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Elles sont à vingt après Isis… ce coup-ci ça y sera !… le plongeon !… d'en haut nous regardons… Kracht sait ce qu'il faut… son gros Mauser !… encore ! dans le plafond, deux coups !…. ptaf ! ptaf !… que ça se sauve !… panique de souris !… aux piaules ! c'est fini !… plus personne dans l'escalier que nous trois et Kracht… les Kretzer et Isis von Leiden… ces dames sont un peu dépeignées… elles saignent de partout, mordues partout elles ont plus de robes, en loques… mais elles s'en tirent bien, sans nous elles existeraient plus, elles se seraient fait finir, c'était presque… maintenant, c'est pas tout… il faut prendre des mesures… à Kracht, les mesures…

« Docteur, voilà ! je ne peux pas les laisser ici… tout le village viendrait les chercher…

— Oh sans doute !… sans doute, Kracht !

— Elles voulaient mettre le feu, n'est-ce pas ?…

— Certainement ! certainement !… cinq litres d'alcool à brûler ! »

Je force un peu…

« Je ne peux les envoyer nulle part… je vais les enfermer ici… enfin, à côté… aux isbas… vous êtes d'avis ?

— Parfait !… parfait ! »

Une fameuse idée !… mais j'étais pas sûr qu'elles y restent !

« Qui les gardera ?

— Les bibelforscher ! »

Il me donne les détails… ce qu'il a décidé !… une seule des isbas ! elles avaient été prévues pour les médecins finlandais… leur bateau devait être en panne… quelque part… bien douteux qu'ils arrivent jamais ! et les bibelforscher eux-mêmes, est-ce qu'ils voudraient les garder !… une difficulté… ils voulaient bien, mais pas armés ! forçats, bagnards, mais sans fusils !… pas soldats ! les Écritures !… anti-militaristes, total ! toujours dit : non !… si Adolf s'était incliné c'est pas Kracht qu'allait leur faire porter des armes ! entendu, donc !… pas qu'Isis, la Kretzer avec ! dans la grande isba, et quatre bibel à chaque porte, armés seulement de leurs pelles, et pioches… mon avis ! je le lui donne tout de suite…

« Excellent ! on ne peut mieux !… mais la petite ?… et le mari Kretzer ? »

Oh oui ! oh oui ! il va sans dire !… tous ensemble !

« Vous irez les voir tous les jours !… deux fois par jour ! »

Je suis d'accord !… lui Kracht la nuit, il veut la nuit… et toutes les heures !… nous connaissons nos bergères !… ah, aussi n'oublions pas les romanichels… à voir toutes les heures ! aussi ! chaque heure ! pas bibliques du tout ceux-là !… redoutables coquins ! bien ! bon ! voici notre programme !… de jour et de nuit… du pain sur la planche !… façon de parler… si on revoit jamais l'Harras on lui demandera aussi ce qu'il en pense !… si jamais… jamais, il reparaît… Kracht descend se reposer… nous allons essayer aussi… on a eu assez d'émotions !… non, Kracht peut pas se reposer… il va conduire Isis et l'autre… nous l'attendrons… oui mais La Vigue ? lui ne dort pas…

« Dis La Vigue tu te souviens de Baden-Baden ?… »

Il cherche…

« Non Ferdine ! non !…

— Et de Mme von Seckt ? »

Il cherche encore…

« Non…

— Et de Berlin ?… et de Pretorius ?

— Attends ! attends ! un petit peu… »

Je lui indique…

« Par là Berlin !… t'entends ? broum !… t'entends Berlin ? ils pilonnent !

— Ah c'est vrai, fils !… t'as raison ! »

Il répète comme moi : braoum !

« Ils arrêtent pas !… tu te souviens ! la Chancellerie ?

— Tu crois, vraiment ? »

C'est pas grave qu'il doute… de la Chancellerie et des bombes… ce qu'est grave c'est qu'il nous refasse son scandale… une fois ça avait passé, les gens d'ici le connaissaient… mais ailleurs ?…

« T'as qu'à faire braoum ! La Vigue, c'est tout !… Kracht va revenir !

— Tu crois ?

— Oui ! oui ! oui ! je l'entends ! »

* * *

Vous pensez bien que toute la nuit nous n'avons pas dormi lourd !… l'habitude !… l'habitude ! il s'agissait de pas être surpris… Isis, la Kretzer en isba… surveillées par les bibel… y avait de quoi ne pas être tranquilles… certainement elles allaient revenir !… elles s'échapperaient… et en colère !… alors ?… Kracht devait y aller trois fois entre minuit et six heures… à sept heures mon tour… on en avait pour un moment… quand il ferait un petit peu clair, je me lèverais… il faisait froid… par la lucarne il nous arrivait un peu de neige… je veux être sûr… un coup de « torch » !… oui !… des gros flocons… Lili et La Vigue dorment pas non plus… alors je demande… je veux le surprendre…

« Dis donc, pote ?

— Quoi ?

— Tu te souviens ?… ce qu'a dit la gitane ?

— Non !

— Que t'as tué Simmer, parbleu ! »

Je lui affirme…

« Non ! j'ai rien tué !… tu inventes Ferdine !… tu mens ! »

Comme ça brûle-pourpoint… il sursaute…

« La Vigue j'ai dit ça pour te réveiller !

— T'es un beau con, oui ! voilà !

— T'as raison fils ! serre-moi la poigne ! »

On se la serre… pas de ressentiments !… je voulais me rendre compte… il va mieux… j'ai peut-être été un peu vite… tant pis !… tant pis !… on reste à dire des bêtises jusque vers six heures… je sors de la paille…