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La Britiche vient jusqu'au cadavre d'un pas glissant. Trouve le spectacle d'une réelle beauté. Ce sexe magnifique, dont les proportions la rendent nerveuse, n'a pas abdiqué et reste dilaté, tendu dans l'agonie. Des spasmes l'agitent. Tableau tragique, féroce ! La meurtrière s'agenouille, trempe le bout de ses doigts dans l'affreux liquide avant de porter la main à sa gorge et d'y tracer des arabesques pourpres. Puis, suce sa dextre shakespearienne en poussant des râles de jouissance.

Elle agit avec une lenteur indicible, de plus en plus proche de la pâmoison.

Après avoir réitéré de nombreuses fois cette répugnante manœuvre, elle prend le phallus dans sa bouche et lui accorde une fellation que les plus suaves courtisanes des XVIIe siècle et arrondissement n'ont même pas soupçonnée.

Qu'en découle-t-il ? si l'auteur libertin peut s'exprimer ainsi.

Le blessé passe de la mort « cruelle » à la mort « voluptueuse ».

Mais oui, messieurs-dames, c'est comme ça.

J'étais commotionné par l'explosion : le cerveau dévissé ; les yeux en billes de grelot ; la notion de tout submergée par la notion de rien ; les feuilles de chou débranchées ; des fourchettes à escarguinche enfoncées dans les tympans ; la manne liquoreuse tournée sauce gribiche.

Malgré cela, je me devais la vie sauve.

A moi et à personne d'autre. Sais-tu porqué ?

Parce qu'à la révélation de la bombinette implantée dans ma cuisse, je n'ai fait ni douze ni treize. Ai sorti, en douce, mon Opinel, l'ai ouvert, et me suis livré, sans défaillir, à un charcutage de ma personne. Dur, dur, mon pote, d'enquiller de l'acier dans sa viande et de s'y découper un morcif d'homme de trois centimètres de diamètre sur deux d'épaisseur. Sans me vanter, je connais pas des masses de gus capables d'une telle automutilation.

La Mémé ne se pose pas de questions. Elle me démoniaque le nougat en fauvissant du tarbouif. Une lionne en rut !

Cette décapeuse d'aubergines, mamma mia ! Elle dévore, fouissant, rugissant, glapissant, tout en se barbouillant de mon raisin.

J'ai dû m'évanouir lorsque j'ai eu pratiqué ce trou dans mon cuissot. Et ce, sans cesser de jacter pour donner le change, je te le fais remarquer !

Eh bien, ton Sana éblouissant, mon très cher frère, il emplâtre miss Siamoise avec un tel brio que la rombiasse pousse des gueulées d'orfraie. Elle déclare, à s'en fissurer les cordes vocales, les soufflets et la gargante, qu'elle n'a jamais joui d'une manière aussi forte. Mon dard (que j'appelle également « mon gros Frédéric ») est un épieu incandescent planté dans sa babasse. Sa moulasse est loin d'être du produit de tripier. C'est vachement flexible, brûlant, captateur. Préhensile, tiens, je cherchais. Kif une main ! Sûr qu'afler pareille ramonée, va falloir la mettre en hibernation, Coquinette ! Qu'elle refroidisse un brin après cette traversée de l'enfer. Elle serait en métal, elle fondrait !

L'emplâtrage cosaque la rend si bruyante que ses larbinuches se pointent, craignant un assassinat. J'ignore s'ils avaient vu tirer leur patronne auparavant, mais je peux te déclarer sous la foi du serment et le tiroir de la commode, qu'ils n'en reviennent pas. Faut dire que l'exercice de Mémé époustouflerait l'homme-tronc qui a gravi l'Everest l'an dernier !

Vient de se mettre à la califourche sur ma chopine, la darlinge. Les cuisses ouvertes à l'extrême. Elle a déchiré le haut de sa robe pour dégager ses bouées de signalisation marine. Divine surprise : comparés à ses flotteurs, ceux de Mlle Ferrari auraient l'air de deux blinis froids. Tu croives que c'est à la violence de son excitation qu'on doit d'aussi extravagantes protubérances, Hortense ?

Pardonne-moi de ne pas pousser plus avant mon descriptif salace, mais il risquerait de choquer les gens huppés qui me lisent, telle Son Altesse la princesse Pilar, sœur du roi d'Espagne, en compagnie de laquelle j'ai eu le privilège de dîner récemment.

