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Rien ne Manque
« Si je les renvoie à jeun chez eux, ils vont défaillir en route, et il y en a parmi eux qui sont venus de loin. » - Jésus (Marc, 8 : 3)
L’inquiétude de Jésus pour la foule demeure inchangée à travers le temps.
Combien d’écoles religieuses sont en activité au sein des nations, sous l’impulsion de l’amour providentiel du Maître Divin ?
Il peut y avoir des hommes pervers et désespérés qui persévèrent dans la malice et dans la négation, mais il ne se voit pas une seule collectivité sans le secours de la foi. Les sauvages eux-mêmes reçoivent de l’assistance sans fin du Seigneur, en accord, naturellement, avec la rusticité des leurs interprétations primitives. La nourriture du Ciel ne fait pas défaut pour les êtres humains. Si certains esprits déclarent ne pas croire à la Paternité de Dieu, c’est qu’ils se trouvent incapables ou malades en raison des ruines intérieures auxquelles ils s’abandonnèrent.
Jésus manifeste une préoccupation continuelle, celle de nourrir l’esprit de ses protégés de mille manières différentes, depuis le village des indigènes jusqu’aux cathédrales des grandes métropoles.
Dans ces centres de secours sublime, l’homme apprend au cours d’un effort graduel, à s’alimenter spirituellement jusqu’à amener l’église dans son propre foyer, pour ensuite la faire passer du sanctuaire familial au réceptacle de son propre cœur.
Peu de personnes méditent sur l’infinie miséricorde qui, dans le monde, fait office de table édifiante des idées religieuses.
Le Maître s’intéresse au bien de tous les hommes. Plein d’abnégation et d’amour, il sait alimenter l’ignorant et le sage, le questionneur et le croyant, le révolté et le malheureux, au moyen de ressources spécifiques à chacun. Plus que quiconque, Jésus comprend qu’autrement, les êtres tomberont, épuisés, dans les gouffres immenses qui bordent le sentier évolutif.
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Séparation
« Cependant je vous dis la vérité : il vous est avantageux que je m’en aille. » – Jésus (Jean, 16 : 7)
Cette déclaration du Maître résonne dans les fibres les plus intimes de notre être.
Personne ne savait aimer autant que Lui, mais Il était le premier à reconnaître la nécessité du départ pour le bien des compagnons.
Que se serait-il produit si Jésus avait voulu rester ?
Les foules terrestres auraient probablement accentué leurs tendances égoïstes, les consolidant.
Parce que le Divin Ami était allé chercher Lazare dans le sépulcre, plus personne ne se serait résigné à la séparation de la mort. Pour avoir soigné quelques lépreux, personne n’aurait par la suite accepté la coopération profitable des maladies physiques. Le résultat logique serait la perturbation générale du mécanisme évolutif.
Le Maître avait besoin de s’absenter afin que l’effort de chacun se fasse visible dans le plan divin de l’œuvre mondiale. Autrement, c’eut été perturber l’indolence des uns et l’égoïsme des autres.
Sous différents aspects, la grande heure de la famille évangélique se répète quotidiennement au sein de nos regroupements issus de l’affinité.
Combien de fois surgiront le veuvage, l’orphelinat, la souffrance de la distance, la perplexité et la douleur en réponse à un but élevé pour le bien commun ?
Rappelez-vous à présent du passage de l’Évangile lorsque la séparation vous fera pleurer, parce que si la mort du corps est une rénovation pour celui qui part, c’est également une vie nouvelle pour ceux qui restent.
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L’épine
« Et pour que je ne sois pas enflé d’orgueil, à cause de l’excellence de ces révélations, il m’a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan. » – Paul (II Corinthiens, 12 : 7)
Qu’un homme se glorifie lui-même représente une attitude hautement périlleuse, montrant qu’il ignore se trouver dans un plan de service ardu, au sein duquel il lui revient de faire preuve quotidiennement de témoignages difficiles. Il s’agit non seulement d’une posture mentale menaçante, mais également erronée, car à un moment donné, l’épine du cœur se fera ressentir.
Le disciple prudent alimente la confiance sans vantardise, se révélant courageux sans être indiscret. Il reconnaît l’étendue de ses dettes envers le Maître et ne trouve aucune gloire en lui-même, car il sait que toute gloire appartient au Seigneur.
Nombreux sont les hommes du monde qui, négligents et préoccupés, se mettent à vivre l’amertume de la solitude après avoir été encensés par la foule. Un grand nombre d’entre eux se complaît à l’apogée du renom, comme s’ils s’étaient transformés en idoles éternelles, pour pleurer plus tard, seuls, avec leur épine ignorée, enfoncée dans les profondeurs de l’être.
Pourquoi assumer une position de maître infaillible quand nous ne sommes que de simples apprentis ?
Ne serait-il pas plus juste de servir le Seigneur, dans la jeunesse ou dans la vieillesse, dans l’abondance ou dans la pénurie, dans l’administration ou dans la subordination, avec l’esprit de réflexion, observant nos points vulnérables dans l’insuffisance et l’imperfection de ce que nous avons été jusqu’à maintenant ?
Souvenons-nous que Paul de Tarse a été personnellement avec Jésus. Il a été indiqué pour le travail divin à Antioche par les propres voix du Ciel. Il a lutté, a travaillé et a souffert pour l’Évangile du Royaume et, alors qu’il écrivait aux Corinthiens, déjà vieux et fatigué, il se référa encore à l’épine qui lui avait été donnée afin qu’il ne se laissât pas enorgueillir durant le sublime travail des révélations.
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Loi du Retour
« Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement. » – Jésus (Jean, 5 : 29)
En de rares passages de l’Évangile, la loi de la réincarnation se trouve aussi clairement énoncée qu’ici où l’enseignement du Maître se réfère à la résurrection pour le jugement.
Convaincus de l’existence d’un enfer ardent et sans fin, de quelle manière les théologiens comprendraient-ils ces paroles ?
Les êtres dévoués au bien trouveront la source de la vie en se baignant dans les eaux de la mort corporelle. Leurs réalisations de l’avenir se poursuivent dans l’ascension juste, en correspondance directe avec l’effort persévérant qu’ils développèrent sur le chemin de la spiritualité sanctifiante. Mais ceux qui se complaisent dans le mal annulent leurs propres possibilités de résurrection dans la lumière.
Il leur faut recommencer le cours expiatoire.
C’est le retour face à la leçon ou au remède.
Ils n’ont pas d’autre alternative.
La loi de retour est donc amplement contenue dans cette synthèse de Jésus.
La résurrection est un retour. Et le sens de rénovation ne s’accorde pas avec la théorie des peines éternelles.
Il n’y a pas de ressource salvatrice dans les sentences sommaires et définitives. Mais à travers la référence du Maître, nous voyons que la Providence Divine est bien plus riche et magnanime qu’il n’y paraît.
Il y aura la résurrection pour tous, à la différence prêt que les bons l’auront dans une vie nouvelle et les mauvais lors d’un nouveau jugement résultant de leur création blâmable.