Malgré l’énergie sereine qui domine son être vigoureux, Paul se ressentait du manque d’amis aussi courageux que lui.
Les compagnons qui le suivaient étaient sincèrement disposés au sacrifice, mais ils ne savaient pas manifester les sentiments de l’âme fidèle. Les larmes ou les lamentations n’aident jamais dans les instants de témoignage difficile. Celui qui pleure au côté de l’ami en position dangereuse perturbe sa résistance.
Jésus pleura dans le Jardin, quand il se retrouva tout seul, mais sous le poids de la croix, Il demande aux femmes généreuses qui l’accompagnaient de Le soutenir en cessant ces pleurs angoissants. À l’aube de la Résurrection, non loin de son tombeau, Il demande à Marie Madeleine de lui expliquer la raison de ses larmes.
La leçon est importante pour tout apprenti.
Si une personne aimée se trouve au sein de la tempête nécessaire, ne te livre pas au désespoir inutile. La plainte ne règle pas les problèmes. Au lieu de la peiner par des sanglots, approche-toi d’elle et tends-lui les mains.
120
Accord
« Accorde-toi promptement avec ton adversaire, pendant que tu es en chemin avec lui, de peur qu’il ne te livre au juge, que le juge ne te livre à l’officier de justice, et que tu ne sois mis en prison. » – Jésus (Matthieu, 5 : 25)
De nombreuses âmes ennoblies, après avoir reçu l’exhortation de ce passage, souffrent intérieurement de s’être heurtées avec la dureté de l’adversaire d’hier, inaccessible à toute réconciliation.
La mise en garde du Maître est toutefois fondamentalement consolatrice pour la conscience individuelle.
La parole du Seigneur affirme – « accorde-toi », ce qui revient à dire « fais ta part ».
Corrige autant que possible tes erreurs du passé, œuvre dans le but de révéler la bonne volonté persévérante. Insiste dans la bonté et dans la compréhension.
Si l’adversaire est ignorant, médite sur l’époque où tu ignorais également les obligations primordiales et observe si tu n’as pas agi de manière pire. S’il est pervers, considère-le comme malade et dément, sur le chemin de la guérison.
Fais tout le bien que tu peux pendant que tu parcours les mêmes chemins, parce que si ton ennemi est implacable au point de te livrer aux mains du juge, tu auras alors également des épreuves et des témoignages à fournir. Un jugement légitime inclut toutes les pièces et seuls les esprits imperméables au bien souffriront la rigueur de la justice extrême.
Travaille, donc, autant que tu le voudras à l’harmonisation, mais si l’adversaire dédaigne tes désirs nobles, accorde-toi avec ta propre conscience et attends avec confiance.
121
Fumier
« Il n’est bon ni pour la terre, ni pour le fumier ; on le jette dehors. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende. » – Jésus (Luc, 14 : 35)
Comme nous pouvons l’imaginer, Jésus donna une signification au fumier.
Terre et détritus, dans ce passage, se revêtent d’une valeur essentielle. Avec la première, nous réaliserons la semence. Avec les seconds, il est possible de faire de l’engrais qui sera disposé où cela est nécessaire.
Un grand nombre d’apprentis, imitant l’attitude des anciens pharisiens, fuit à la première rencontre avec les « zones stercoraires » de son prochain. Cependant, il en va ainsi parce qu’ils méconnaissent les manifestations profitables.
L’Évangile est rempli de leçons, dans ce secteur de la connaissance illuminative.
Si Joseph de Galilée ou Marie de Nazareth symbolisent des terres pleines de vertus, il n’en va pas de même avec les apôtres qui, à chaque pas, ont besoin de recourir à la source des larmes qui s’écoulent de la montagne de remords et de faiblesses, proprement humains, afin de fertiliser le terrain ennobli de leur cœur. De quelle quantité d’engrais Marie Madeleine et Paul ont-ils eu par exemple besoin, pour atteindre leur glorieuse position élevée ?
Transformons nos misères en leçons.
Identifions le fumier que l’ignorance elle-même a entassé autour de nous, transformons-le en engrais de notre « terre intérieure » et nous aurons trouvé une solution raisonnable au problème de nos grands maux.
122
Péché et Pécheur
« Bien-aimé, n’imite pas le mal, mais le bien. Celui qui fait le bien est de Dieu ; celui qui fait le mal n’a point vu Dieu. » ( III Jean, 11)
La société humaine ne devrait pas se scinder en deux, avec d’un côté les bons et de l’autre, les mauvais, mais vivre comme une grande famille où s’intègrent les esprits qui commencent à comprendre le Père et ceux qui ne sont pas encore parvenus à Le pressentir.
Il est évident que les mots « méchanceté » et « perversité » auront cours durant de longues années, dans le dictionnaire terrestre, définissant certaines attitudes mentales inférieures. Cela dit, il faut convenir que la question du mal obtiendra de nouvelles interprétations dans l’intelligence humaine.
L’évangéliste présente l’idée juste. Jean ne nous dit pas que le pervers est envoyé loin de notre Père. Il ne dit pas non plus qu’il se trouve hors de la Création. Il affirme seulement qu’ « il n’a point vu Dieu ».
Cela ne signifie pas que nous devons nous croiser les bras devant les mauvaises herbes et les zones pestilentielles du chemin, mais ça nous oblige à nous souvenir qu’un laboureur ne débarrasse pas le sol des ronciers et des détritus afin de le transformer en précipice.
De nombreuses personnes croient que « l’homme tombé » est quelqu’un qui doit être anéanti. Cependant, Jésus n’a pas exprimé cette directive. S’adressant avec amour au pécheur, il savait avant tout que se tenait en face de Lui un malheureux infirme auquel il serait impossible de retirer les caractéristiques d’éternité.
Il faut lutter contre le crime, mais il faut également soutenir l’être qui s’est empêtré dans les mailles d’un filet ténébreux.
Le Maître indiqua le combat constant contre le mal, mais il attend la fraternité légitime parmi les hommes comme une marque sublime du Royaume Céleste.
123
Situation Courante
« Aussitôt le père de l’enfant s’écria : Je crois ! viens au secours de mon incrédulité ! » (Marc, 9 : 24)
En approchant Jésus avec son enfant malade dans les bras, cet homme issu de la foule constitue une exception représentative de la pensée commune au sein de la communauté terrestre.
Les cercles religieux commentent excessivement la foi en Dieu, mais au moment de la tempête, rares sont les dévots qui demeurent confiants.
Les gens se révèlent très attentifs aux cérémonies du culte extérieur, ils participent aux édifications relatives à la croyance, mais devant les difficultés du scandale, c’est pratiquement tout le monde qui glisse dans le précipice des accusations réciproques.
Si un missionnaire échoue, on observe sa débandade. La communauté des croyants tourne son regard vers les hommes faillibles, aveugles quant aux finalités ou indifférents aux instructions. Dans un tel mouvement de manque d’assurance spirituelle, sans paradoxe, les créatures humaines passent de la croyance à l’incroyance, faisant preuve aujourd’hui de confiance, remplacée demain par le manque de courage.
Nous faisons encore face au régime de l’incertitude d’esprits infantiles qui commencent à peine à concevoir des notions de responsabilité.
Heureux, donc, ceux qui s’approchent du Christ, à la manière du père dans le besoin, confessant la précarité de sa position intérieure. Ainsi, en affirmant leur croyance par la bouche, ils demanderont une aide pour leur manque de foi, attestant de leur propre misère par des larmes.