Notre étreinte se poursuit, puis se prolonge et, peu après, se répète sans qu'en diminue la farouche intensité.

Les valets se sont assis en tailleur (de pipes) sur le parquet et regardent se développer nos figures. Cette baise dantesque, perpétrée à l'aide d'une carabine à viande d'un calibre insoupçonné d'eux, les émerveille, sidère, intimide, pétrifie. Se retiennent de broncher et de parler. Ont conscience d'assister à un haut fait de la race blanche. Grâce à nous, l'Occident retrouve sa place prépondérante. Imagine-toi la scène, Arsène : ce couple ruisselant de sang et de sueur, en folie de rut. Tragique allégorie de l'amour triomphant des affres de la mort ! Nous sommes peints en rouge comme des Indiens en fate, fous d'une exaltation indicible. Mémé jette toutes ses réserves dans la joute, fait feu de la chatte et du michier.

Je cherche à identifier ses plaintes et ses cris. Qu'exprime-t-elle ? Un mot, un seul, qui comporte quatre lettres en français et trois en anglais :

— Tout ! Tout ![22]

Et sais-tu ce que c'est, « Tout », en pareille aventure ? Non ? Approche ton oreille, sois vraiment conque pour une fois ! « Tout », ça signifie : « Fondons-nous en un seul corps, prends ma substance et donne-moi la tienne ! Qu'un seul feu nous consume ! »

Seigneur, combien cette criminelle est sublime dans son total dépassement : cet être du Mal, cette tueuse glacée est ennoblie par sa folie des sens. Ce « don vorace » de soi confine à une rédemption. Déesse de la brosse, elle rayonne.

Nous nous abîmons dans le plus profond épuisement. Un à un, les domestiques, fascinés, se retirent pour annoncer au monde qu'ils ont assisté au plus formidable coït depuis que l'homme a marché sur la terre !

C'est à peine si, dans mes tréfonds, une question vacillante se pose à moi :

« Et maintenant ? »

JE MARCHE AU SUPER

Oui : et maintenant ?

Quel va être mon sort ?

Cette aventurière impitoyable, terrassée momentanément par la tomaderie de notre baise-broc, va-t-elle être rédemptée par le plus grandiose coup de verge jamais homologué chez les globiens, ou bien sa récupération réalisée, reprendra-t-elle le cours de ses forfaits ?

Pour l'instant, elle garde les yeux clos. Son maquillage n'existe plus qu'à l'état de bouillie sanglante. Je lis ses rides sur son faciès encore gracieux.

Subconsciemment, elle lutte afin de recouvrer sa lucidité.

D'où mon angoisse.

Tu sais quoi ? L'Antonio phénoménal trouve suffisamment de ressources pour caresser le bout de ses seins avec sa dextre posée à plat.

Et magine-toi que ça la réintéresse, la vieille frivole.

— Je ne me lasse pas de vous, gazouille ton pinsonnet du dimanche.

Et de m'exhorter :

« Sana, mon mignon, tu es en cale sèche, mais si tu déniches un regain de réserves en toi pour lui faire rebelote, alors là tu deviens un surhomme ! Allons, forgeron, c'est pour ta peau que ton pilon travaille ! »

Je la reprends à la pince de crabe, le pouce dans l’œil de Cain.

Effet immédiat. Nouvelle mobilisation générale de ses sens.

Rien ne devient aussi rapidement brûlant qu'un fourneau qui n'était pas éteint !

Pour succéder, je lui propose la langue fuligineuse, puis l'embroque mammaire (ses plantureux nichebabes le permettent), le clavecin de Mozart, le retour de Zapata, le dito marée haute, la dilatation de Vulcain, le triangle isocèle, l'entrée du choléra à Pont-de-Beau-voisin (il entrait toujours à Marseille, ça devenait chiant), la tête de nœud fouineuse, les œufs en meurette du Bistro Saint-Honoré, le grenier à foin, la sodomie de muscidés, le spéculum de ma Mère l'Oie, l'arrivée des Huns à vingt et un (après avoir conquis Troyes, Foix, Sète), la mort de Pompée, la… Comment ? Tu dis que c'est trop too much ?

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22

Soit : All ! All !