en soye l'impératrice. Dans l'oigne la balayette ! Son spectre lui est arraché des mains. Finito la belle aventure dorée sur tranche. Il est dégoûté d'tous ces jean-foutre qui s'bousculaient pou' lu lécher les roustons et qu'agglutinent à présent pour y tirer des pénos dans la poire.

Alors y résolve d' s'casser à l'île d'Elbe, plutôt qu'en Corse, n'voulant pas amputationner la France d'son pays natable.

L'traité d'Fontain'bleau lu en fait cadeau, plus un' pension confortab'. Du coup, Poléon s'transforme en p'tit roit'let peinard, parmi les orangegers en fleur. Joséphine vient d'canner, finitas l'passé ! Y s'intéresse à la culture, fait planter des oliviers, des mûreriers, des patates, des châtaigniers. Construit des routes, installe l'eau potab'.

Il prépare un apparte pou' sa régulière et son moutard, mais on dix raies qu'il a pas tell'ment envie d'les revoir. P' t'être parce qu'il aurait contrecarré une chaude-lance ; à moins qu'il n'voulusse point leur montrer sa déchance ?

La Marie-Louise s'console en f'sant une cure thermale à Aix-les-Bains. Son vieux lu a fourni un ch'valelier d'honneur : l'comte de Neipperg, beau mec bien musclé, sédusant malgré l'bandeau noir qui cache son lampion cr'vé à la guerre.

Le borgneau s'l'envoille recta d'vant les cygnes du Bourget. Ell' oublille Napo en deux coups d' gourdin in the moniche. Par la sute, il l'épousera, lu f'ra d'aut' lardons pendant qu' le pauv' p'tit roi de Rome glaviot'ra ses soufflets à Vienne !

Pleure pas, Berthy, c'est la vie : y a pas qu' les pauv' qu'ont la scoumoune !

* * *

Et la gentille Marie Walewska ? vas-tu-t-il m' demander. Ben ell' s'radine à l'île d'Elbe voir son cher amant. Trente balais, toujours aussi bioutifoule, la Polack. Elle s'amène avec son r'jeton, un esquis blondinet qui ressemb' à çui d'Marie-Louise.

A c'instant, tonton pige qu' Marie est la gonzesse la plus nob' et généreuse qu'il aye connue. Pourtant, il l'oblige à décarrer et ell' ira claboter trois ans plus tard à Paname su' Seine.

Ça fend' le guignol, hein, la Grosse ? Les histoires, faudrait jamais les raconter jusqu'au bout car elles finissent toujours en eau d'boudin !

* * *

Bon, j't' préviens : rest' plus qu' du tristounet à bonnir ; pas la peine d' s'attarder.

L' Corsico décide d'faire un comme baque et l' v'là qui débarque à Golfe-Juan, près d'chez Tétou où qu' d'nos jours tu bouffes la meilleure bouillabaisse d' la Côte.

Tu peux pas savoir, darlinge, l'enthousiasmage qu'il provoque. Tout' l' mond' l'acclamationn' et veut r'monter su' Paris à son côté.

La grosse ganache d'Louis XVIII avait confié au maréchal Ney la mission d' l'intercepter. En r'voiliant son Emp'reur, Ney y tombe dans les bras, ce qui lu vaudrera d'êt' flingué quéques mois plus tard.

Ensemb' ils marchent su' la capitale et l' Gros Loulou remballe d'urgence son râtelier et ses pantoufles !

Hélas ! c' r'tour triomphalesque n'durera qu'cent jours, montre en main. M' n'incorrigib' fonce à Waterloo ! La castagne est brûlante comm' un fer à souder. A un moment où y a du flou dans les opérations, v'là une nouvelle armée qui s'pointe.

Les nôt's croivent qu' c'est Grouchy et qu' tout est sauvé. Mon paf ! C'est Blücher ! Comm' qui dirait un Frizé ! Enculage intégral. L'Aigle est définitivement déplumé du croupion et n'a plus qu' des fourchettes à huîtres en guise d'serres.

L'22 juin 1815, m' n'onc abdique, sinon c' s'rait probab'ment moive qu' je régnererais su' la France, ma poule.

Il décide d' mett' son sort ent' les mains des Rosbifs. Ç'aura été la meilleure idée d'sa vie ! Tu les connais, les buveurs d'thé, ma chérille ? Des empaffés d' première ! Faux culs et consorts ! Ces têtes d'haineux s'hâtent de l'embarquer à bord du Northumberland, et en rout' pou' Sainte-Hélène, tout au bout d' l'Atlantique. Su' l'barlu, il fête ses quarante-six carats.

Joilieux anniversaire, tonton !

* * *

Arrivevée à Sainte-Hélène.

Tu parles d'un' estation baleinière ! A deux mille kilbus d' l'Afrique, paumée au milieu de l'océan. L'île est noire et aussi sympa qu'un' napp' d' pétrole larguée en pleine mer.